

MARGOTH 5
PDF5
Darkness within
Carnage of Children
Music Records
13 mars 2022 à 09:26:37
Dématérialisé
2022
12 titres. Durée: 46'11''
Une petite vidéo:
Carnage of Children est un groupe lyonnais formé en 2006 qui sort son 4è album le 25 mars prochain. Et avec un nom comme ça, il y a peut de doute sur la voie choisie par le groupe: du death. Mais ici, c'est plus à nuancer, car le groupe nous réserve quelques surprises.
Le premier titre, qui sert d'intro, 'Black Mass Ritual' pose quelques éléments intéressants, notamment sur le jeu des rythmiques. celle-ci sont complexes, saccadés, alternant beaucoup de modes de rythmiques et il y a un coté black qui suinte du cercueil, appuyer par un instrument particulier apparaissant parfois, amenant un coté plutôt malsain (le son me fait penser au thérémine), en plus d'un clavier venant ici et là.
On comprend vite que le groupe est dans une voie diablement technique (elle était facile celle-ci...), lorgnant pas mal du coté d'un death black pouvant être bien énervé. Mais le groupe n'a pas choisit la facilité d'une rapidité brutale omniprésente. Bien au contraire, le groupe prend soin d'offrir des structures bien denses, d'amener des ambiances ou de te mettre des beatdowns et des breaks bien violents. Mais ne vous y trompez pas, le groupe est violent.
Sa violence est protéiforme, se distillant par divers biais et prenant parfois des chemins inattendus, ce qui est d'autant plus vicieux, il faut bien le reconnaitre (et efficace aussi). Le groupe structure sa musique autour de plusieurs pôles, que ce soit par une ambiance générale, un squelette rythmique varié mais gardant une cohérence dans les titres et sur l'ensemble de celle-ci et par la thématique qui semble être un fil rouge. Et adopte une teinte très sombre sur l'album, offrant cette étrange impression que le groupe veut fusionner un death old school et un black assez véhément.
Le groupe peut aussi bien proposer des fulgurances death, auxquelles viennent parfois des insertion black (bien que celui-ci soit plus contenu dans des moments où l'atmosphère prime, sans pour autant en faire quelque chose de mou, faut pas déconner, hein!) que des plages plus sereines (mais toujours avec un arrière goût malsain). Lors de phases plus calmes, au niveau du tempo (alors oui, c'est tout relatif, un coté morbid existant), le groupe va offrir un angle d'attaque plus discret et joue alors sur les contrastes, pour renforcer la brutalité. Contrastes qui se retrouvent à travers les rythmiques foutrement changeantes et complexes qu'il pose.
Les riffs sont aussi alambiqués, jouant sur les mêmes éléments et offrant différentes niveaux aux titres, créant un univers assez foisonnant mais très sombre. Le groupe offre par les riffs une richesse des possibles qu'il utilise, jouant parfois avec les oppositions et qui offre une cohérence à l'ambiance globale. Certains vont se graver en tête, d'autres servent d'appuis pour les rythmiques et distiller le coté sombre du groupe. Il ne semble pas que le groupe ait laissé quoi que ce soit au hasard. Et même lorsqu'il part dans quelque chose de plus expérimental mais toujours malsain, à l'image de 'black hole', une sorte d'électro malsaine instrumentale, semblant ouvrir un autre chapitre à l'album. Car dans la construction de l'album, au-delà de la thématique, il semble qu'il y ait une polarisation sur 3 parties, progressant vers quelque chose de plus en plus sombre, s'enfonçant dans des limbes foutrement dangereuses.
La présence d'un clavier n'est pas anecdotique, celle-ci, bien que discrète, participant à l'ambiance très délétère qui s'exhale de la musique du groupe. Elle lui donne cette essence black mais n'a pas que ce rôle, servant à poser des nappes d'atmosphères et à préparer des zones de turbulences (les fameux contrastes bien présents). Mais il y a aussi cette sonorité (le thérémine) qui revient parfois, déployé au début de l'album, qui amène une dimension cinématographique, lorgnant à la fois dans une ambiance de films d'horreurs plutôt psychologique et cette volonté d'amener un malaise. Et qui crée un autre lien entre les titres et les parties, pour faire un ensemble totalement logique.
Le groupe distille ainsi un étrange onirisme poétique malsain, à travers les passages plus posés ou atmosphériques, pondérant en même temps qu'il amplifie paradoxalement le coté violent et sombre.
Le groupe a la particularité d'offrir 3 chants. Je ne parle pas d'un chant principale et de chœurs mais bien de chants autonomes, pouvant se compléter comme offrir différentes strates de chants, œuvrant pour la part sombre de la musique du groupe. Il y a un chant très death, un qui lorgne vraiment dans le black et le troisième est plus hybride, sorte de mutation des deux précédents. Ca offre une densité aux chants, leur donnant un coté plus que de simples chants. Et l'onirisme que j'ai évoqué peut se retrouver dans les chants, offrant une complexification de l'ensemble.
Le son est très intéressant. Car il prend des codes du death old school, à travers un son gras et un peu sale, y ajoutant des éléments évoquant plus le black. Il y a un coté abrasif super efficace, offrant des rugosités plutôt plaisante. Les instruments sont très nets (la basse est bien présente) et laisse la place au clavier et au thérémine (ou quoi que ce soit). Le son offre lui aussi différentes strates, ce qui fait lien avec les structures, tout en offrant de la subtilité de manière inattendue. C'est bien vu! Et le coté brut qui sonne sec le fait bien.
Je ne connaissais point ce groupe, que je découvre avec cet album qui ne fait pas dans la dentelle et qui est pourtant plus subtil qu'il n'y parait. C'est une grosse claque dans le genre, qui devraient attirer les amateurs d'albums dense, brutaux et déployant un univers bien marqué.