Second Day est un groupe de Besançon constitué de 4 gaillards dans le vent formé en 2017 dont voici le premier album après un premier Ep il y a plus d'un an). Le groupe évolue dans un metal progressif teinté de death mélo dont les influences se situent du coté de Amorphis et Alceste. Le nom d'Amorphis m'a convaincu de m'y pencher.
L'album est relativement dense, bien que les huit titres ne dépassent pas les quarante minutes. Et effectivement, dès le début, on sent l'influence d'Amorphis, caractérisé par les passages plutôt doom death mélo (on est plus sur les anciens Amorphis du coup). Les titres ont des structures assez complexes, même si certains gimmicks reviennent, servant de cohérence à l'ensemble.
Il y a ainsi différentes éléments qui reviennent, créant à la fois un univers et des changements, que ce soit par les rythmes, les riffs ou encore le jeu des structures. Le groupe base en partie ses titres sur des riffs lancinants revenant en boucle qui servent d'appui à une construction plus élaborée, donnant lieu à un jeu d'équilibre entre les différents éléments. Le groupe va créer un univers foisonnant, très attractif et immersif, lui permettant de tisser une musique à la fois mélodique et possédant des reliefs plutôt marqués. Et engendre ainsi des contrastes qui viennent compléter la formule et l'essence du groupe.

Des moments très posés viennent souvent dans les titres, venant brouiller les codes. En effet, lors de ces phases, on s'éloigne du metal pour des styles plus atmosphériques, voir même des évocations de styles en rupture. Tout ces moments sont précédés et suivis par des transitions variées (et c'est là que des riffs lancinants peuvent faire leur apparition, en dehors des autres structures), leur permettant de basculer dans une phase ou une autre, sans pour autant que ce basculement ne déstabilise l'ensemble.
Deux pôles se dégagent ainsi de la musique de Second Day: un pôle très mélodique et un pole plutôt typé doom death, offrant des moments plus massifs, jouant avec la lourdeur et les contrastes engendrés par l'opposition des pôles, contrastes que le groupe jugule et maitrise dans son équilibre musical. Ces passages typés death ne sont pas posé au hasard mais mène à une progression spécifique ou à marquer la puissance mélodique pouvant précéder ou suivre ce moment. Mais cela n'empêche pas le groupe de parfois mêler les deux pôles qui se rejoignent alors, offrant un passage alors intense aussi bien au niveau de la lourdeur death que du développement de la mélodie, avec une subtilité toute particulière.
Le pôle mélodique dévoile un aspect très subtil, tout en finesse, tablant sur l'émotionnel et le ressenti, jouant sur les codes et donnant une teinte toute particulière à certains titres. Lors de ces moments, la charge émotionnel que le groupe amène peut être intense, offrant une puissance bien différente du coté death. Et qui pourtant se retrouve très complémentaire. Car quelque soit le coté choisi, il y a une forme de poésie ou d'onirisme qui imbibe le disque.
Un titre est très différent du reste: 'Ghelan San', ayant un visage plutôt ethnique et développant une impression de chant de gorge (venant en écho au chant en premier plan), me renvoyant à une version plus moderne de ce que fait Twisted Mist, dans un registre proche mais de façon différente et plus radicale. 'Ghelan San' ouvre ainsi une porte sur un autre visage de Second Day, non dénué d'intérêt.

Le groupe possède deux chants. L'un est un chant clair, servant de narration parfois (où l'accent français est très marqué, ce qui est toujours mieux que mon anglais pourri) ou amener des parties mélodiques demandant quelque chose de plus fouillé. Le second est un chant guttural, appuyant fortement le death. Les deux chants se retrouvent aussi, amenant encore cet équilibre qui caractérise le groupe. Un chant féminin rejoint les deux autres chants sur des titres, que ce soit une simple voix posée en chœur ou quelque chose de plus important, apportant quelque chose de plus lumineux et en même temps, servant d'équilibre dans les voix.
Le son est excellent, bien que je regrette que la basse soit moins présente. On retrouve sur le son cet aspect d'équilibre, leur musique recelant beaucoup de détails, allant plus loin que les simples guitares, basses, batterie et chants (claviers...).
Second Day est une très belle découverte valant amplement le détour!