

MARGOTH 5
PDF5
Daemones sub Terra
Sickness
Nuclear Abominations Records
9 août 2022 à 13:48:22
Dématérialisé
2022
9 titres. Durée: 30'59''
Une petite vidéo:
Sickness est un trio finlandais formé en 2017, ayant à son actif une démo (Deus maledictus est) et un Ep (Nidus diabolis) et qui offre ainsi son premier album. Ah oui, le groupe joue un black death plutôt extrême, qui n'est pas sans rappeler Sadistik Exekution.
Et le groupe ne fait ni de concession, ni de sentimentalisme. D'emblée, c'est du très rapide, très agressif, avec une signature sonore, apportant un coté noise décadent à l'ensemble. Les titres sont rapides, plus ou moins concis (la moitié ne dépasse pas les trois minutes) et vont remuer ce qu'il y a de plus sombre, décadent et malsain au confins du black. Le trio ne se formalise pas trop sur la musicalité, abordant celle-ci sous un angle peu conventionnel mais qui fonctionne vraiment.
Le trio développe une ambiance particulièrement malsaine, délétère et anxiogène, repoussant les limites de ce que les personnes qui se disent amatrices d'extrêmes pourraient ne pas aller au bout de l'écoute. Le trio a mis en musique un cauchemar doublé d'une apocalypse. La folie et la brutalité ne sont pas en embuscade mais explose directement en plein jour, dévoilant une noirceur et une certaine décadence que des australiens ne renieraient pas.
Le trio développe aussi des rémanences de ce qu'a été le black, dans son expression la plus sombre, notamment lors de la seconde vague. Le groupe met en exergue des caractéristiques typiques de cette période, cultivant aussi bien une vision musicale (avec une forme de nostalgie peut-être?) qu'un travail sur un ensemble malsain, agressif et très sombre. Et peut-être aussi une forme de chauvinisme, rappelant les origines du style. Et pour ce faire, le trio joue la carte de l'altération de la musicalité. On y trouve des altérations, des dissonances ou encore des sensations de pans musicaux joués à l'envers. C'est très construit, très réfléchi, offrant ainsi un étrange paradoxe avec cet album.
Le groupe offre aussi un apport dans le malaise à travers des deux chants, très agressifs et malsains, puisant parfois dans un coté désagréable, pour amplifier ce sentiment que le groupe cultive au long court de ce véloce pamphlet agressif. Les chants évoquent parfois plus des hurlements de démons schizophrènes que des chants 'normaux' (oui, je met des guillemets car les chants sont assez atypiques). Les chants sont plaintifs et collent complètement à l'univers que le trio balance à nos esgourdes.
Le trio ne fait pas de manière et les rares instants où il installe un ralentissement, ce n'est que pour ajouter quelque chose de plus angoissant au coté anxiogène de la musique. Chaque instant de l'album est un hymne à la décadence, au malsain et à un certain désespoir, qui pour le coup semble raffiné dans le genre. On pourrait dire ce que l'on veut mais c'est clairement cohérent, de bout en bout.
Le son est très intéressant. Car malgré le coté noisy qui ressort, il y a un soin apporté, dans ce marasme de violence. Les instruments sont clairement identifiables, offrant des arrangements qui parfois détonnent, car on ne s'y attend pas vraiment. Le placement des chants est aussi appréciable, suffisamment audibles, tout en gardant ce concept qui lui est dévoué par rapport à la musique. Les tonalités et les éléments qu'apporte le groupe au son enrichissent celui-ci, d'autant que le son est étonnament de qualité, jouant là encore avec les paradoxes.
Sickness livre un album qui porte son nom et sa folie. L'album n'est clairement pas pour tout le monde mais est à réserver à un auditoire avertis et amateurs de radicalité extrême. Ceux qui qui correspondent à ce court portrait apprécieront grandement cette pièce musicale qui rend hommage à la folie, la noirceur, à la fois décadente et en même temps intelligemment conçue. Dans le genre, le trio fait très fort!