

MARGOTH 5
PDF5
Cosmomega
Odonata X-1
Les disques du tigre
2 décembre 2025 à 15:54:23
CVD digipack
2024
7 titres pour 44'21''
Une petite vidéo:
Odonata X-1 est déjà passé par ici, sous le nom de Odonata, avec son premier album (https://margothpdf.wixsite.com/margothpdf/coin-des-chroniques-1/gravitational-perturbation). Ils viennent toujours de Limoges et offre toujours cette musique singulière, navigant dans un mélange de stoner, doom et psychédélique.
Alors oui, l'album est sorti l'année dernière et le pauvre attendait (écouté de nombreuses fois entre temps) mais entre tout ce qui arrivait (dans l'existence) et se poser sur un ovni, fallait un peu de temps. Et j'ai pris du retard en masse. Mais bon, on y est.
L'album nous offre 7 titres, dont 1 est en edit version (comme sur le premier album). Et cette fois, le groupe y va plus directement, sans faire de circonvolution et nous plonge dans leur univers avec le titre qui donne son nom à l'album. L'aspect psychédélique est immédiat, se mêlant sans plus de cérémonie à une base doom stoner (qui va varier entre ça et stoner doom sur les autres titres). Il y a une approche qui n'est pas sans m'évoquer l'ère psychédélique des années 70 et sur certains titres, ce n'est pas sans me rapprocher de la période psychédélique de Scorpions et du jeu de Uli Jon Roth (notamment 'Fly to the rainbow', dans l'idée). Ce qui n'est pas déconnant avec Odonata X- pour le coup.
Sur leur premier album, j'avais fait du titre par titre. Ici, ce serait peu pertinent car il faut prendre l'album comme quelque chose de monolithique, massif et surtout, d'une sorte de manifeste sous forme d'une entité composée de 6 parties, se rattachant à l'univers du groupe. Celui-ci nous emmène dans un voyage en dehors du temps et de certains codes (hormis les codes musicaux des styles qu'il taquine), déployant aussi des éléments musicaux et stylistiques évoquant le cosmos, que ce soit dans des tonalités, des éléments des chants ou certaines structures des titres, assez alambiquées pour le coup (mais gardant la cohérence avec le reste). Cela nous enveloppe, à travers un style affiné, mettant en avant une atmosphère particulière qui s'exhale de l'album, à chaque titre.
Mais Odonata va plus loin, explorant vraiment la facette du psychédélique et lui dévoyant des éléments particuliers. Notamment un côté incantatoire et rituel, qui prend parfois une ampleur marquée, ajoutant des voiles vaporeux à la musique. Et qui fait écho à l'idée de voyage spatial, à la version Odonata X-1 bien sûr. Le groupe prend soin de déployer une sorte d'univers parallèle à sa base, permettant de nous faire voyager d'une trame à l'autre, à travers le jeu de construction des titres, de durée assez raisonnable pour le coup (sauf une exception que j'évoquerai). Jeu de construction que l'on retrouve aussi dans la structure même de l'album, dans sa globalité. L'accent est vraiment mis sur cette immersion psychédélique, incantatoire, voire hallucinée, nous embarquant dans la vision singulière du groupe, balayant à l'écoute notre quotidien. Le groupe nous sort de notre espace-temps, pour nous plonger dans leur univers.
Les titres recèlent beaucoup de lien entre eux, entre la musique, des gimmicks (vraiment propre au groupe, on en avait une bonne ébauche sur le premier album), servant à tisser cette trame singulière, presque narrative, comme si la volonté du groupe était de nous capter et de ne plus nous relâcher.
L'album nous propose un voyage mais dont le sens semble inversé, par rapport à ce que l'on attend. On est plus dans un voyage de retour, à revenir d'où l'on est parti avec le premier album. C'est quelque chose qui semble faire un lien avec les deux albums, traçant dans mon esprit l'idée que les albums ont un lien que le le groupe cultive un étrange concept. Mais avec un jeu des échelles différentes. Et un tant soit peu inversé.
