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Ex nihilo

Usquam

Source atone records

1 mai 2025 à 14:15:18

CD

2025

9 titres pour 42'08''

Une petite vidéo:

Usquam est un quatuor de black mélodique parisien formé en 2018 et mené au chant par une dame. Un premier Ep en 2021 (chroniqué par Vincent à ce lien : https://margothpdf.wixsite.com/margothpdf/coin-des-chroniques-1/reborn ) et dont cet album vient faire la suite.

Dès le premier titre, outre l'obédience black mélodique qui apparait, il y a une empreinte d'une atmosphère particulière qui suinte et qui va envelopper l'album de sa présence. Le black que développe le groupe est particulier, trainant aussi des oripeaux qu'un dark metal viendrait sublimer. Et ça, c'est la partie simple de la chronique. Parce que Usquam propose quelque chose de relativement complexe pour le coup.

Le black metal est indéniablement la base de la musique et l'âme de Usquam. Il y adjoint une part mélodique de différentes manières (m'évoquant un peu l'approche de Houle, dans un autre domaine), apportant de la texture en même temps que du contraste. Car les phases purement black metal dévoile un aspect assez brutal, où la rythmique impose une tempo élevé soutenu, imposant une vision abrupte. Mais qui sait aussi glisser de la modularité au sein de celle-ci, amenant parfois des relents dark que j'ai évoqué et permettant au groupe de structurer l'album et les titres.
Il y a une construction qui suit un schéma particulier, celui-ci étant protéiforme, où la virulence du black va rencontrer des assises mélodiques posant des atmosphères qui viennent renforcer celle qui domine sur l'album. Cela passe passe des phases très diversifiées et pouvant apporter une dimension quelque part entre musique classique et vision cinématographique. Il est difficile néanmoins d'expliquer vraiment comment le groupe amène sa vision du black, jouant sur beaucoup d'aspects qui apportent beaucoup de profondeur et de densité, au-delà de la musique elle-même.

Les atmosphères qui se déploient sur l'album offre quelque chose qui est parfois assez exotique, repoussant à la fois l'approche liée au black que la manière de créer les parties mélodiques, qui peuvent apparaître, ici et là, comme des éclats de lumières au sein de la noirceur de phases black terriblement sombres. Et c'est là que ça devient un peu plus retors et complexe, le groupe choisissant parfois de brouiller les pistes, dessinant une approche plus singulière du black, en repoussant à la fois les limites du genre mais aussi en nous faisant remettre en cause les conventions du style et de la perception que l'on en a.
Usquam pose les bases d'un black qui regarde vers des sphères différentes et en imprègne sa musique, imposant une vision réfléchie de son art et de sa perception mais aussi de la notre, remettant en question notre acceptation du genre.
Le groupe nous pousse ainsi vers des sentiers non défrichés, ouvrant des possibilités qu'il va explorer, tout en restant dans les limites du style, sans trahir l'essence même de son ADN, à travers des structures parfois assez complexes qui jouent sur des opposés, un peu comme le clair / obscur (pour te situer l'idée, à la manière du ténébrisme - mais en version énervée). Des passages nous emmènent vers des sommets oniriques où le black et ces différents aspects mélodiques trouvent un point de fusion et libère des moments d'intensité aussi bien musicaux qu'émotionnel. D'autant que de nombreux passages purement black dévoilent un aspect épique extrêmement puissant, qui nous emportent vers les sommets mentionnés.

Cela engendre des titres où les structures vont ouvrir des ponts vers d'autres sphères, nous emmenant vers d'autres paysages où le chant de Jessy vient apporter une dimension entre onirisme et violence frontale, s'ouvrant sur des spectres musicaux inattendus et terriblement efficaces.
Les titres sont très variés, grâce à ces divers éléments évoqués mais aussi parce qu'ils ont des durées variables, permettant d'explorer des voies en toute sérénité, sans non plus trop en faire et évite de diluer l''efficacité dans une certaine redondance ou un ennui quelconque. On retrouve la virulence et la noirceur du black qui s'entoure de voiles plus délicats pouvant amener des passages très aériens, jouant sur un aspect céleste et qui trace un cheminement au sein de l'album, nous faisant glisser d'une noirceur marquée à quelque chose qui apporte de l'espoir, la part mélodique servant de vecteurs. Et cela ouvre des passages au sein de l'album qui font preuve d'une grande diversité tout en ayant, de bout en bout, cette sacro sainte cohérence qui m'est cher.

C'est là qu'il est nécessaire d'évoquer plus sérieusement le côté émotionnel de Usquam, du moins de l'album. Celui-ci renferme un spectre complet d'émotions, jouant aussi bien sur une approche sombre et assez négative que sur une plus positive, mettant en lumière des éléments à contrepoint de l'ensemble, suivant le cheminement de l'album (et que l'on retrouve au sein des mélodies et même de l'évolution des structures purement black).
La part émotionnel est un des vecteurs de Usquam, amener de manière insidieuse et subtile, car on n'y prête pas vraiment attention, allant crescendo dans son emprise sur nous, de manière diffuse mais avec une efficacité redoutable, pour nous piéger quand on comprend que le spectre émotionnel est une des clés qui lient les aspects black et mélodiques et explique du coup cette d'un dark metal qui s'immisce parfois. C'est quelque chose de fort et de complexe, que le quatuor maitrise vraiment. Et qui nous place devant une entité nous offrant un monument en même temps qu'une mise en abîme.

Le chant de Jessy va aussi bien d'un chant black très vindicatif qu'à un chant clair sublime, jouant sur les deux aspects de la musique, à travers son chant. Elle ouvre la voie à un voyage où sa voix nous sert de guide. Un parti pris qui est immersif, d'autant que le chant clair laisse comprendre des éléments clés à la compréhension de l'album et du cheminement, à travers des passages où le chant est en français, le chant oscillant entre l'anglais et le français, apportant à travers ce choix une texture singulière efficace. Le chant ayant aussi parfois un lien très fort avec la musique elle-même.
Le son est excellent. Puissant et massif, il regorge de détails et de subtilités liés à l'approche de la vision du groupe, mettant en avant des éléments aussi bien symphoniques, cinématographiques que purement black metal. Il s'enveloppe dans une texture mettant parfois en exergue des éléments plus exotiques, qui participent à l'immersion. Les instruments de basses ne sont pas en reste, avec un travail sur les sonorités selon les aspects nécessaire à la musique. On entend la basse, qui joue sur les deux aspects, associée à une batterie où les toms sont très nets, apportant une profondeur au son et dont les arrangements et les autres éléments enrichissent celle-ci. C'est aussi une intensité mise en avant, sous les prismes évoqués, offrant une stratification du son, en lien avec la vision du groupe sur sa musique.

Usquam livre un album épique, où le sublime se dispute à une forme de brutalité. L'album regorge de détails qui nous emmène vers un final où la noirceur laisse place à quelque chose de plus lumineux. C'est du black mélodique qui tend clairement vers autre autre, avec finesse et beauté. Une véritable réussite à découvrir et un disque à avoir. Respect à eux!

© Margoth PDF

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