

MARGOTH 5
PDF5
Eradication
Eaten by sharks
Autoproduction
18 octobre 2022 à 14:43:13
Dématérialisé
2022
7 titres. Durée: 27'26''
Une petite vidéo:
Eaten by sharks est un groupe canadien de 5 gaillards existant depuis 2012, avec un Ep en 2013 à leur actif et maintenant un premier album. Le groupe officie dans un death technique à la limite du brutal death et du deathcore. Et si tu crois que c'est déjà un peu étrange, attends de voir le reste.
Le groupe dès les premières notes de 'Shallow water' un death clairement technique mais avec un gros groove en plus et oscille rapidement sur la limite death / deathcore plus sur du mid-tempo mais offrant néanmoins des breaks à se péter les cervicales. Le groupe fait un choix assez couillu, jouant sur le côté groove, en même temps qu'il va distiller des passages avec de la mélodies, amenant un puissant contraste avec le reste. Qui plus est quand il balance des fulgurances aussi soudaines que jouissives. Les titres offrent clairement différentes facettes sur cette base, jouant la carte de la variété et des surprises, au grand dam de nos cervicales. Car les bougres sont très entrainants!
Le groupe n'hésite pas à opposer des approches radicalement différentes, ce qui à pour conséquence de faire péter le manomètre de la brutalité. Car même si c'est souvent mid-tempo, c'est quand même avec un côté brutal et sauvage que le groupe balance la sauce. Et pour ce faire, il redouble d'idées sur les parties batteries, offrant divers aspects, notamment les fulgurances susmentionnées plus haut. Mais les gars ne s'arrêtent pas là et vont même jusqu'à intégrer des riffs venant d'ailleurs (le black par exemple sur 'Kill and consume' ou des riffs plus thrash ici et là) ou amener des breaks qui sont sur d'autres gammes, le tout avec une transition très fluide (bien que concise). Et putain, quand le groupe enchaine ça, ça dépote sévèrement, mais toujours avec ce groove assez improbable mais que l'on se dit que sans lui, ce serait moins bien.
Le groupe joue avec les codes des deux styles, qu'il mêle, oppose, fusionne, déstructure, le tout dans la joie et la bonne humeur. C'est fait naturellement, sans le moindre accro, avec ces guitares massives omniprésentes, accompagnées de la basse, qui apporte ce groove. Certains riffs nous emmène carrément à l'évocation de groupe mais sans le sentiment de copie ou de plagiat. Et ça aussi c'est assez jouissif d'avoir une évocation d'autres groupes mais en gardant cette identité singulière, inhérente au groupe. Ca bastonne intelligemment, efficacement, avec des subtilités et c'est dense. Mais le plus étonnant reste quand même la fixette du groupe sur les requins, qui sont au cœur du groupe et de l'album, vu par différents prismes. Ca engendre un humour sous-jacent inattendu mais qui fait partit de l'ADN du groupe.
Le chant est très puissant, jouant sur les deux styles musicaux. Cela ouvre un chant très varié mais qui reste dans cette lignée brutale et qui, parfois, se prend au jeu de suivre le groove qui s'exhale de partout. Le chanteur ne reste pas sur une seule ligne et offre un spectre assez large (mais cohérent), par rapport au style du groupe.
Le son est énorme. Le côté groove permet de faire péter la basse, qui joue souvent le jeu de la dualité / complémentarité avec la batterie, engendrant des passages rythmiques dantesques. Les guitares sont clairement identifiables, certains riffs jouant sur une autre tonalité, ouvrant de la profondeur à la musique, en même temps qu'un côté parfois mélodique, amenant de la subtilité et une certaine finesse qui amplifie par contraste le côté brut et bestial. Le mixe est clairement bien fait, puisque l'on peut entendre les deux guitares et la basse, même lorsqu'ils sont en même puissance, le tout en cohérence avec la batterie et le chant. C'est propre, tout en ayant un côté gras qui fonctionne totalement (et qui fait écho aux structures).
C'est bien simple: il est impossible de passer à côté de cet album, un peu fou mais foutrement bon et efficace!