

MARGOTH 5
PDF5
Exilion
The Baptized
Atypeek Music
14 avril 2025 à 15:04:47
Dématérialisé
2025
8 titres pour 41'24''
Une petite vidéo:
The Baptized est un trio lillois possédant un premier Ep datant de 2022. Particularité: ce sont des cousins et ils évoluent dans une sphère peu usuelle qui est le heavy psyché rock post stoner punk. Et instrumental. Je te laisse digérer l'information dans sa globalité.
Le trio nous invite sur Exilion qu'il veut être une terre désolée dans un décor post-apocalyptique, où sont envoyés en exil tous les pires malfrats et damnés (je reprends le texte de Clément du Bosc, des propos du groupe).
Le premier titre est une introduction qui met en place, en une minute, quelques mécaniques qui vont servir sur le reste de l'album. Cette minute met en avant le côté fuzz de la musique et une base de folie, avec un appel à la puissance (dans la lignée du genre que le trio explore). On sent que la guitare va avoir son importance.
Mais dès 'Furvent', on rentre dans le gras du sujet (c'est le cas de le dire, avec ce son de basse) et le trio commence à dévoiler la partie rythmique, qui va être très riche, avec un jeu de batterie très varié, se posant sur les lignes de basses avec un côté hypnotisant. Ca va amener cette idée de voyage, s'appuyant sur la sonorité de la basse. Mais l'élément au coeur du trio est la guitare, où le fuzz domine, avec un jeu très varié et amenant la mise en atmosphère singulière qui s'exhale de l'album. Et là, la partie facile est terminée. Parce que leur musique, mine de rien, et malgré le côté trio instrumentale, recèle énormément de détails et de subtilités, par la section rythmique et la guitare.
L'appellation à rallonge du début n'est pas une arnaque. Il y a vraiment un télescopage des styles, amener avec habileté, en jouant avec les codes tout en gardant le besoin de l'immersion et d'offrir ce voyage hors du temps, d'amener un moment pour échapper à la réalité.
La section rythmique offre de la variation, beaucoup, avec un spectre de jeu ouvert vers différentes sphères, apportant des structures très différentes, liées par une cohérence et se rejoignant via un large panel de transitions, pouvant s'appuyer sur la guitare ou pas. Le groupe dessine vraiment un schéma rythmique parfois particulier, collant à l'univers dans lequel il nous embarque, cheveux au vent (pour toute personne ayant une chevelure adéquate).
Les titres von ainsi cultiver des aspects assez différents mais avec des codes spécifiques qui font le lien entre les titres, toujours avec cette basse qui amène un groove parfois massif et qui nous surprend au détour d'un passage. Même moi qui suis une brêle pour danser (je n'aime pas danser), il faut reconnaitre cette facilité à donner envie de se bouger et à minima de taper du pied sur certains passages où la rythmique peut prendre son envol et accélérer le rythme.
La rythmique propose parfois une vision qui peut être en décalage avec ce à quoi l'on s'attend. C'est un parti pris qui est efficace car apportant une étrange cohérence en décalage et ajoutant à cette approche immersive dans ce voyage où le trio nous emmène dans des terres isolées plutôt chaudes. Car la basse apporte avec la batterie des éléments venant du stoner, et donc, un côté chaleureux. Il y a même ici et là des résurgences qui peuvent sonner desert rock. Au moins ça nous situe.
La section rythmique offre un jeu intéressant sur les tempos, variables, qui amène le tissage d'une trame particulière qui vient renforcer cette notion de voyage mais aussi de nous extraire de notre quotidien, avec une approche parfois plus céleste.
Cette approche rythmique avec ce melting-pot heureux des genres n'est qu'un des deux piliers de leur musique.
Car il y a la guitare, chargée de fuzz, avec un jeu très varié et des structures de riffs allant très loin. La guitare existe en elle-même, pouvant s'absoudre de la rythmique mais y est aussi inextricablement liée, jouant son atout dans l'immersion qui s'extrait de l'album. C'est un heureux paradoxe qui enrichit la musique de The Baptized.
Et la guitare offre énormément de surprises, de détours, avec une complexité intéressante, jouant avec les tempos ou pouvant avoir sa propre essence. Il y a quelque chose de très singulier avec la guitare, qui impose une approche unique, ouvrant une sorte de dialogue avec la section rythmique, qui palie à l'absence de paroles. C'est un tour de force, avec certains passages vraiment envoûtants et d'autres, plus frontaux.
La guitare va amener aussi bien des moments plus chaleureux que d'autres plus instables ou ayant une essence plus hostile. On retrouve cette approche céleste parfois, faisant écho à la rythmique.
Car les deux éléments se retrouvent souvent au sein d'un tourbillon musical où les rôles peuvent être flous, posant une idée de perte de repères en cohérence avec le voyage que le trio nous propose.
Mais le jeu de la guitare va très loin, notamment celui des sonorités, pouvant évoquer parfois des synthés et nous emmener plus loin encore, ajoutant des éléments post punk voire même synthwave. Ce qui glisse avec subtilité une notion de poésie, mettant en valeur le côté brut et désolé d'Exilion, que la musique nous brosse à travers ses titres, qui nous offre une porte ouverte sur un imaginaire où la guitare va se muer plus en une entité qui sera notre guide, survolant les sols sur la rythmique comme monture.
La guitare recèle une puissance évocatrice surprenante, jouant avec un côté émotionnelle qui renvoie vraiment à une notion de poésie, que la rythmique vient parfois renforcer. C'est là que l'immersion s'avère la plus prenante, nous sortant complètement de notre sphère. Et qui laisse deux possibilités d'écoutes: soit sur une chaine, assez fort pour être enveloppé par la musique, soit avec un casque (ou seul dans sa voiture) pour créer une bulle hors du temps.
Le son est excellent et très riche. La part basse batterie apporte ce côté chaleureux, parfois puissant, jouant avec une structuration du son, mettant en avant un côté chaleureux. C'est à la fois apaisant (vraiment, cette basse est terrible) tout en offrant cette énergie nécessaire à la mécanique. La batterie joue sur cette tonalité chaude, avec certains éléments comme la caisse claire, plus ouaté on va dire, jouant sur la frontière entre stoner rock et desert rock. C'est groovy, dansant et c'est réussi. L'association avec la guitare est unique car celle-ci offre un véritable spectre de sonorités et de tessitures, dessinant des schémas sonores complexes qui viennent se superposer à la rythmique. Oui, il y a énormément d'effets et c'est volontaire. Sans eux, tout serait différent et nettement moins accrocheur. Je n'ai pas idée de la taille du pedals board mais il doit être conséquent, au vu des sonorités pouvant être aussi bien célestes que tournées vers ces aspects synthwave ou post punk que j'évoquais. L'ensemble nous plonge vraiment dans un voyage où je replonge avec plaisir.
The Baptized livre un premier album très immersif, où il y a une forme de poésie et cette volonté d'offrir un moment d'évasion hors du temps. Excellent car réfléchi. Ca demande de s'y plonger, pour ses multiples détails, se révélant progressivement. C'est un disque qui viendra forcément rejoindre ma collection.