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Dark feelings

Coming Wolves

Music Records

13 janvier 2023 à 15:56:14

Dématérialisé

2022

13 titres. Durée: 52'57''

Une petite vidéo:

Coming Wolves est un jeune groupe formé en 2019, avec un premier Ep qui sentait bien bon quand même en 2021 et qui est revenu le 2 décembre 2022 avec leur premier album, le groupe œuvrant dans une veine metalcore / fusion (mais évidemment, c'est plus dense et compliqué).

Après une intro plantant rapidement un décor de loup hurlant à la lune et mettant une ambiance un peu lugubre, on retrouve les deux premiers titres qui étaient dans le Ep, permettant ainsi de remettre en contexte la musique mais surtout de faire un lien entre la pochette, le nom du groupe et le développement complet de l'univers des gaillards. Point de mystère. On retrouve ce mélange de metalcore / deathcore), qui permet de se remettre en tête les bases du groupe. On retrouve donc cette puissance et le sens mélodique du combo. Mais cette fois, il y a plus de titres et du coup, certains aspects apparaissent, certains plus marqués, d'autres tout neufs. Et de nous embarquer franchement dans leur monde nourri à la viande rouge (je maintiens ma théorie).

Parce que passé les deux premiers titres que l'on connait déjà, le groupe se lance dans la bataille, poings, pieds et dents en avant (oui, ça ne manque pas de mordant). On retrouve donc cette construction propre au groupe, proposant des passages plus mélodiques, pouvant être posés, qui viennent contraster avec les passages nettement plus agressives et violents. Le tout se retrouvant avec des plages intéressantes amenant des atmosphères soit par un passage tout en finesse, soit par une modulation assez subtile (musique et chant). Il y a de sorte de cheminement dans les titres, qui guide l'évolution des structures. C'est d'ailleurs une sorte de fil rouge dans l'album, en dehors de la thématique qui semble dominer. Le groupe imprègne rapidement notre cerveau par sa façon de faire et confirme qu'il entretient une certaine forme d'urgence, à travers certains passages pouvant être très soutenus ou même marquer d'autres styles.
Car le groupe injecte clairement des éléments death, sans le moindre sourcillement. Et c'est là que ça devient intéressant, car il faut parler des riffs, pour bien poser le contexte.

Le groupe offre des riffs très différents, utilisant les différents visages musicaux qu'il détient. La partie plus typé metalcore donne ainsi deux polarisations, tapant un peu dans quelque chose évoquant un hardcore mélodique et dans cette insistance sur la mélodie (qu'il intègre dans sa musique directement ou en posant des passages plus éthérés). Certains riffs sont clairement typiques du metalcore (et coup de chance, ce n'est pas celui qui a mangé de la blédina), permettant ainsi d'offrir, dans les structures, deux pans très différents qui se complètent par le jeu des transitions ou des intégrations. Il y a certains gimmicks qui sont là mais le groupe les tord pour les former à ce qu'il veut en faire.
Cela passe par un jeu sur les tempos et les structurations, qu'il semble moduler sur différents niveaux, au besoin des émotions à passer ou d'où il veut nous mener. Et il peut très bien nous mener vers quelque chose qui peut avoir un certain onirisme, livrant une facette subtile, proche parfois du metalcore à la blédina, ce genre un peu fragile. Mais ici, ce sont de faux fragiles. Parce qu'il y a la deuxième partie concernant les riffs.
Et celle-ci tape dans le gras et le violent, avec des riffs venant du death, amenant leur lourdeur, la rapidité et parfois, un mélange oscillant entre lugubre et déferlement de violence (c'est là que tu sais que ce sont de faux fragiles). Les parties respirant le death peuvent exister par elles-mêmes ou bien s'imbriquer dans les parties metalcore, offrant une transition fluide entre les deux genres mais aussi de bons gros contrastes, par le biais de breaks plutôt dangereux ou de soudains riffs accompagnant une rythmique au rouleau compresseur. Certains titres recèlent ainsi des passages qui évoquent le death des années 90, avec cette brutalité par la lourdeur, sur fond de riffs abrasifs. Il y a une volonté de te mettre à terre avec le metalcore (meatalcore peut-être (ben oui, la viande rouge quoi)?) et de te finir au death. Et ce death joue avec différents aspects (en plus de ceux du chant). Si on a ce death typé années 90, il y a aussi parfois quelque chose de plus barbare, titillant le brutal / slam death (structures et quelques éléments de chant).

