top of page

Dans les méandres

Azimut

Autoproduction

3 octobre 2023 à 14:55:23

Dématérialisé

2023

9 titres pour 1H01'50''

Une petite vidéo:

Azimut est un groupe grenoblois de 6 membres jouant du post metal atmosphérique(tu vas voir, rien n'est simple!) et dont voici le premier effort, qui devrait bien chatoyer plus d'une oreille avertie. Voilà pour la partie facile.

Je pourrais faire la mauvaise blague qu'Azimut, c'est un groupe d'azimutés mais ce ne serait pas vraiment le reflet de ce que propose le groupe (et qu'en plus, la blague est vraiment nulle). Car le groupe, sur une base post metal atmosphérique qui va servir de terreau, développe quelque chose d'assez dantesque et qui s'éloigne un peu des carcans du genre. D'emblée, ce qui va vous marquer, c'est la mélancolie omniprésente qui marque les titres et une lourdeur incroyable, parfois abyssale qui se place en tant qu'élément crucial.
Il est clairement impossible de ne pas ressentir cette étrange impression que le groupe crée, faite de mélancolie, de colère et d'une critique acerbe voire froide et clinique. C'est un élément puissant qui nous prend dès le début pour ne plus nous lâcher, se basant sur cette lourdeur dont découle une étrange mélancolie, qui en fait n'est que l'opposé de l'espoir qui va naître le temps de l'évolution de l'album. Elle n'est pas là pour rendre pesant dans l'émotionnelle mais pour offrir un moyen de reprendre son souffle. Et crois moi que tu vas en avoir besoin. Cela lui permet aussi de glisser du contraste plutôt violent, avec une approche proche de l'ambient. Ce contraste passant par la nature ambient qui est explorée et bien présente parfois, en opposition à la lourdeur et la mélancolie du post metal du groupe.
Mais il n'y a pas que ce type de contraste dont nous abreuve le groupe. Oh non, pas que ça. Et c'est pour ça que tu as besoin de reprendre parfois ton souffle, entre deux errements dans la lourdeur à l'obscurité prenante qu'offre les 6 gaillards.

Car le groupe ne s'arrête pas à ça et va bien plus loin, allant chercher des codes dans d'autres sphères, notamment le black et le death. Et les codes sont habillement mêlés au reste, pouvant aussi bien survenir lors d'un break flirtant avec un esthétisme marqué (j'y reviens plus loin) ou par l'autre facette de contraste, plus radical, plus violente qui qui va te marquer différemment. Car ici, le hasard n'a pas sa place et tout est réfléchi.
Le black va s'exprimer aussi bien par une veine prenant à l'ambient que dans une forme plus brute, plus radicale, où les riffs vont venir apporter un changement d'atmosphère, avec un contraste intéressant dans les rythmiques. Celles-ci pouvant être aussi bien ancrées dans le post metal et ses codes que puiser la folie furieuse de celle du black, apportant différentes teintes de musicalités, qui finalement, nourrissent la mélancolie et la lourdeur de fond. Cela te réserve quelques moments impromptus où il est possible que tes cervicales souffrent. Mais pas dans un but ostentatoire mais bien pour ajouter une dimension et une densité différente à la musique du groupe. C'est surtout l'aspect black qui va ressortir, de façon plus nette.
Le death lui va s'immiscer de manière plus vicieuse, par la lourdeur, quelques riffs ici et là. On ressent un death qui viendrait d'une voie obscure voire occulte. Et cela permet au groupe de jouer avec les codes et notamment l'assimilation des notes que l'on a, sur la lame tranchante entre mélancolie, noirceur et une approche plus prosaïque, contrastant un instant avec l'ensemble. Et qui fait le lien, là encore, avec la lourdeur, la mélancolie et cet esthétisme que le groupe cultive. Et une manière d'exprimer une sorte de colère constructive.

