top of page

Embryo

Madre

Necrocosm

21 mai 2023 à 09:39:14

CD digipack

2023

9 titres pour 30'53''

Une petite vidéo:

Madre est un trio franco-italien formé en 2020 et qui sort ici son premier album. Et c'est encore un de ce album qui me font aimer l'underground et ses recoins les plus obscurs. Le groupe officiant dans un black indus des plus malsains.

Alors, pour vous situer un peu où cette chronique va vous mener, si vous connaissez The Berzerker (indus grind) ou Mysticum (black indus), que pour vous c'est du vilain, vous n'êtes pas prêt. Car Madre va bien plus loin.

D'entrée de jeu, la fusion entre un indus brutal et assez bruitiste rencontre un raw black minimaliste, qui va directement nous plonger dans des arcanes malsains et obscurs mais à travers un prisme singulier et un concept tout aussi singulier, autour de l'embryon et à ce qu'il me semble le rapport à la mère mais aussi les symboliques et notamment ce qu'il y a de plus sombres, négatif voire même occulte.
Le trio pousse le concept musical dans les retranchements des genres, l'aspect indus brutal qui n'est pas sans m'évoquer des groupes au confins du cyber grind, à la frontière des courants les plus radicaux de l'électro, où nait les formes les plus malsaines du genre, incluant cette approche glauque du trio. Le groupe va amplifier l'aspect inhumain, déshumanisé de la nature même de l'embryon et extrapoler sur des symboliques et des aspects très sombres de celui-ci. Et c'est là que le raw black intervient, amenant encore plus ce côté froid et une approche obscure, malsaine, dérapant même dans une forme occulte, plus nihiliste et appliquant une approche individualiste, par rapport ) au concept lié à l'embryon. Oui, ça va loin et ce n'est pas évident de retranscrire la folie qui existe ici.

Car cette folie, qui s'exprime dans le black le plus radicale possible mêlé à un indus extrême, va explorer différentes facettes, aussi bien par le prisme de la musique que par les titres eux-mêmes. La facette musicale, même si elle semble de base simple, est pourtant extrêmement dense, le groupe injectant des éléments samplés, comme des pleurs de nourrisson mais aussi intégré des contrastes étranges, jouant avec des sonorités de jeux pour nourrissons qui se heurtent à la froideur de la musique, son côté désincarné. Et putain, je trouve ça très intéressant, le groupe amenant différents niveaux de compréhension, mais toujours lié à un côté malsain, angoissant, découlant de cette folie la folie de la naissance à venir?). Le concept semble puissant et aller très loin.
Car l'angoisse habite l'album, indéniablement. Les machines amènent une atmosphères angoissantes, anxiogènes. Mais pas de manière continue. Et c'est ça qui est vicieux. L'approche du groupe est complexe, étonnamment réfléchie et semble regarder vers une direction à la fois plus symbolique et plus philosophique. Et cela se joue à travers la structure et la construction de la musique.

Celle-ci repose aussi bien sur des aspects martiaux, venant des beats indus, posant des fulgurances synthétiques, qui effacent l'humanité du concept. Le groupe joue avec cette notion, envahissant l'espace disponible de toute déshumanisation, en jouant sur les possibilités que leur offre l'indus glaçant qu'il génère. Une sorte de genèse malsaine, où l'humain n'a pas sa place. Et cela se traduit par des titres dont la durée et les structures varient, offrant dans cet aspect ce lien à cette notion de désincarnation et de déshumanisation, offrant dans le même temps une structuration de l'album lui-même qui va changer sa nature prodonde.
Le groupe amène ainsi des rythmiques qui sont très variées, allant de ces fulgurances à des lourdeurs extrêmes où le côté poisseux s'exhale amplement. Cela change l'angle de la nature de l'indus mais pas le fond, ni la forme, plus désincarnée que jamais parfois. Et c'est avec cette base que le raw black vient littéralement copulé, amenant ses singularités, notamment rythmiques mais aussi ses riffs déchirants, accompagné d'un chant plaintif, déchiré et qui prend parfois des accents totalement déshumanisé, jouant avec la nature même de l'indus et du côté blasphématoire du back. Car il y a clairement un côté blasphématoire qui s'extrait de la carcasse musicale, se traduisant à travers les titres qui semblent cracher à la face de nature et de la vie, tout en touchant au sacré. Tu crois que j'ai pété un plomb? Et bien '(sweet) Red chalice' en est une preuve absolument, une sorte de parodie de serment. Le titre est à la fois le plus posé, très calme, en contraste totale avec le reste mais aussi avec son atmosphère d'un glauque rarement atteint, les beats n'hésitant pas à évoquer les battements d'un cœur. Mais des indices sont parsemés avant dans l'album, dans les sonorités, les bruits injectés ou même les titres eux-mêmes ('Amniotic wine' par exemple. Et de comprendre que le concept va bien plus loin que ce que j'ai évoqué et qui semble n'être qu'un premier chapitre, le dernier titre ouvrant clairement une transition vers autre chose, dont la haine de l'humain (les titres renferment des éléments allant en ce sens).

Le chant est très singulier. Au confins des styles, il a une identité à la fois forte, malsaine et pourtant très perçante, mêlant black et indus, en accentuant le coté déshumanisé. Le chant porte un écho évoquant les résonnances d'un enfer interne qui semble vouloir sortir. Il est inextricablement lié à la musique et au concept.
Le son est très particulier, du fait de la nature du styles mais aussi des codes qu'il véhicule. Il a une étrange résonnance venant du côté du black raw, s'appuyant sur des aspects purement indus, lorgnant parfois vers une gabber violent ou des aspects plus hardtek très malsain. Les riffs viennent se poser sur ça, sans être noyés, le côté bruitiste rejoignant parfois les deux sphères musicales. Le chant offre divers aspects qui influent dans le son, jouant sur les notions de retrait ou mise en avant. Aussi fou que cela paraît, le son entretient une cohérence et pose un travail murement réfléchi, en lien avec l'atmosphère et le concept.

Madre sort un premier album qui n'est pas pour les personnes sensibles. Malsain, obscur et froid, celui-ci s'avère pourtant une vraie tuerie dans le genre, une de ces pépites qui viennent du fin fond de l'underground, de celui qui est occulté. Pour les amateurs d'extrêmes, cet album est absolument à découvrir, bien plus profond que vos premières écoutes ne le laisseront voir.

bottom of page