Et là, on en arrive à c'est plus dense et compliqué. Parce qu'il y a une autre facette qui suinte dans certains titres. Tout aussi revêche et agressive mais avec une certaine beauté sinistre, qui apparait dans sa globalité de façon, progressive. Il y a une approche black qui apparait ici et là, dans des structures (sur 'Dimittis me ex inferis', elle se confond vicieusement avec l'aspect death) et dans une sorte d'état d'esprit qui s'exhale de certains titres (qui d'ailleurs, pourraient faire de l'œil avec leur titre au black). Ca peut passer par un simple riff qui se pose, très black, indéniablement, sur une rythmique et un ensemble plus metalcore ou par des structures qui prennent un instant une forme black (avec la rythmique et le jeu caractéristique). Mais le groupe le fait de façon subtile, pas à la pelle ni en y allons trop fort. Il installe un équilibre intéressant et va aussi jouer avec certains moments mélodiques, titillant un aspect plus atmosphériques.

Et si tout ça fonctionne, c'est parce que le groupe a un sens aigu de la mélodie mais surtout qu'il pose une section rythmique qui n'est pas là pour déconner ou se la raconter. On en peut pas masquer cet élément, qui nous prend dès le début: la section rythmique défonce et permet au groupe d'aller où il veut (putain, 'Drink my dark blood' tombe pile poil pour l'exemple, entre le death, le metalcore et le black, avec ce segment rythmique de fous furieux). Le groupe offre un large panel de rythmiques, n'hésitant pas à opposer des aspects très différents, des imbrications ou y aller franchement avec des sections très bourrines. Mais en gardant toujours une cohérence qui est une des clés de voute de l'album (en plus de l'univers particulier du groupe). Les titres dévoilent ainsi la maitrise du groupe concernant les rythmiques, qui en plus nous offre une belle variété (parfois tapant dans le hardcore ('Requiem of the beast')). C'est à la fois dense (sans trop en faire non plus) et en même temps, ça reste parfois assez dépouillé, dans le but de mettre en avant certains aspects servant la musique (que ce soit émotionnel, quelque chose de plus lié à la trame...).

Le chant est très intéressant. Il se module à la fois par les deux styles cohabitants principaux (metalcore et death) mais aussi en offrant dans chacun une exploration des registres. Ainsi, le metalcore va avoir un aspect très typé, avec un chant plutôt agressif ou adopté un chant clair, les deux s'accompagnant de chœurs (juste ce qu'il faut). Le death lui offre quelque chose de plus primaire parfois, avec un growl qui apparait parfois ou un chant guttural plus nuancé, quand il n'y a pas de pigscrew ici et là. Mais aussi le chant plus typé death va faire la transition avec le chant metalcore / deathcore.
Le son est excellent. Je retrouve ce côté abrasif, qui ne limite pas non plus l'aspect mélodique qui explose parfois. Le groupe vise un son particulier, jouant sur les différents aspects, créant une entité sonore cohérente, avec un élément important au niveau de la section rythmique: la batterie développe une tonalité particulière qui colle complètement et la basse est omniprésente et apporte cette touche agressive grasse à la musique. Il y a une synthétisation des différents styles qui donne ce son très caractéristique. Le mixe permet aussi de capter le chant et les différents éléments apportant cette atmosphère qui apparaît parfois, appuyant la cohésion du tout.

Coming Wolves m'avait bien accroché avec son premier Ep. L'album enfonce joyeusement le clou et permet de mieux découvrir l'univers du groupe et son approche. L'album est dense, offrant plusieurs visages qui se complètent et donne furieusement envie de voir le groupe défendre l'album sur scène (pour moi, ce sera le 24 février). A découvrir absolument!

© Margoth PDF

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