Formé dans la Nièvre en 1987, Les tambours du Bronx sont un ensemble de percussions industrielles qui, en 2018 a muté en version metal en 2018. Bon, alors, de base, j'ai déjà entendu des titres du groupe, quelques collaborations (notamment avec Tagada Jones pour 'le dernier baril') mais je n'ai jamais accroché plus que ça ou été tenté d'explorer leur univers.

Donc cet album est un peu mon saut de l'ange personnel, dans l'univers du groupe. Il y a pire, clairement. On ne va pas se plaindre.
L'album s'ouvre avec 'Le début de la fin' où Reuno pose sa voix. Ca résonne très Lofofora, avec en plus des percussions, qui apportent... plus de percussions. Ca m'échappe un peu car le côté industriel du groupe n'est pas l'idée que je me fais de ce style. Comprenons bien: j'aime la face sombre de l'indus, notamment celle qui va côtoyer des styles plus extrêmes (black indus, death indus et même des choses qui vont aller vers du cyber ou des exotismes comme la noise indus ou le goregrind qui s'en imprègne). Donc ici, je trouve ça plutôt doux. Mais sur ce titre, c'est intéressant, apportant peut être un angle de rythmique différent. L'industriel est aussi poussé sur des sonorités et des sons plus typiques du genre. Alors je laisse l'album continuer et 'Ghosts' amène une approche différente: le metal du titre est plus sombre, avec une identité plus lourde, couplée là encore, évidemment, aux percussions. La mélodie qui apparait avec le chant vient ponctuer quelque chose qui aurait peut-être gagner à être plus sombre, voire plus dur. Et comme je ne connais pas vraiment le groupe, je me dis qu'il faut voir le reste. Et avec le troisième titre, plus concis que les deux précédents, avec une amorce plus thrash sans pour autant y aller franchement. Il y a toujours cette aura indus, que je trouve quand même peu marquée. Est-ce l'identité du groupe? Je me pose tant de questions (dont certaines n'ont rien à voir avec l'album ou le groupe, je vous rassure). Et du coup, je laisse l'album défiler.

Je n'ai pas réussi à l'écouter d'une traite les deux ou trois premières fois. Car à un moment, je décroche car au-delà du metal et des percussions industrielles, il y a peu de cohérences, avec des titres où les chants varient fortement (dont certains me sont plus familiers ou dans mon ressenti musical alors que d'autres me laissent plus dubitatifs), de par la nature des chants mais aussi la forme que le metal peut prendre. Car metal, c'est vague et ici, la vague va s'éclater sur différents rivages, dont certains m'indiffèrent ou m'ennuient. C'est intéressant les différents chants qui viennent sur les titres, les approches qui sont diverses mais je suis un acharné de la sacro-sainte cohérence. Et ici, elle n'est pas vraiment présente. Plus un patchwork de titres proches par le style mais dont l'esprit peu varier différemment, qui plus est quand la partie industrielle suit cette voie.
Car oui, l'indus est présent. Mais d'un titre à l'autre, ça varie fortement allant du très marqué à des choses diffuses. On peut mettre toute la lourdeur du monde mais si celle-ci se dilue dans un océan, c'est moins pertinent pour moi. Et la lourdeur en pâtis pas mal, avec parfois une perte de visibilité. Et du coup, je ne comprend pas trop si l'album a une progression ou une trame ou si c'est juste un enchainement de titres entretenant quelques liens ténus entre eux. Je suis dubitatif. Car j'aimerais quelques chose où les percussions industrielles rencontreraient franchement quelque chose de plus extrême. Car clairement, les percussions apportent sur certains titres une dimension intéressante, dont la nature, à la fois hybride et indéterminée, permettrait d'exploiter quelque chose de plus sombre et malsain. Mais ici, ce n'est pas le cas. Ca ne m'emmène pas dans leur univers (en est-il vraiment un?) et sur certains titres, j'ai plus l'impression d'une invitation du groupe chez un autre groupe.

Ce qui n'empêche quand même pas le groupe d'offrir des atmosphères variées au sein des titres, offrant de nombreuses circonvolutions, dont certaines sont très accrocheuses et qui amènent ce que revendique le groupe: de la complexité. Car là, c'est clairement le cas. Le groupe offre des moments vraiment complexes, que ce soit par les mélanges de styles mais surtout par l'approche purement liée aux rythmiques et aux percussions. C'est là qu'il y a vraiment quelque chose d'intéressant et c'est un peu dommage que ça se perde dans la dilution avec le reste (qui plus est quand certains titres sont vraiment accrocheurs). Mais il n'en reste pas moins que lorsque cette approche des atmosphères et la complexité sont réunies, avec des titres plus marqués au niveau de l'identité, on a une puissance qui s'exprime (et qui se trouve bridée je trouve). Il manque vraiment ce petit plus de folie, qui semble pourtant pas si loin (putain, sur 'double devils', on fliste avec du génie, à travers un instrumental complexe et assez démentiel). Ca me frustre un peu.

Les chants sont partagés entre divers chanteurs, que ce soit Reuno, Stéphane Buriez ou Renatao di Folco. Chacun avec un style différent, un timbre reconnaissable (enfin, en ce qui me concerne, c'est Reuno et Stéphane). Rien à dire sur ce point, ils sont tous au taquet dans leur approche.
Le son est excellent. Forcément, le paquet est mis sur les rythmiques et les percussions, les mettant en avant. Mais les autres instruments ne sont pas relégués pour autant en arrière plan et vont s'intégrer dans l'ensemble, notamment lorsque des atmosphères se dessinent ou dans les parties plus dures. Les arrangements se cantonnent avec cette base et les claviers, amenant vraiment cette volonté d'imprégner d'indus (bien que diffus pour moi et n'ayant pas le recul du précédent, je ne sais pas d'où part le groupe).

Les fans du groupes devraient trouver leur compte, ainsi que ceux qui découvre l'indus par le biais du groupe (ce qui peut faire un tremplin vers des choses plus obscures et malsaines) et être une porte sur d'autres univers. En ce qui me concerne, l'album ne m'accroche pas plus que ça, le groupe ne m'accrochant pas de base. Ce qui ne m'empêche de respecter ce qu'ils font car dans le genre, ils maitrisent quand même leur sujet.