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MARGOTH 5
PDF5
Coeur de cible
Lofofora
At(h)ome
5 février 2025 à 16:28:16
CD
2024
11 titres pour 42'14''
Une petite vidéo:
Je ne te ferai pas l'affront de te raconter une histoire concise de Lofofora, qui existe depuis 1989. Ceci est le 11è album studio sortie le 2 octobre 2024. Et oui, j'ai du retard mais le timing entre la sortie, l'écoute et l'état mon état d'esprit à cette période a fait qu'il ne se retrouve chroniqué que maintenant.
On retrouve dès le début l'ADN de Lofora, entre la musique oscillant entre metal fusion et metal alternatif, le tout porté par la voix emblématique de Reuno. Lors de mes première écoutes avant la date de sortie de l'album, du fait de la période, je le trouvais plus mou (j'avais besoin à la fois d'écouter des groupes violents et d'autres nettement plus sombres). Une fois remis de cet état d'esprit, une autre écoute m'a ramené à la raison et à l'identité forte du groupe.
On retrouve donc des titres assez directs, oscillant entre certains plus posés, avec une énergie nette présente et d'autres plus près de l'exutoire, des petits brûlots comme Lofofora sait en faire. Pas de mystère sur ce point. La construction de l'album tournant autour d'une architecture puisant entre rythmique carrée et parfois binaire à vraiment soutenue. Là où il y a, pour moi, un petit changement, c'est la temporalité des titres (concentrés sur notre époque, avec son cortège de débilité et d'aberrations, mettant en avant une analyse corrosive de la société, via les réseaux sociaux, le rapport à la technologie ou encore le martèlement de diktats...), plus ancré que jamais à notre réalité et la manière, dans les titres, dont la musique va prendre un visage plus proche de la thématique, sans renier l'ADN du groupe. D'autant que les textes sont toujours aussi soignés, réfléchis et percutants.
L'album suit semble une trame qui nous offre un cheminement à travers les titres et les thèmes abordés, semblant dessiner un chemin que le groupe nous invite à suivre, mettant en exergue des aspects bien spécifiques, que chaque titre va avoir de caractéristique, permettant de les dissocier individuellement, tout en offrant la cohérence et la logique d'un ensemble. Les titres ont ainsi des visages différents, certains donnant des structures un peu différentes, reposant sur une alternance de moments relativement posés et d'autres plus rapides. L'aspect fusion est plus marqué parfois, injectant des brides d'autres styles qui se conjuguent complètement à la musique de Lofofora. Cela en jouant avec un thème musical, une rythmique particulière ou une structuration un peu différente (à la manière du titres 'les deux', avec sa ritournelle qui devient le thème dans la partie plus explosive).
Les titres ont aussi une approche plus sombre, à la fois dans la musique et dans les textes. Quand je parle de plus sombre, je ne parle pas de quelque chose de sinistre ou malsain mais d'une gravité, qui fait un lien avec les textes, les sujets et la musique. Notre époque marque ainsi son empreinte dans le musique de Lofofora. Ou plutôt Lofofora nous fait sentir la déliquescence de notre époque. Si on prêtre sans plus d'attention aux titres, il y a vraiment cette approche grave, sombre, qui se recoupe aussi dans des sonorités de guitares ou une approche sonore parfois plus dissonantes. Il y a quelque chose qui joue entre un aspect assez frontal, parfois plus froid et une certaine subtilité qui a toujours existée chez le groupe. Il y a même un peu de cynisme qui suinte ici et là, apportant un angle plus piquant aux textes.
Mais derrière ce constat sombre, grave, qui joue sur la musique, il y a toujours cette lumière au bout du tunnel, qui habille la musique de Lofofora (depuis leurs débuts et à travers les albums que j'ai), posant un regard critique mais plein d'espoir que l'humanité n'est pas terminée (ce qui est marqué ici et fait que j'ai un renvoie vers l'album 'Mémoire de singes' et dont je retrouve quelques brides dans des structures). Cela offre une cohérence à la fois sur l'album mais aussi sur un ensemble plus global, sachant s'adapter à la période dans lesquels sont ancrés les albums.
Et cela se retrouve dans des aspects musicaux, comme certaines montées de gammes, des riffs plus lumineux ou des structures rythmiques où la basse va s'offrir une cavalcade. Ou même dans des sonorités, à certains moments, en jouant sur le jeu des tempos et des variations de rythmes (parfois assez abruptes, d'autres fois tout en finesse, sur plusieurs mesures). Cela nous enjoignant à prendre du recul et de pouvoir réagir et reprendre le bon chemin.
Lofofora nous invite simplement à accepter, assimiler notre passé, apprendre et améliorer, à notre échelle, la société. Et c'est d'autant plus net que sur l'album, il n'y a aps vraiment de titres qui se détache vraiment des autres avec un précipité comme il y en a sur les autres albums. Juste des titres qui vont plus appuyer des aspects plus tendus, structurant habilement l'ensemble et nous permettant d'oublier l'absence de titres plus proche du brûlots (qui n'auraient que peu d'intérêts en plus, par rapport au global).
On retrouve le chant et le timbre caractéristique de Reuno. Toujours cette puissance vocale, avec une modulation dans des sphères différentes ici et là. Un mélange subtil entre fureur et analyse, constat et colère. Ce qui est une des marques de fabrique du groupe.
Le son est celui que l'on connait de Lofofora. La section rythmique est bien marquée, avec une basse très présente, ajoutant son empreinte à une tonalité plus grave de la musique. Il y a un travail sur les tonalités d'ailleurs, ainsi que la texture de la musique, jouant sur l'idée d'opposé avec le côté plus sombre et la lumière, la gravité et la libération (jouant avec l'énergie de la musique). Le son est riche, avec de la puissance et beaucoup de détails, qui apportent une marque bien spécifique à l'album. Le chant et la musique sont comme toujours à l'équilibre, avec la nécessité de laisser les messages être clairement compréhensibles.
Cœur de Cible est un putain d'excellent album que Lofofora nous offre. Au lieu d'offrir quelques brûlots sur l'album, ici, c'est l'album qui est plus le brûlot. Je ne peux que te dire de l'écouter et de l'acquérir pour le mettre au coté des autres albums.