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De integro

Over Nemesis

Music Records

12 septembre 2021 à 08:04:39

Dématérialisé

2021

24 titres. Durée: 56'28''

Une petite vidéo:

De Integro est le second album du groupe Over Nemesis. Celui-ci renferme un concept: l'histoire d'un bluesman désirant devenir célèbre. Par pur hasard, sur sa route, il rencontre une personne haute en couleur où il lui promet la gloire à l'échange de quelque chose de précieux. Par naïveté et voulant devenir célèbre, le bluesman cède en échange.
Voilà pour la base.
Et du coup, on se retrouve avec un album assez ambitieux, porté par une base sludge rock où du blues (et ces dérivés) s'intègrent au tout. Il y a 12 titres purs et durs, entrecoupés d'intermèdes servant de narration et amenant une trame temporelle. En le survolant rapidement, ça me paraissait pas mal. En l'écoutant sérieusement, c'est tout autre.

Dès le début, aux premières notes, même si on est loin du metal extrême, il est clair que l'on va passer un excellent moment avec cet album. Car celui-ci joue les sonorités à la fois sludge et d'autres plus blues, nous mettant immédiatement en immersion dans l'histoire qui commence à se déployer.
Les titres, gardant la base musicale mentionnée, développe divers aspects, offrant une grande variété de titres et ouvrent le champs des possibles que le groupe explore librement, gardant toujours cette idée de fil rouge. Notamment une idée intéressante de temporalité, à la fois sur la musique, les atmosphères (j'y viens un poil plus loin) mais aussi le développement de l'histoire narrée. Mais aussi une temporalité plus vertigineuse, entre 2021 et 1928 (pareil, j'y reviens plus loin).

Les titres amènent des ambiances particulières, qui se recoupent avec les intermèdes, qui eux, adoptent un rythme de temps un peu plus lent et une ambiance plus sombre. Partie sombre que certains titres développent, que ce soit dans la forme, la structure ou les tonalités, renvoyant directement aux racines de ce qu'est le blues. Ca parait con écrit comme ça mais c'est diablement efficace!
Les rythmiques sont très variées, sur cette base sludge rock où le blues se mêle mais vont développer des aspects moins connus comme le hard blues, partant de ces origines du rock pour tisser une trame très riche, ne perdant jamais en intérêt. Les titres, séparés par les intermèdes, n'auraient pas vraiment de sens si ils étaient à la suite les uns des autres. Car racontant cette fameuse histoire, avec beaucoup de subtilité.

Car la subtilité est aussi la marque de cet album. Beaucoup de finesse, n'empêchant pas des cotés plus bruts mais cohérents avec le fil rouge. Subtilité qui se retrouve par une mélodie au piano, des mélodies à la guitare ou un rythme soigneusement travaillé, permettant de dépeindre diverses émotions. et c'est là que l'on peut évoquer les atmosphères qui structurent l'album. Ayant toujours cet appui sur le coté blues, n'hésitant pas à explorer la face sombre du style (car oui, ceux qui l'ignore, le blues est un style regorgeant de cotés sombres, liés à divers aspects comme la souffrance humaine ou l'occultisme par exemple). Il y a une part de lumière néanmoins dans les titres, prenant corps dans des rythmiques pouvant avoir un coté entrainant, presque dansant. Et les atmosphères couvrent un large spectre qui relient les titres aux intermèdes, étant eux-mêmes une sorte d'atmosphère sombre, limite poisseuse, renvoyant au personnage de l'histoire qui n'est autre que le diable (intermèdes le révélant à un moment charnière, point de bascule de l'histoire).
Et d'avoir ainsi deux parties qui sont indissociables l'une de l'autre, la première étant la recherche de succès (en gros), la seconde la réussite mais avec le prix à payer (en gros aussi). Et ces deux parties regorgent de sonorités un peu différentes (et on retrouve cette subtilité mentionnée) qui participe à l'immersion de l'auditeur. Et qui mine de rien, trace un sillon temporel qui est l'une des clés de l'histoire (et que l'on retrouve à travers la musique et les sonorités ou le choix des registres musicaux utilisés). C'est dense, mais c'est immersif.
Et cette temporalité nous offre à un moment un véritable vertige, nous amenant à entendre la version originale de Clakrsdale, restauré, datant de 1928 et à la fin de l'album, que l'on peut entendre dans une version moderne au cours de l'album, créant une boucle.

Les émotions sont aussi un élément présent sur l'album, allant de la mélancolie à la tristesse mais déployant aussi des aspects plus joyeux (la musique en étant le catalyseur et la catalyse en même temps, suivant le besoin d'alors. Certains titres vont plus toucher l'âme que d'autres, inégaux face à cet aspect mais permettant de pouvoir naviguer dans l'histoire sereinement, des moments permettant de pouvoir gagné un moment de pose émotionnelle.

Il y a une chose dont je n'ai pas parlé. Il s'agit du chant. Celui-ci s'adapte complètement aux contraintes imposés et surtout, le timbre de voix de Nicolas colle parfaitement à l'atmosphère que veut créer le groupe, bien que je sois moins fan des effets vocaux (mais qui ont leur importance malgré cela). Le chant se module au besoin, se dosant et usant là aussi de subtilités (jamais autant utilisé de mot moi...).

Le son est excellent. Les possibilités offertes par le concept sont exploités et la place est laissée à chaque instrument pour son développement, de même que des instruments plus discrets comme le banjo (et puis la basse est bien présente aussi!!). Le son est puissant, certes, mais aussi plein de finesse et de détails, qui participent à la conceptualisation de l'histoire.

Le premier album d'Over Nemesis (Wink) m'avait plu. Celui-ci est différent car nettement plus personnel, plus marqué d'un aspect humain et ayant une trame forte, avec un concept dévoilant un pan de l'histoire de la musique (et peut-être l'envie pour certains de creuser la question). Et s'avère le genre d'album qui me fait mentir et ouvre des perspectives. Amateurs et ouverts d'esprit, foncez!

© Margoth PDF

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