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Eerie visions

Mudslider

Autoproduction

2 septembre 2025 à 15:42:51

Démétérialisé

2025

9 titres pour 41'41''

Une petite vidéo:

Mudslider est le projet de Ant Majora (Stabwound, entre autre), basé en Normandie, qui livre ici un premier album de sa vision du death. Un death qui fleure bon une ambiance assez lourde, macabre et qui brasse divers éléments.

L'album commence à nous plonger dans une ambiance gothique macabre, évoquant les vieux films de la Hammer, avec soit un orgue Hammond, soit un thérémine (je ne sais pas trop, la tonalité me laisse indécis), qui met en place progressivement une identité et une approche qui ne quittera pas le reste de l'album. Ca accélère ensuite vers un death old-school, puissant, avec une ambiance entre morbidité et macabre, avec ce feeling plutôt gothique. Sans l'aspect plus mid-tempo qui peu exister. Ici, ça va vite, avec des structures et des rythmiques à la fois conventionnelles et qui, pourtant, ne le sont pas vraiment. Je m'explique plus loin.

Donc Ant développe un death avec une identité forte, ancrée dans l'old-school et en même temps ayant quelque chose de résolument moderne. Ce qui explose vraiment après l'approche macabre / gothique, c'est le son particulier et l'ajout d'éléments puissant dans le heavy metal, le heavy thrash et le death thrash, regardant vers les premiers Sepultura, Repulsion et d'autres à l'identité marquée (pour le heavy, plus vers du Judas Priest, genre Painkiller). Mais il ne se focalise pas uniquement sur ça, car c'est ajout des éléments précités qui devient très croustillant.
En effet, du heavy thrash, il prend l'agressivité et la vitesse, qu'il module avec le death qui sert de base aux titres (voire le thrash des premiers Megadeth). Cela apporte deuxième strate qui va trouver son usage rapidement, appuyant aussi bien l'ambiance, l'identité qu'une vision singulière du death. Et cela devient très net quand les éléments heavy metal apparaissent. Pas ceux qui sont clichés mais vraiment l'aspect brut, le côté impactant, avec cette particularité d'offrir un mur de rigueur.
Tous ces éléments vont ainsi devenir une étrange mécanique à l'efficacité absolue, nous envoyant à la fois vers une vision moderne mais aussi une certaine nostalgie efficace et quelque chose à mi-chemin des deux versions. Cela amène une musique dense, où l'intensité ne retombe jamais. Et on en arrive au premier effet vicieux de l'album avec l'intensité.

Celle-ci se construit de différentes manières, aussi bien par ce que l'on attend, un rythme implacable que par un jeu jouant avec une certaine lourdeur (en rapport avec l'aspect morbide, macabre / gothique) mais aussi une sorte de modulation dans la rythmique, jouant en partie avec les éléments musicaux qui sont au cœur de la musique que développe Ant.
L'intensité joue aussi sur le côté martial de certaines rythmiques ou une répétition de certains riffs et structures, jouant la carte de l'imbrication (dont découle l'usage et l'insertion des différents genres). Cela induit une stratification plus profonde de la musique, en même temps que cela joue sur la perception, amenant une sensation parfois asphyxiante, collant complètement à la musique, restant sur le fil du rasoir, sans tomber dans l'excès. On est sur du dosage précis, à la manière de la musique.
L'intensité vient aussi de la construction des titres et de la durée que ces derniers ont, allant d'un précipité heavy / heavy thrash death ('Green children of Woolpit' et ses 3'06') à quelque chose brassant à la fois des atmosphère qu'un death bien morbide, glauque, teinté de doom death malsain, avec des pointes bien heavy ('the grinning man' et ses 7'42'' de correction qui s'imposent).

Ce qui apporte ainsi, en regard de tout ça, des structures variées, s'appuyant sur les différents genres exploités, jouant parfois avec en brouillant un instant les pistes pour mieux asséner un retour du death, de manière perverse et délectable (on ne va pas bouder notre plaisir).
Les structures vont avoir des aspects que l'on attend, sans trop de surprises. Et c'est là que l'on en arrive au deuxième effet vicieux. Car une fois que l'on a ce modèle avec ses gimmicks en tête, Ant nous amène des structures parfois assez folles, pouvant jouant sur la déstructuration ou les contretemps, glissant des altérations étonnantes et efficaces. Cela renforce à la fois l'étrangeté et l'atmosphère poisseuse qui s'exhale de l'album. Chaque titre cultive un élément spécifique, qui fait un lien avec le thème de l'album, celui-ci tourant autour des creepypastas, légendes urbaines et mystères, comme les titres peuvent l'indiquer. Et cela permet d'offrir une sorte de modularité au sein des titres mais aussi de l'approche liant le tout.

Les rythmiques jouent sur cette même ligne. On a des choses assez directes, évoluant vers quelque chose d'assez brutal, en jouant sur la manière d'aborder la brutalité (pouvant se faire via de la lourdeur). Là aussi, une trame se dessine et c'est à nouveau qu'un autre effet vicieux arrive, lié aux rythmiques. Il existe parfois, comme avec les structures, des éléments volontairement disparates ou à contre courant du reste. Cela joue avec les styles gravitant au sein de la musique mais c'est aussi un biais qui rejoint la thématique et permet d'introduire une approche stylistique un peu différente. Ca se raccroche à la vision qu'a Ant du death, jouxtant ainsi aussi ce qui est un hommage au death, notamment les années 80. Mais aussi à une forme de subculture liée au genre et à son aura. Et qui amène parfois des rythmiques folles, en décalage volontaire du reste et qui ajoute une part à l'identité du death de Mudslider.

Le chant est bien death, avec un coffre assez guttural, regardant vers le death morbide et gore parfois. Il y a une certaine modularité au sein du chant, lié à l'exploration des titres, sans pour autant tomber dans une dispersion totale. Le chant est assez caractéristique, avec un lien entre old-school et moderne.
Le son est particulier, accentuant l'aspect morbide / macabre. Il y a une phase un peu gothique parfois, en lien avec l'univers de la Hammer (du moins, jouant l'évocation). Le son manque un peu de puissance (il faut monter le volume un peu) mais il entretient vraiment la vision et l'aura de l'album. Il a un grain particulier, ce qui n'empêche pas d'entendre chaque élément musical, avec une basse bien présente, apportant cette profondeur qui engendre ce côté morbide. Le traitement de la batterie est intéressant, avec les éléments de frappes en avant et les charlestons et les cymbales un peu en retrait, apportant quelque chose de particulier à l'ambiance. Les guitares jouent sur deux niveaux, entre le death frontal et le reste lié au heavy / heavy thrash / thrash death à l'ancienne. Bien vu, ça apporte de la profondeur. Le chant est bien audible, avec un équilibre.

Ant livre un premier album avec Mudslider qui est excellent, avec une aura et une approche assumée, cohérente et qui bouscule les habitudes ancrées dans le death. Si tu aimes le death, ne réfléchis pas et fonce. Je te met le lien du bandcamp:

https://mudslider.bandcamp.com/album/eerie-visions

© Margoth PDF

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