

MARGOTH 5
PDF5
Chose your death
Behead
Burning coffin records (cassette)
29 novembre 2022 à 14:50:59
Dématérialisé
2022
9 titres. Durée: 47'13''
Une petite vidéo:
Behead est un groupe chilien formé en 2011, ayant à son actif et dans l'ordre 2 démos, un Ep, une autre démo et un split. Le groupe officie dans le death thrash et a sorti son premier album, qui est le sujet de cette chronique. Et de découvrir que le Chili possède des groupes bien vindicatifs.
'Moonlight nocturne' ouvre l'album et est une intro qui commence par un piano (mieux que Richard
Clayderman) qui pose rapidement une ambiance assez macabre avant d'introduire la machinerie complète, posant d'emblée un début d'identité et surtout cette impression que ça va poutrer sévère derrière, un certain savoir faire se pointant déjà.
Et effectivement, dès le début de 'Endeless hatred', ça part direct sur un death thrash. Mais pas vraiment n'importe quel death thrash. Car il y a une vision à l'ancienne du death thrash, renvoyant directement au début des années 90. Et putain, c'est terriblement efficace, en plus d'être direct et sans concessions. Car oui, des concessions, il ne va pas y en avoir. Pas de moments fleurs bleues ou de relâchements. Non, rien de tout ça. Le rythme sera soutenu à minima, avec des fulgurances plutôt brutal, porté par des riffs acerbes et des solos de tarés. Oui, ce sont de grands malades et tant mieux! Car le groupe amène dans son death thrash cette volonté de te rouer de coups dès que tu seras au sol mais avec des variations et un goût marqué pour s'appliquer.
On retrouve vraiment ce death thrash, qui renvoie à cette période un peu folle des premiers Sepultura, Pestillence, Carnivore... tout un état d'esprit et un excellent programme que le groupe va nous détailler en détails tout au long de son album. On retrouve vraiment l'essence d'origine à travers la musique de Behead, cette volonté d'offrir une violence soutenu, entre férocité contenue et furie déchainée. Le groupe s'appuie sur des codes bien établis mais avec un sens du devoir indéniable. Et cela s'entend à travers différents éléments qui structurent l'album.
D'abord il y a ces riffs que j'évoquais, incisifs, acerbes, tranchant comme un rasoir et pouvant pourtant amener des passages mélodiques au sein de la brutalité ambiante, rendant celle-ci encore plus massive (parce que, mine de rien, c'est comme un tank qui te tomber dessus en sortant de chez toi). Les riffs ne sont pas là pour être décoratifs. Ils servent à véhiculer des émotions brutes, en même temps qu'une ambiance globale assez sombre mais servent aussi de tendons pour lier les structures et animer la bête créée.
Ainsi, les structures sont certes caractéristiques mais ont la particularité de nous ramener au début des années 90. Elles exhale un parfum de nostalgie, d'une certaine vision musicale. Et le groupe joue aussi, à travers elles, avec les codes du styles, en même temps que cette nostalgie jouissive. Et cela permet au groupe d'offrir des passages où leur death thrash devient vraiment bestial voire purement primitif, laissant alors un instant les émotions complexes se reposer au profit d'émotions plus primaires. Et offre une structuration en même temps qu'un certain contraste bien vu et l'essence même de ce qu'ils sont. C'est brutal mais avec une variation de celle-ci.
En effet, le groupe mise sur différentes rythmiques (à minima soutenu), alliant des moments plus martiaux à d'autres plus complexes mais n'hésite pas à caser le moule (pour mieux déstabiliser et offrir là aussi un impact efficace) et introduire quelques breaks qui, du coup, sont d'une revêche saloperie extrêmement jouissive, introduisant dans notre raclée quand on est au sol le concept de pétage de cervicales. Et c'est d'autant plus efficace que le groupe n'en abuse pas, en introduisant peu, se focalisant sur les riffs et les structures essentiellement (et c'est peu de dire que c'est technique quand même).
Le groupe joue aussi sur la durée des titres. Ceux-ci peuvent être de durée assez marquée (entre 5 et 6 minutes) et cela participe à l'effet que le groupe instaure. Et s'avère être aussi une des armes de celui-ci, puisque les codes exploités se servent des durées et offrent ainsi une variété dans les titres, toujours avec cet état d'esprit des années 90 et une vision précise qu'à le groupe du death thrash. Il y a ces structures folles et d'autres qui reviennent, donnant cette ambiance particulière et savoureuse à la musique du groupe. C'en est que plus claire qu'il y a de la folie restitué dans la musique, pour notre plus grand bonheur. C'est très prenant, efficace et nous plonge directement au cœur du marasme que le groupe nous balance sans fioritures.
Le chant ne fait pas dans le détail et est aussi un des éléments qui offre cette plongée dans cette nostalgie. Le chant se situe vraiment entre les deux types de chants (death et thrash), avec un timbre particulier, un peu rocailleux que les chant, agressif et guttural, permet d'exploiter. Ce chant qui nous renvoie aussi à la période mentionnée plusieurs fois.
Mais le groupe ne s'arrête pas là. L'effet bœuf vient aussi du son. Putain, ce son! Massif, le son porte aussi cette identité, ce côté agressif, un peu sale et cette folie dominante. Le son est gras, avec cette caractéristique sonore qui vient vraiment du passé et à laquelle le groupe ajoute le son de la basse, inégalable, avec ce claquement des cordes, à la fois chaleureux et brutal (oui, ce n'est pas incompatible). C'est un des éléments de l'entité Behead. Les guitares ont un son légèrement différent, qui amène cette modulation qui existe dans les titres, amenant une sorte de hiérarchisation un peu chaotique (mais paradoxalement logique) dans les titres (et qui participe clairement à cette efficacité et cette folie).
Behead livre un premier album jouissive, sans le moindre doute, ni concessions. C'est un retour dans le passé, à la fois jouissif et qui pourtant nous ancre à notre époque. Un album brutal, puissant et, l'ai-je dit, jouissif! Un groupe à découvrir et soutenir!