Scythrow est un quatuor finlandais formé en 2020 fort de deux albums dont voici le troisième et qui nous emmène dans le death bien underground. Mais pas un death quelconque.

Une intro nous plonge dans une ambiance semblant venir d'un vieux film d'horreur des années 80 (ambiance et musique à base de synthés...) qui prépare rapidement l'assaut en mettant en place les éléments musicaux mais avec un petit quelque chose qui parait un peu à part. Sans vraiment se révéler. Le groupe pose les bases d'un death, c'est indéniable. Mais semblant de facture énervée.
Et dès le second titre, on rentre dans le gars du sujet et le groupe dévoile un death alternat passages lourds et fulgurances à te déboiter les cervicales. Le groupe déploie un death qui est assez direct, dans une lignée assez classique, jusqu'au moment où apparaissent les premiers breaks et des éléments puisant dans le thrash old school mais sous un angle qui introduit une notion chaotique. Et à partir de là, on entre dans un petit délice de structures et de patterns de batterie qui vont un peu dans tous les sens, en bourrinant sévère, avec en ligne de mire l'idée de nous faire perdre les repères avec ce chaos qu'il introduit au sein des titres.
Le groupe y ajoute des éléments death bien old school (des patterns de batteries, des structures particulières) et va nous évoquer parfois des vieux groupes, avec des plans structurels assez fous (et des moments qui sentent même le vieux death).
A cela, le groupe glisse des passages qui donnent envie de tout casser et de en même temps, va glisser des éléments de contrastes, jouant sur la forme de la musique, avec des moments de bravoures, sans conteste possible.

Le groupe amène aussi une certaine idée de la mélodie, qu'il intègre par la technique élevée des gaillards et qui jouent du coup avec leur savoirs faires et vont créer des trames et des strates musicales inattendues, jouant avec des arpèges, des gammes ou des riffs mélodiques rapides se posant sur une base très lourde ou même l'inverse. Chaque titre recèle de nombreux plans et surprises, qui entretiennent l'attention.
Impossible de s'ennuyer avec ça, même si certains moments vont évoquer, volontairement, un death plus traditionnel, avant que le groupe jette des moments de chaos là-dedans.
La manière dont le groupe use de cet aspect chaotique est intéressant, usant de divers artifices redoutables, que ce soit des éléments purement technique, des structures particulières ou des altérations diverses (tempos / structures / tonalités et sonorités), glissant discrètement une ambiance globale qui ouvre la porte à quelque chose entre une forme d'occultisme / sombre et un appui sur des éléments venant du thrash (celui des années 90).

L'album s'écoute avec facilité, du fait des nombreux changements et jeux que le groupe met dans la musique, toujours avec un petit quelque chose qui nous tient en haleine, tout en nous offrant une ration copieuse d'une certaine brutalité, qui joue sur les structures et les tempos. Bien malin tout ça.

Le chant est très typé, oscillant entre death (avec une pointe de folie) et des relents d'un vieux thrash salissant de bon aloi. Le chant offre ainsi une approche variée, sans fioritures et qui amène aussi une part de l'aspect chaotique, le chant effleurant parfois un chant death scandé. Le chant joue aussi parfois la carte d'un chant qui s'étire, ponctuellement, ajoutant cette idée d'un rapport occulte / sombre.

Le son est très gras, appuyant sur les basses, avec certainement un accordage un peu différent. La basse est très présente, jouant aussi bien avec la batterie pour la paire rythmique que parfois offrir un jeu avec les guitares. Les guitares sont mises un peu en avant, créant un mur volontaire qui offre un impact net et permettant les circonvolutions que le groupe nous offre. Le chant est clairement audible, avec un mixe à l'équilibre.

Scythrow est une agréable découverte, qui saura te filer la branlée que tu attends, avec beaucoup de savoirs faires. Une efficacité redoutable et un vrai plaisir à découvrir!