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Event horizon

Howard

Delta Fuzz electronics

10 novembre 2022 à 16:28:28

Cd digipack

2022

8 titres. Durée: 38'50''

Une petite vidéo:

Howard est un trio parisiens qui a produit en 2018 un Ep ('Homard I') suivi de concerts et d'un premier album en 2020 ('Obstacle'). Et le groupe évolue dans un monde un peu à part, une sorte de rock psychédélique électronique. Oui, c'est bizarre à lire et c'est étrange à l'écoute.
Une définition avant de commencer: En astrophysique, l'horizon d'un trou noir, ou l'horizon des évènements (event horizon en anglais), représente la frontière d'un trou noir à partir de laquelle la vitesse de libération atteint celle de la lumière.
Ma première écoute a été assez perplexe. L'approche est assez singulière, tout comme la trame temporelle où évolue le trio (ils sont bloqués dans les années 70 mais dans un univers parallèle où l'on serait dans les années 70 mais avec la technologie de maintenant). C'est chargé d'orgue Hammond et de fuzz mais il y a aussi d'autres choses plus étranges, comme si cet horizon des évènements allait m'absorber mais qu'il lui fallait mon consentement.
C'est un voyage temporel qui est gravé sur ce disque, avec une vision propre au groupe (et à ses goûts / influences). Mais c'est pourtant des gars retors car je me suis fait attrapé par leur approche musicale, entre rock psychédélique (des évocations de Deep Purple dans les années 70), stoner et une dimension plus floue, auquel le titre de l'album colle bien. On navigue dans différentes évocations musicales et de groupes, nous ramenant parfois vers quelque chose d'un peu plus contemporain mais imprégné de cet esprit qui habite le trio et la musique.
On se retrouve ainsi avec une part électronique marquée, puisant à la fois dans la musique des années 70 que dans des sonorités lorgnant vers les jeux vidéos (années 70/80) qui rencontrent des groupes que l'on peut apprécier ou non (dans mon cas, les relents The doors me passent largement au-dessus). Mais il ne faut pas croire que leur musique se construit uniquement sur des évocations. Concrètement, ce sont des repères que le trio nous offre, pour nous donner des éléments de compréhension de sa musique et de son approche singulière. Et c'est là que l'on prend alors la mesure du talent des petits gars (je dis petits mais je ne sais pas leurs tailles): cette approche singulière, au travers d'une musique très riche, puisant dans les souvenirs collectifs et la liberté. C'est là un mot clé: le groupe a pris en main sa liberté créatrice et a fait ce qu'il voulait faire, avec amour et sincérité. Et c'est là que ça se passe: c'est l'endroit clé où leur musique te prend au piège, avec des parties entrainantes, des titres plus posés, offrant quelques emballements typés ou même un qui sonne comme une balade ('The way', un titre vraiment puissant émotionnellement), un poil sous substance, du contexte psychédélique. Et de donner des titres très variés mais dont la qualité ne souffre clairement pas. Quelque soit vers quoi le groupe nous mène en repère, il y a toujours ce soin apporté aux structures et à la constructions des titres, apportant cette identité, à la fois sonore et artistique. Et parfois, ça vire dans une certaine touche de folie, partant dans un délire pété, qui, pris à part est très bizarre mais dans le contexte, complètement normal, comme une excroissance de folie qui est nécessaire à la musique. Car mine de rien, leur musique, même si étrange, psychédélique reste très structuré et œuvre pour cela avec des éléments venant des années 70 mais d'autres styles (jazz, blues, une approche teintée parfois musique sacrée genre gospel mais uniquement dans l'angle de la musique...). Et c'est ainsi que le groupe nous mène vers différents états, glissant aussi des sonorités plus spatiales dans la musique, vers une progression logique, implacable et pourtant non décelable, vers le titre éponyme de l'album où l'on sait que l'on n'en sortira pas (et là, la définition du début fait sens). Et du coup, on reboucle au début!
Le chant est tout ce qu'il y a de plus classique cette fois mais collant toujours avec cette approche singulière, offrant une variété dans le chant, passant de quelque chose d'énergique à du chaleureux ou du plus intimiste.
Le son est la pierre angulaire de l'album. Il est à la fois chaleureux, avec ce côté très années 70, appuyant les fuzz, avec une identité forte. L'aspect musique électronique ne prend jamais le pas sur le reste. L'orgue trouve un équilibre avec la basse, que l'on a le plaisir d'entendre avec un son à la fois caractéristique et très typé années 70. Le son en lui-même est une entité qui lie la musique.
Howard m'a offert une étrangeté qui s'avère être un piège d'efficacité car vraiment bien foutu, partant où il veut et surtout, il y a un côté sincère et cette approche singulière et chaleureuse. Un album très sympathique à découvrir.

© Margoth PDF

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