MARGOTH 5
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El era del jaguar
Cosmic jaguar
Soman records
17 octobre 2024 à 15:08:16
Dématérialisé
2024
8 titres pour 41'20''
Une petite vidéo:
Cosmic jaguar est un groupe composé (comme moi d'eau et de chaire) de 4 gaillards énergiques nous venant, le nom n'est pas un indice, d'Ukraine, formé en 2022. Avant cet album, le groupe est fort d'un album, d'un Ep et d'un split (avec fusion bomb). Bref, pas de temps à perdre. Ha oui, le groupe évolue dans un thrash technique progressif avant-gardiste.
Le groupe y va frontalement dès le premier titre, en amenant l'aspect avant-garde avec des riffs et des structures alambiqués, jouant sur l'ambiance que va être l'album. Cet approche suinte d'un thrash véloce, avec des parties complexes en terme de rythmiques, déployant aussi un côté mélodique qui va se confronter à une approche frontale plus brutale. Cet ensemble sert de base au déploiement de la musique du groupe, qui offre un balayage exotique, se basant en partie sur la musique aztèque (le concept du groupe tournant autour de la culture et mythologie aztèque) et sur des atmosphères rappelant la jungle d'Amérique Centrale.
Et avec tout ça, le groupe crée des titres alliant puissance, vélocité et une forme de brutalité parfois exotique, tout en déployant un côté technique qui s'entend. Et là, il est claire que les fans de tortures de doigts trouveront leur compte, car ce côté technique est très plaisant, présent sans pourtant se la péter à fond. Le groupe mettant au service de son concept cette technicité.
Celle-ci repose sur des jeux de gammes, des structures très variées et des rythmiques riches, aux tempos qui varient pas mal, amenant des breaks et des ruptures qui frôlent le légendaire. Il y a un côté assez tortueux parfois, renvoyant à l'idée que l'on a des aztèques et plus vers l'aspect rituel. Ce côté tortueux vient en appuie de la brutalité latente qui s'extirpe des titres et vient se mêler à des phases beaucoup plus mélodiques, assez complexes là aussi.
L'aspect mélodique s'appuie aussi bien sur des riffs (logique), des jeux de structures (logique), une variation de chant (logique) mais aussi l'ajout d'instruments venant du monde aztèques (ça reste logique) et, surtout, du traitement des structures qui se confrontent, mêlant les divers éléments selon des codes que seul possède le groupe (c'est moins logique mais c'est diablement cohérent). Cela permet à Cosmic Jaguar de naviguer dans son univers et de nous y emmener avec lui, tout en offrant un aperçu d'un temps révolu, vu sous le prisme de notre époque.
C'est très riche musicalement du coup, entre les structures, les instruments et les niveaux de compréhension qu'ouvre le groupe. Le thrash est reconnaissable entre mille, assumé et pourtant, le groupe expose une face alambiquée où les éléments plus exotiques se marient avec le reste et trace un chemin tortueux mais extrêmement accrocheur, avec une vue réfléchie d'une forme chaotique de thrash.
Les titres ne sont pas forcément longs, par rapport au côté progressif. Celui-ci est plus inscrit dans les structures - voire sous-structures- qui érige le squelette de l'album. Et dans les passages à contre-temps ou lorsqu'une transition embraye sur une étrangeté, c'est là que cet aspect progressif se dévoile.
Le groupe offre des titres avec une identité forte et des passages cultivant une grande différence entre eux, lié par les rythmiques. Cela induit des passages régulièrement bourrins, où les mélodies peuvent surgir soudainement pour obliquer l'ambiance en deux ou trois mesures ('Decapitated lunar goddess'), avec un lien toujours présent au concept du groupe (par les paroles, la musique, des structures ou des instruments). On a des titres vraiment immersifs, aux ambiances variées soignées, avec une volonté de nous immerger dans un univers violent où la beauté n'est pas vaine non plus mais s'exprimant sous des angles différents de notre culture. C'est clairement un aspect essentiel du groupe, lui mêlant ce coté chaotique s'exprimant dans les structures, les riffs ou d'autres aspects comme la disharmonie ou les contre-temps. Cela fait d'ailleurs un rappel à la musique aztèque ou andine, pour ceux et celles qui en auraient écouté (je ne parle pas de la version touristique servie aux vacanciers), jouant sur cette carte qui évoque une certaine authenticité.
Le chant est un aspect intéressant, reposant sur deux chants. Le premier, dominant, est un chant masculin, très typé thrash, qui d'ailleurs semble flirter avec le speed thrash parfois (avec la musique qui suit évidemment). Il apporte une forme d'agressivité logique et attendue mais offre un timbre de voix particulier qui me raccroche à des groupes dont le nom m'échappe. Le second chant qui apparait parfois, en complémentarité ou en opposition est féminin, jouant à la fois avec la mélodie, apportant un côté sibyllin et appuyant les atmosphères plus marquées. Il est souvent en espagnol et amène une autre dimension aux titres quand il apparait.
Le son est excellent. Puissant, massif, très soigné avec des instruments et leur détails extrêmement audibles. Notamment la basse, bien présente, très percutante, marquant vraiment la rythmique mais aussi certaines structures, sortant de son rôle. Les deux chants sont clairement compréhensibles, à l'équilibre. Les arrangements et les détails évoquant la nature ne sont pas en retarit mais présents de manière discrète, pour l'atmosphère prenante qui se dégage. L'ensemble repose sur un mixe soigné, malgré la complexité de la musique ou des structures.
Cosmic Jaguar, alors, c'est un groupe à découvrir, que tu aimes les groupes alambiqués, les aztèques, la folie latente ou tout simplement un excellent album qui se révèle très dense et prenant.