top of page

Death rectangle

Draemora

Autoproduction

4 novembre 2021 à 15:46:27

Dématérialisé

2021

10 titres. Durée: 42'46''

Une petite vidéo:

Draemora est un groupe de Seattle, qui derrière un nom évoquant une moutarde (qui du coup, ne manque pas de piquant), pratique un death deathcore/metalcore, formé en novembre 2019. Alors, en lisant l'intitulé du style, je penche que je viens d'en perdre deux ou trois, du fait de la sorte de grand écart musical. Rassurez-vous, c'est simple!

D'entrée de jeu, le son qui arrive est abrasif, un peu sale et nous plonge directement dans le bain de ce que propose le groupe. Il développe alors un death rugueux, n'hésitant pas à intégrer des éléments hardcore (et pas du hardcore mou), plaçant des contrastes et des breaks, au milieu d'une ambiance franchement malsaine. L'aspect death est assez virulent, ne faisant pas dans la finesse. Et les rythmiques alors soutenues peuvent se télescoper avec des break hardcore vénères, donnant une sorte de contraste complémentaire. Le death peut revêtir un aspect assez brutal, proche parfois du rouleau compresseur, dévoilant des parties non amies des cervicales. Et le groupe joue avec les codes des deux registres.
Mais il ne s'arrête pas là et intègre aussi du deathcore, qui arrive assez brutalement, à la suite d'un break ou d'une transition très courtes sur quelques mesures, apportant un coté soutenu avec une hargne qui diffère, générant un autre visage à la musique que le groupe déploie. La rencontre de ces premiers aspects appuie à la fois une brutalité mesurée avec une approche dégageant un coté malsain. Le groupe concentre alors les aspects les plus marquants des registres mentionnés, créant une entité massive, très dense, jouant avec des rythmiques allant d'un coté martial à quelque chose de plus direct dans la face. Le groupe fait appel à des dissonances et des distorsions sonores assumées, qui apportent un élément de plus à ce coté malsain et brutal. Intense.

Mais j'ai évoqué du metalcore. Celui-ci n'est pas systématique mais apparait à certains moments, notamment dans un espace où le death et le deathcore se côtoie. C'est à se moment que le groupe peut glisser le metalcore (celui avec le chant clair), apportant une rupture totale avec le reste. On n'est plus dans le contraste là. La première fois est assez déconcertante, ne sachant pas trop ce que le groupe nous fait. Car le chant clair est en contraste, tout comme les codes musicaux. Honnêtement, ma première écoute était plutôt du genre à me dire que c'est foutrement pas mauvais, dommage qu'il y a ce coté metalcore. Et lors des autres écoutes, j'ai compris où le groupe allait. Et c'est foutrement malin.
Le groupe joue avec les codes du metalcore, aussi bien pour offrir un contraste renforçant le coté brutal, abrasif et sale de l'aspect death mais offre en même temps une sorte de variation de thème. Il joue aussi avec les chants (j'y viens un poil plus loin), offrant cette opposition complémentarité qu'il fait évoluer au fur et à mesure du développement de l'album, amenant ainsi le metalcore à une perversion par le death malsain et sale développé. Et de glisser vers une approche où les limites se brouillent, créant une autre sorte de malaise, au travers d'une distorsion des règles. Foutrement bien vu, car cohérent avec le reste de l'approche. Et ainsi, l'approche globale du groupe fait sens, dévoilant une vision assez retors à l'efficacité certaine. Et cela engendre quelques rares moments où il n'existe plus de limites des genres, précédent généralement un assaut en règle.

Les chants sont intéressants. On en a deux, contrastés. Le premier, très typé death, guttural, qui n'est pas là pour déconner et le second, pour le metalcore, clair. Mais les chanteurs offrent de grosses surprises à ce niveau, le chant guttural pouvant se poser en chœur du chant clair dans les parties typées metalcore, quand le chant clair ne devient pas guttural lui aussi et se joint au premier dans, toujours sous l'aspect chœur, dans les parties death. Mais les chants se rejoignent aussi dans le brouillage des limites, créant alors une sorte d'entité que l'on ne souhaiterait pas croiser une nuit au détour d'une rue mal éclairée.

Le son est excellent. Il développe ce coté abrasif et un peu sale, où la basse, omniprésente, apporte un coté rugueux, en même temps qu'un impact apportant de la densité à la brutalité. Le groupe, malgré cette approche, livre un son très riche, où une foultitudes de subtilités existent.

Ma première écoute m'avait laissé un peu déconcerté (rapport au coté metalcore) mais si vous êtes comme moi, n'hésitez pas à l'écouter plusieurs fois. Et le potentiel vous sautera aux oreilles, en plus de ne pas voir passer l'album. Excellente découverte à faire!

© Margoth PDF

  • Facebook Social Icon
bottom of page