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Embers of an undying flame

Explicit silence

Autoproduction

12 novembre 2024 à 16:26:46

Dématérialisé

2024

10 titres pour 31'06''

Une petite vidéo:

Explicit Silence est un groupe normand formé en 1998, œuvrant dans un metal hardcore dont je peaufinerai plus loin la description et qui nous revient très en forme et très énervé avec ce cinquième album.

En 10 titres, le groupe va te plier. Car il y va directement, en tapant dans le gras, de manière violente et sans concession, tout en offrant une certaine virtuosité dans l'art d'être violent. Car comme je l'ai dit au début, le groupe normand officie dans un metal hardcore qui est plus du brutal hardcore mâtiné de metal plutôt lourd et traverser par des fulgurances venant du beatdown. Enfin, fulgurance quand tes cervicales vont plus vite que toi du coup.
Le groupe offre une branlée directe, sans autre forme de procès, visant une brutalité sans faille mais avec une certaine idée pour l'amener (et la mener). Cela suit forcément un rythme soutenu, parfois épileptique, en allant à l'extrême du genre mais le groupe sait comment structurer le tout et amener de la variété dans le déferlement de violence.
Parce que oui, c'est violent mais de manière intelligente. Il y a cette base brutal hardcore, avec ce metal lourd qui l'infiltre. Le metal est lourd certes mais il sait aussi ajouter sa fulgurance au besoin, laissant vraiment deux identités cohabité pour une fusion en une seule, plus violente et plus dérangeante. On le retrouve surtout dans des riffs, rapides et virulents mais aussi quelques patterns de batterie, qui vont se mêler au reste. Il y a aussi, ponctuant les titres ici et là, des altérations ou de la dissonances, renvoyant vers un malaise ou quelque chose de sombre, qui impacte la musique et apporte une cohérence supplémentaire.
Le groupe joue sur la structure des rythmiques en y intégrant des passages ultra lourds, découlant du beatdown pur et dur. Celui-ci s'exprime classiquement par une rupture brutale et une soudaine lourdeur mais aussi par le jeu des tonalités qui peut changer, ajoutant quelque chose de palpable dans la musique. Cela ajoute une sous structuration qui permet de moduler la forme de la violence de la musique, et, en même temps, d'intégrer une variabilité ici et là, de manière à ajouter une sorte de stratification en même temps qu'une densité plus importante de la musique du groupe.
Le groupe utilise les codes qu'il maitrise totalement et va jusqu'à en jouer, glissant parfois un passage soudainement plus mélodique, plus lent, en total décalage qui offre une mise en valeur de la violence par contraste (en même temps que cette mélodie l'est par le contraste mais offre aussi une prise d'oxygène, pour mieux affronter le reste).

Les titres ont cette base mais offrent des visages et des formes variées, dans ce que le groupe se permet, sans pour autant renier l'aspect brutal, l'efficacité et la vélocité. Car ça va vite (bien qu'une modulation soit présente, rendant les fulgurances plus marquantes) mais le groupe amène aussi des moments où la rythmique va être plus martiale parfois, jouant alors avec les riffs, très typés hardcore, qui peuvent être soudainement plus protéiformes. Mais cet aspect se fait dans la fluidité, le groupe ayant fait le choix de maintenir une cohérence et de ne pas nous perdre en route. Du coup les transitions sont rapides, en deux ou trois mesures, permettant aussi au groupe de jouer sur la tonalité et la tessiture de la musique. Et c'est assez retors mais d'une efficacité indéniable. Et cela permet de glisser des détails, ici et là, qui vont agrémenter et enrichir la base musicale, déjà assez dense quand même, faut pas déconner.
L'intensité est toujours là, s'offrant quelques moments où l'émotionnel prend la place de l'instinctif. Et cet émotionnel est dans la veine du fond et de la forme, déployant un aspect plutôt sombre, comme la colère, la haine mais aussi une approche plus positive avec la résignation.
Car le groupe, au travers des titres, explore des sujets forts, quelque part entre une analyse de la société par ses travers et notre aliénation à cette dernière, aliénation que l'on aimerait bien perdre pour plus de liberté. Le groupe y va de manière directe mais pose un regard et une réflexion sur notre époque. Honnêtement, sur ce coup, les paroles m'auraient été utiles pour explorer plus cet aspect qui est lié à la musique.
Et la musique rejoint sur certains aspects les sujets, en jouant justement sur la forme mais aussi, ce que j'évoquais, cette variation de tonalités et tessitures. Ce n'est pas parce que le groupe offre une musique intense et violente qu'il n'y a pas de réflexion, bien au contraire.

Le chant est typé hardcore, sans le moindre doute. Mais avec l'approche brutale, qui met en valeur le timbre plutôt gras du chanteur. Si il n'offre que peu ou pas de variations, il est là pour nous plonger directement dans le grand bain, sans autre forme de cérémonie. Les chœurs sont présents, de manière ponctuelle et en ayant clairement une chose à apporter et ne servant pas de simple décorum.
Le son est excellent. Puissant, gras, il met aussi bien la violence en exergue que l'aspect plus complexe des éléments constituants la musique. Les instruments sont très nets, avec un grain marqué pour les guitares et une basse présente (offrant quelques passages un peu différents où son rôle devient plus flou, volontairement), avec une batterie bien percutante. Le chant n'est pas pas perdu dans la musique et les deux éléments sont à l'équilibre. Les quelques détails supplémentaires apportent vraiment un aspect plus immersif et nous met face au côté percutant (voire mur) de la musique.

Explicit Silence livre un cinquième album bien brutal, qui fait du bien car c'est de la violence intelligente, avec une approche raffinée pour le genre. Et c'est un album qui est taillé pour la scène, sans le moindre doute. Une demi heure de bonheur brutal. Incontournable!

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