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Cosmic evoked potential

L'Ira del baccano

Subsound records

24 août 2023 à 15:36:18

Cd digipack

2023

5 titres pour 40'12''

Une petite vidéo:

Le groupe italien formé en 2006 (mais sous d'autres noms avant 2006) officie dans un doom rock psychédélique instrumental. Ceci est leur 4ème album, qui offre quelques singularités, dans sa gestation.

Le groupe a enregistré live l'album, partageant aussi le choix d'avoir un côté instinctif et d'improvisation (qui ici débouche sur un titre improvisé, 'Genziana', durant plus de 13 minutes), dans un vieux manoir de la fin du XVIIIème siècle. Histoire de vous poser un contexte. Et cette façon de faire impacte la musique, bien évidemment mais ouvre aussi des perspectives nouvelles et permet de ressentir quelque chose de plus intimes entre 4 musiciens, comme si le groupe voulait nous inclure dans l'expérience de l'enregistrement.

Les titres, au vu du style et du contexte, ont tendance à dépasser allégrement les 6 minutes (à l'exception du dernier titre, 'Eclipse omega', faisant seulement 2'50') et dès le début, le côté psyché jaillit, nous assaillant avec une certaine tendresse et allant forcément nous emmener dans une élévation stratosphérique, avant de s'enfoncer loin dans l'espace et le temps. C'est l'une des dominantes de l'album, évidemment, et ça me fait penser que mettre en mot ce qu'il y a derrière, c'est plutôt compliqué. Non pas que ce soit mal, loin de là. C'est d'ailleurs excellent, nous plongeant avec délice dans un univers que le quatuor maitrise totalement, ayant leurs codes et leur conception bien en main. La difficulté est de dire ce qu'il y a derrière, au-delà de ce que l'on entend, qui participe un peu à l'essence de cet album.
Alors, oui, très rapidement, les sonorités et les constructions nous emmènent dans un univers au vaste potentiel et à la beauté immuable mais qui essaie de faire passer un concept d'entité globale (comme l'illustre d'ailleurs l'artwork sublime).
C'est du coup plein de subtilités et de finesse, raccord avec la beauté que le groupe essaie de faire ressentir, à travers ses envolées qui jaillissent d'un peu partout mais avec une cohérence pertinente qui fait le lien avec l'autre élément clé de leur musique: le doom.

Et ici, le doom s'impose de sa magnificence, en accord avec l'essence du rock psyché. Et cela amène des moments de bravoure mais pas dans le sens habituel: ici j'évoque la puissance du doom, qui impose sa rythmique et une puissance qui apparait soudainement, servant de support aux circonvolutions plus psychédéliques mais qui fait aussi un lien vers un aspect plus heavy. Et cela impact les titres, en amenant, en plus sens évident de la mélodie, une maitrise de l'aspect rythmique et d'une notion un peu plus singulière de la puissance, que le groupe va alors déployer sous différents aspects. Que ce soit par les mélodies, les sonorités, les rythmiques parfois plus lourdes ou encore le choix de la construction (mais gardant toujours en tête qu'il y a une part d'improvisation et qui sous-entend forcément une entente entre les membres du combo.
Et cela induit un contraste intéressant qu'exploite le groupe, jouant aussi sur les formes, proposant des parties plus puissantes s'opposant (ou complétant) des moments très posés et même totalement célestes (appuyés par des sonorités). Le groupe va ainsi amener des parties plutôt entêtantes, jouant sur la répétition en glissant des éléments variables pour éviter une redondance. Et c'est là que le contraste apparait comme un élément un peu central qui s'associe avec les rythmiques, amenant des putains de transitions à la redoutable efficacité.
A l'image de 'Genziana' qui est exactement le titre qui explore ces transitions et qui a un côté spontané attractif. Les autres titres suivant un schéma de composition, cela permet d'avoir une idée et une vision de la manière dont le groupe perçoit la musique et l'exploration de son concept, associé à son univers assez atypique, il faut bien le reconnaitre.

Alors oui, les titres sont longs, voire très longs. Mais il n'y aucun ennui en vue, loin de là. Le groupe proposant aussi bien des variations, des changements impromptus venant casser une habitude qui se met en place (impossible de se faire chier avec l'album), la manière de virevolter parfois entre les sphères musicales en toute simplicité ou encore l'immersion que nous propose le groupe.
Car oui, c'est très immersif, le groupe nous emmenant dans l'espace (je n'ai pas écouté leur discographie mais l'album marque cet aspect), aussi bien à travers quelque chose de space rock en plus que par des sonorités. Ca appuie cette sensation, laissant libre la lecture de la musique, n'ayant pas de paroles. Mais cela peut aussi glisser vers quelque chose de plus métaphorique (certaines sonorités et l'artwork allant aussi en ce sens).

L'album nous pousse en fait à aller plus loin que notre réflexion pose par rapport à la musique. Le ressenti et la gestion du groupe de sa musique fait que les barrières tombent et avec elles, les repères et les certitudes. Il faut voir plusieurs niveaux à leur musique, comme celle-ci va puiser dans différentes sphères. Le groupe, sans le moindre texte, nous emmène aussi dans un univers qui est le notre que dans quelque chose de plus intime à chacun, à la limite d'une étrange introspection où disparaissent les clivages et pose une manière de concevoir la musique qui s'avère singulière mais clairement captivante. Et avec la volonté de nous emmener avec eux vers nos univers internes respectifs.
Et c'est pour cela que certaines transitions nous marquent, au-delà de la facilité qu'elles ont ou de leur nature même. Le groupe pose vraiment une conceptualisation de la musique qui bouscule en partie les codes, pour mieux nous faire évader. Et cela passe par certains moments où les instruments ont un second rôle ou un rôle différent, notamment en ce qui concerne la basse, qui, parfois, offre quelque chose qui la sort de simple support rythmique pour l'utiliser dans l'immersion ( à travers une idée de champs profond de l'espace). Dans ces moments, le groupe n'hésite pas à parfois inverser les rôles ou même tisser une trame qui va offrir une variation sans pour autant trahir la base créée. Et nous faire subtilement réfléchir.

Le son est vraiment très bon. Que ce soit par les instruments (la basse est très présente et sert sur certains passages de manière plus appuyée), les sonorités qui amène l'immersion ou même les arrangements, parfois complexes mais qui permettent de prolonger celle-ci. On retrouve la puissance, au travers des phases rythmiques plus soutenues (c'est relatif à l'album), à certains riffs mais aussi la subtilité, la finesse et cette volonté d'enrichir l'approche par des détails soignés. C'est parfois assez directe d'un point de vu rythmique et parfois, un onirisme spatiale traverse la musique comme un météore. Mais toujours confiné à quelque chose qui tutoie le sublime.

Même si tu n'es pas amateur d'instrumental, dans ce cas, l'expérience vaut le détour et l'écoute à toute les changes de devenir un voyage initiatique, à la quête de toi-même. Et sinon, c'est juste un moment suspendu de 40 minutes à découvrir.

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