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Elevate Spirit

Jiro

Telema productions

30 novembre 2024 à 09:44:22

Dématérialisé

2024

5 titres pour 16'05''

Une petite vidéo:

Jiro est un quintet parisien formé quelque part dans le temps en 2022, ayant déjà un premier Ep à leur actif. Les voici de retour avec ce second Ep, qui devrait plaire à plus d'une personne.

Le groupe évolue dans un metalcore burné, vraiment. Comprend que les contrastes sont puissants, entre les phases mélodiques, très légères et flirtant avec un certain onirisme et un hardcore plutôt violent qui ne dit pas son nom. Le tout porté par des transitions intelligentes mais surtout une subtilité et un jeu émotionnel qui fait son effet. On est sur cette base, sur laquelle le groupe va bâtir son Ep recélant de multiples éléments.
Notamment une volonté de poser des atmosphères toute en retenue et de pouvoir servir de catalyseur aux aspects plus virulents, le tout offrant une gamme dans cette dernière.

Le premier titre est un moment de sérénité qui offre pourtant une montée de puissance en finesse, posant aussi des codes para rapport au titre de l'album (Elevate spirit). Il joue sur une tonalité bien spécifique et des gammes en rapport avec ce concept. Tout est fait pour aller dans ce sens, avec le chant et la rythmique. Et le titre offre un premier contraste avec les riffs puissants face à la mélodie subtile, au chant principal qui prend un autre visage sur la fin, nettement plus agressif, servant de transition (et toujours avec un contraste) pour le second titre.
Et c'est là que l'Ep devient très intéressant, après un côté accrocheur. Le groupe passe la vitesse supérieure, brutalisant son metalcore avec ce qui est clairement du hardcore, plutôt brutal. Mais la particularité est de garder en tête cette idée d'élévation de l'esprit, passant par des éléments musicaux et qui sera le code dominant des titres, après la base évoquée, à la fois catalyseur et moyen de structuration. Alors avant d'aller plus loin sur ça, il est utile de préciser que l'aspect hardcore fait appel à des codes bien spécifiques, comme les infras basses ou des éléments beatdown, très contrasté par rapport à la forme mélodique et onirique de l'évocation de l'élévation spirituelle. Le hardcore amène des rythmiques sèches et violentes, avec un aspect très brut, posant un rythme parfois martial - contrastant avec les moments extrêmement fluides des phases très mélodiques que l'on peut retrouver dans les titres ou dans l'intégralité du premier.
L'intensité est volontairement repoussé vers des extrêmes, ce basant aussi sur des éléments plus électro ou indus parfois, servant à amplifier l'impact hardcore et le contraste en découlant, jouant sur les structures (aussi bien posée que celles hardcore), offrant une trame particulière qui est clairement réfléchie, ne laissant rien au hasard. Il y a un déploiement de certains éléments qui marque la violence, avec des altérations par exemple, mais qui offre un double usage. Car dans la globalité, certains dessinent un lien vers un appui du concept.

L'usage du hardcore n'est pas non plus que pour offrir un contraste. Il a aussi une importance dans le concept, servant un peu comme un moyen d'élever la musique vers quelque chose de plus évolué dans l'idée du concept porté. C'est un exutoire qui découle de la catalyse issue du contraste mais qui est aussi une manière d'ouvrir notre perception à l'élévation spirituelle (puisqu'il est clair qu'élever l'esprit est ici quelque chose de plus philosophique, avec une teinte liée à l'aspect humain). C'est là que les émotions, pouvant être complexes et brutes sont rejointes par la musique. Mais elle peuvent être aussi nettement plus simple, libérant l'instinct animal en nous, se traduisant par de brefs passages plus simples très intenses.

Le contraste avec les éléments plus posés ou légers, mettant en exergue la mélodie est très prenante et efficace. Mais le groupe l'intègre aussi à la partie brutal, jouant sur les textures et posant de soudains breaks, servant, selon le cas, de moments de répit, d'un instant plus solennel ou au contraire d'une volonté de nous détruire les cervicales, à minima (les fameuses parties beatdown).
L'aspect mélodique déploie lui aussi des codes bien spécifique, jouant sur cette idée d'élévation, (le solo de 'last to remain' est juste une tuerie, puisque introduit dans un contexte très particulier), que recoupe le chant offrant lui aussi beaucoup de densité.
La densité est d'ailleurs ce qui est la clé de l'Ep, avec des titres jouant sur la complexité et son contraire, une forme de simplicité, servant de transposition aux idées que développe le groupe. Et la densité intervient dans la durée des titres, certains étant un concentré d'émotions et de violence (avec des durée de moins de 3 minutes) et d'autres qui prennent plus le temps, mettant plus d'éléments à leur service, comme 'Last to remain' est ses plus de 4 minutes. Mais on retrouve dans l'entièreté de l'Ep cette notion, à travers la musique et le chant, de l'élévation de l'esprit (le jeu des gammes, des sonorités, des contrastes musicaux incluant des codes venant de l'indus ou de forme plus radicales du hardcore...). Il y a un aspect plus sombre (des aspects vont plus vers le metal extrême ici et là) qui permet de mettre en valeur la notion d'élever l'esprit. C'est vraiment une approche intéressante car cela apporte beaucoup de richesse à ces 5 titres.

Le chant se partage entre un chant clair, parfois titillant une pop rock plutôt côté USA, qui amène la subtilité dans le chant et la nécessité de faire la différence entre elle et le côté hardcore, symbolisant cette élévation spirituelle. L'aspect metalcore permet au chant d'être aussi très appuyé dans le hardcore, avec un chant cette fois agressif, ici et là guttural, offrant un contraste avec la phase claire. Le chant n'hésite pas à mêler les deux aspects, par des chœurs ou en étant plus clivant, offrant une rare efficacité. Le chant me laisse penser que celui-ci est aussi lié à la réflexion globale par rapport au concept de l'Ep.
Le son est excellent! On retrouve les codes des deux aspects musicaux dominants, offrant là aussi un contraste qui sert au concept. L'aspect plus léger, onirique, va puiser dans des gammes et des sonorités différentes, pouvant se mêler à la partie plus brutale, au son plus gras, parfois plus grumeleux, jouant sur le contraste des tonalités. Le son est aussi lié à une structuration que l'on retrouve sur l'Ep, offrant une cohérence. Les instruments sont bien présents, laissant la basse être audible et livrant une hiérarchisation des sonorités de chacun, lié aux besoins de l'instant. La batterie offre un son très ancré dans le metalcore mais s'offre quelques brides dans l'indus ou l'électro. Le chant est à l'équilibre avec la musique, bien audible, compréhensible (sans trop d'effort si tu es plus doué que moi en anglais - ce qui ne devrait pas être trop compliqué).

Jiro est une découverte pour moi. A la lecture de la chronique, tu te doute que je ne m'attendais pas du tout à ça, bien que l'écoute de survol (je fais ou non) me laissait présager du bon. Et on est plutôt sur de l'excellent. Ne passe pas à côté de ce groupe, c'est une très bonne découverte à faire!

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