Embers est un duo formé en 2022 qui livre ici son premier Ep, dans une veine rock. 6 titres de rock. Mais pas un rock quelconque.

'Babayaga' ouvre cet Ep. Après une intro toute en finesse et subtilité, je dois bien dire que je m'attendais à autre chose. De la puissance, dans le sens classique du terme. Mais ce n'est pas le cas, loin de là même dans la forme. Et c'est tant mieux car le duo livre un rock tout en émotion où la puissance vient du côté émotionnel, de ce qui vient du fond de l'âme. Je ne m'attendais pas à ça et dès le début du coup, le duo m'a accroché.
On a donc un rock qui va puiser dans des influences qui me sont vagues, plus vers un côté britannique (le duo me corrigera au besoin), avec cette approche où la force réside dans l'émotion, le ressenti et va te toucher au fond de l'âme. La puissance est ici au service d'un besoin d'offrir une densité à la fois émotionnelle et musicale qui engendre des passages aériens et oniriques auxquels le duo va ajouter certaines phases avec un côté un peu plus brut, allant cette fois dans le sens de la puissance telle que la conçoit usuellement. Et putain, le duo est très doué.

Les titres vont très certainement vous capter et ne plus vous lâcher, par un aspect un peu étrange, d'une vision à la fois basée sur l'émotion comme je l'ai dit mais aussi avec un aspect un peu désuet qui n'est plus aujourd'hui et qui fait un effet terrible avec leur approche. Les structures sont classiques dans le genre, respectant les codes mais le duo amène des passages qui s'éloignent de ces codes et intègrent quelque chose de plus personnel, à la lisière parfois d'un rock aux accents doom dans certaines phases. Mais amener avec beaucoup de subtilité, offrant une musique sophistiquée pourtant très accessible car reposant sur des mécanismes qui nous touchent directement au cœur.

Le duo développe un rock émotionnel certes mais qui va offrir de multiples facettes et va ainsi intégré l'imaginaire d'un rock collectif au sein de sa musique, qui va faire que l'on trouve forcément des choses qui vont nous évoquer quelque chose ou vont nous parler directement, avec beaucoup de retenue et une certaine pudeur. C'est très subtil et pourtant, c'est dans ces moments où la puissance se révèle pleinement, dans sa nature onirique, parfois presque hypnotique. Et cela engendre des titres efficaces, à l'image de 'Without you' qui va forcément vous obliquer vers des groupes comme Depeche Mode mais avec la vision d'Embers. Et de nous prendre par la main pour nous mener vers des horizons un peu différents, de ceux qui te semblent connus mais qui sont pourtant de parfaits lieux à découvrir. Je trouve ça brillant, associé à cette capacité de te saisir dès le début et de ne pas te lâcher le long des 6 titres.

Embers fait partie de ces groupes qui s'avère immédiatement attractif mais qui demande d'être exploré en détails, pour découvrir les mécanismes ou les possibilités que l'Ep renferme, ce qui explique le délai de ma chronique (c'est sorti en mars dernier). Car Embers m'a demandé des écoutes éloignées, pour être sur que je n'étais pas un mode erreur lors de la première écoute, car cette approche est quand même particulière. Mais clairement efficace et surtout, parfaitement maitrisée. Un rock qui s'éloigne de ce que l'on entend de façon plus habituelle à la radio (alors, vu que j'écoute très peu la radio, le peu que je peux avoir est assez éloigné d'Embers). Au-delà de la qualité, c'est surtout l'émotion et la sincérité qui prime chez le duo, qui est clairement palpable à l'écoute.

Les émotions sont sur le fil du rasoir, ni dans la mélancolie, ni dans l'excès d'un positivisme abstrait. Il y a un côté chaleureux, avec quelque chose de lumineux, malgré des titres qui peuvent paraître, au-delà de la retenue, un peu sombre parfois, du fait de cette ligne effleurant un côté doom rock. Mais les émotions dans leur musique sont riches et complexes et le duo joue avec un équilibre délicat qui ne tranche jamais avec le contexte musicale, gardant la cohérence entière.

Le chant est simple mais tout en subtilité, car le duo se partage le chant, jouant sur les chœurs mais aussi l'approche même du chant dans sa nature, jouant avec les timbres de voix, assez proches mais suffisamment différents pour engendrer une profondeur qui rejoint celle de la musique. Et qui joue avec la cordes des émotions.
Le son est excellent. Il y a aussi bien de la subtilité par les chœurs ou les lignes plus mélodiques que de la puissance par certains passages ou les patterns de la batterie (c'est d'ailleurs intéressant les boucles que l'on trouve dans l'Ep). Il y a un travail sur les sonorités, donnant plusieurs aspects aux guitares, qui renvoie à la trame émotionnelle. La basse est bien présente, apportant une profondeur au son et faisant un lien entre la puissance de la musique et celle des émotion, car collant parfois vraiment à la temporalité des titres.

Embers est une très belle découverte pour moi. Un de ces groupes que je ne vois pas venir, avec une puissance qui va au-delà du sens usuel du terme. Si vous aimez le rock qui va aux tripes, avec beaucoup d'esthétisme, allez découvrir ce duo. Il vaut clairement le détour.