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Enjoy the view

Quentin Sauvé

Hummus Records

22 février 2023 à 14:35:28

Dématérialisé

2023

10 titres. Durée:38'25''

Une petite vidéo:

Là, je sens que je vous perds un peu. Vous vous demandez peut-être où je suis parti. Vous allez voir, il y a un lien avec ce qui est plus habituel ici. Quentin Sauvé nous vient tout droit du groupe Birds in Row, un combo punk hardcore de Laval. Voilà donc le rapport et ceci est son projet solo. C'est surement ce qui se rapproche le plus d'un écartèlement musical, jusqu'ici.

Alors, dès le début, on est dans une approche épurée et assez minimaliste: les principaux éléments étant une guitare et la voix de Quentin. Et rien de bien énervé ici, puisque l'on navigue dans un registre folk / pop rock (le versant très posé). Et du coup, musicalement, on est sur quelque chose qui va cultiver une approche très apaisée mais qui sait vraiment jouer avec le côté émotionnel.

Dès le premier titre, il m'est venu des références floues (comprenez que je rattachais ça à d'autres artistes dont le nom m'est inconnu ou perdu, entendu ici et là et m'ayant marqué avec la musique). Ici, pas de fulgurances, pas de violence. Juste cette base guitare / voix, qui lorgne vers la pop en titillant de la folk. Mais ça évoque quand même des formations britanniques dans l'essence (Oasis me vient à l'esprit), en y intégrant une approche quand même assez personnelle.
Tout est dans la retenue ici, la finesse. La voix porte une émotion pouvant être assez forte, Quentin modulant son chant, accompagné d'une guitare. Cela lui permet de développer des mélodies assez puissantes, étonnamment mais aussi des ambiances et des atmosphères plus feutrées, où l'essentiel est le passage d'émotions, en offrant quelque chose d'assez lumineux. Mais si c'est chroniqué ici, c'est que ce que fait Quentin m'a touché.

Il y a des similitudes avec Euphrates Ride, notamment dans l'approche très épurée et le travail sur le chant, qui peut être très différent d'un instant à l'autre (dans un registre de chant clair sans la moindre agressivité). On plonge dans un univers assez ouaté où le sublime explose parfois, sans vraiment prévenir, dans une montée émotionnelle, parfois épidermique sur quelques passages. Il nous emmène dans un monde très calme où la mélodie sublime la voix (l'inverse fonctionne aussi), nous prenant dans un piège auditif plutôt malicieux mais savoureux. Tout est mesuré, modulé, glissant sur cette corde émotionnelle, à travers un besoin de s'exprimer différemment. Mais le but ici n'est pas le même que celui d'Euphrates Ride, les deux ayant pourtant, dans la forme, des similitudes frappantes, qui participe surement à cette puissance attractivité.

C'est une recette simple mais pas simpliste. Car d'un point de vue plus technique, il y a beaucoup de recherches, qui vont permettre de transcender ce que Quentin veut exprimer. Il développe un jeu très riche, avec beaucoup d'éléments mais qui entretiennent ce rapport à l'émotionnel et à ce côté épuré, prenant parfois des accents plus oniriques et offrant des montées en puissances visant quelque chose de plus céleste. Dans ces moments là, on va plus toucher ce point à la lisière de la pop et de la folk, prenant de sérieux accents évoquant Oasis ou d'autres groupes dont les noms m'échappent. Tout se joue avec cette retenue et ce mélange subtile de cette base et de quelques effets ou ajouts parcimonieux d'instruments, en arrangements, ici et là. Juste ce qu'il vaut, pour mieux entretenir le voyage proposé.

C'est là que j'atteins mes limites en matière de description du genre, n'étant clairement pas un adepte du genre (mais sur lequel je n'hésite pas a porter mon attention quand l'occasion se présente). Et c'est là donc que l'on rentre dans le ressenti pur, qui va dans le sens de ce que j'ai dit jusqu'à maintenant. Il y a une retenue, avec quelque chose de pudique, acceptant de dévoiler des parts très personnelle de son âme et de son art, qu'il offre pourtant à notre attention.
Malgré le côté très posé, très calme, il y a pourtant des montées en puissance, que ce soit par le chant ou la mélodie, qui donne de la structure aux titres. Et cela lui permet d'offrir des titres variés, toujours avec en ligne de mire cette focalisation sur l'émotion, de façon très épurée, discrète mais qui a aussi sa part personnelle un peu dévoilée. Si tous les titres oscillent dans une fourchette temporelle (en moyenne de 2 à 4 minutes), l'un d'entre eux s'éloigne complètement de celle-ci.
'random streets' change un peu dans l'approche des autres titres. De par sa durée déjà (plus de 7 minutes) mais aussi de par son traitement, même si l'on retrouve les éléments qui le lie aux autres titres. Ce qui change, c'est que la montée en puissance marque plus le côté pop, amenant une polarisation subtile, avec une puissance qui devient polymorphe. Le titre développe aussi un aspect plus cinématographique. Clôturant l'album, celui-ci semble se tourner vers une direction où les aspects mutent, pour offrir quelque chose qui semble ouvrir une autre voie.

'Enjoy the view' est un album intimiste sublime. On s'éloigne grandement des styles habituels et pourtant, quelque chose le lie fortement (de par son aspect émotionnel et ces montées en puissance). Mais c'est aussi une œuvre forte, qui offre une parenthèse de subtilité et qui, pourtant, s'avère d'une redoutable efficacité. Les plus curieux et les plus ouverts y trouveront un moment de bonheur.

© Margoth PDF

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