Mais avec ça, le groupe va aussi glisser des éléments ouvertement plus électroniques, amenant des machines sur certains passages, donnant une autre atmosphère, plus synthétique, déshumanisante et servant là encore de contraste. Ce n'est pas systématique et l'usage fait est là pour créer une sorte de rupture, offrant une session entre l'humain et les aspects plus sombres de celui-ci, semblant plus artificiels. Mais l'aspect électronique vient aussi en support des atmosphères et va servir d'échos à certains éléments plus spécifiques, en se fondant dans la masse. Subtilement mais pourtant présent, on les entend sans que cela ne soit disparate. Et même amener une mutation des codes de la musique sur certaines phases.
Et tout l'ensemble ça va concourir à mettre en place quelque chose qui peut-être asphyxiant, écrasant (qui fait un lien avec le black et le death par ailleurs), le groupe n'hésitant pas par ailleurs à glisser des titres avec des durées conséquentes que l'on ne voit pas passer, du fait du travail sur les structures et les ambiances, en plus d'offrir une cohérence du tout.

Et c'est là que l'on peut saisir l'esthétisme que le groupe engendre, à travers une vision qui, au-delà de la mélancolie, de l'aspect sombre et de la lourdeur, va nous emmener vers quelque chose de plus positif (on le ressent dans les passages posés où les mélodies deviennent plus aériennes, poussées par une basse discrète qui change de nature, par rapport aux moments plus lourds ou plus furieux). Le groupe dessine quelque chose de très subtil tout en nous laissant caresser du doigt, de manière palpable, sa nature à la fois fugace et concrète. Esthétisme qui se retrouve dans l'artwork et le clip que j'ai pu voir mais aussi dans l'écriture des textes et le chant, qui apporte lui aussi sa part à la nature de la musique du groupe.

En effet, le chant de Franck, bien que profondément ancré dans le post metal, avec ses codes, laisse aussi une part à quelque chose de plus ouvert, modulant sa voix, laissant parfois la colère retomber un peu, pour glisser vers cet esthétisme qui imprègne la musique, nous offrant un instant qui rejoint un peu ceux où le temps est suspendu le temps d'un passage plus aérien. Mais le chant ne va pas n'importe où, ne fait pas n'importe quoi et garde, de bout en bout, son identité tout en étant capable de moduler son impact. Et cela est d'autant plus judicieux que le chant est en français, laissant le loisir de pouvoir comprendre rapidement les textes (en faisant quand même un effort d'écoute, le chant étant un chant saturé). Et d'ailleurs, parfois le chant va prendre, dans les moments plus teintés de black, une tonalité se rapprochant du genre.
Le son est excellent. Si la puissance et la clarté de celui-ci sont bien là, il y a aussi, dans sa nature, le respect de cette mélancolie et surtout cette lourdeur qui s'imprime. Le son offre pas mal de facettes, allant de quelque chose de très aérien voire onirique à des aspects plus radicaux, ouvrant des instants de brutalité qui suivent l'approche du groupe. Les instruments, tout comme les éléments électroniques sont tous bien audibles, bien présents mais le groupe amène des variation dans leur nature, amenant la aussi de la densité (qui rejoint l'aspect pesant et asphyxiant voulu par le groupe). La basse et les guitares offrent aussi des visages différents, suivant les aspects. Et la basse est bien présente, de façon plus marquée sur les aspects les plus lourds, amenant son impact amplifiant l'atmosphère asphyxiante.

Avec 'Dans les méandres', Azimut offre à la fois une découverte, avec une approche différente du post metal mais aussi un voyage, à travers une musique et des textes qui offrent un axe de réflexion en même temps que l'écoute se fait. C'est un album dense, sombre mais sans être négatif et surtout qui va remuer une part d'intellect. Du fait de la lourdeur et de l'approche un peu singulière, des personnes pourraient avoir du mal à entrer dans l'album mais en faisant un petit effort, le voyage vaudra le détour!

bottom of page