Et cela se retrouve dans le jeu des rythmiques et des tempos, plus posés ici. On a peu d'envolées, on reste sur un rythme particulier, collant fortement à cette idée de rituel, avec des rythmiques marquées sur cet aspect et par l'aspect incantatoire. Eléments que l'on retrouve dans différents riffs, qui cultivent aussi cette notion psychédélique de l'espace. On a un tout, quelque chose de monolithique mais qui n'est pas figé. Il se meut, à un rythme différent du nôtre et prend le temps de se déployer et de développer des multiples ramifications, jouant parfois avec les codes des styles, histoire de marquer plus nettement l'approche psychédélique.
Du moins, le jeu des rythmiques et des tempos revêt un aspect très subtile. Si on a quelque chose de bout en bout transpirant un stoner doom (ou l'inverse, selon les besoins), la variété des structures rythmiques offre la possibilité de donner l'illusion que parfois la machine s'emballe, sans que cela ne soit le cas réellement. C'est un jeu subtile, en finesse et qui réussit son effet, ajoutant là aussi un élément qui se rattache au psychédélique. Et le jeu des rythmiques joue avec les riffs et les éléments musicaux essentiels.
Ce qui nous amène, mine de rien, au titre fleuve 'Robot III'. C'est un titre qui fait aussi un lien avec le premier album, dans l'idée du titre fleuve monolithique. Celui-ci rappelle dans sa forme 'Oriental memories' mais en poussant plus loin certains aspects, notamment le côté hypnotique (revenant souvent dans l'album, autre gimmick pour l'aspect psychédélique). Et celui-ci met en valeur la lourdeur qui existe sur l'album, marquant le côté doom mais en y allant de manière plus frontal sur 'Robot III', titre qui me renvoie vraiment à Scorpions et des albums 'Fly to the rainbow' et en partie 'In trance' (dans l'esprit de l'approche, pas du point de vu stylistique évidemment), avec ce côté entêtant, hypnotique, à mi chemin entre stoner et doom. Et qui fait en partie un résumé de ce qui se côtoient dans l'album, sans pour autant y révéler les multiples détails et circonvolutions chères à Odonata X-1.
On retrouve dans l'album la particularité des chants. On retrouve les deux chants (Fabienne et Steff), celui de Steff étant dominant sur l'album, avec ce timbre particulier et qui se laisse à explorer d'autres facettes de son chants. Fabienne se concentre sur 'Odosphère', à la tonalité qui diffère un peu au passage. On retrouve aussi des chœurs, qui parsèment l'album, ajoutant vraiment à la dimension psychédélique et à ce côté incantatoire sur certains passages.
Le son est caractéristique du groupe. Chaleureux, épais, gras, il s'appuie beaucoup sur le stoner et le doom, mettant en avant une basse bien grasse et un jeu avec les sonorités des guitares. On y retrouve des éléments plus spatiaux parfois, apportant cette idée de voyage, d'évasion. Les guitares ont une différence de tonalités qui installent l'idée de différents niveaux d'écoutes et de perceptions, apportant au passage une grande richesse sonore. Un didjeridoo est présent sur le premier titre, donnant un aspect exotique en plus. Il y a un grand soin dans les arrangements, pour ne pas perdre en impact ni perdre l'auditeur en route. Chaque éléments est bien mesuré, bien réfléchi. Les chants sont mixés avec cette idée de psychédélique et d'incantatoire, permettant de jouer sur la profondeur des chants dans la musique, selon les besoins.
Tu l'as compris. L'album est une pépite pour moi, une excellente continuation dans l'univers du groupe. Si tu aimes les groupes atypiques, posés et avec une identité forte, jouant un style s'appuyant en partie sur le stoner doom enrichi, n'hésite pas à aller découvrir cet album!