

MARGOTH 5
PDF5
Chaos vector
Summoner's Circle
Autoproduction
20 août 2021 à 14:51:28
Dématérialisé
2021
9 titres. Durée: 37'31''
Une petite vidéo:
Summoner's Circle est un groupe américain formé en 2015 officiant dans un registre un poil vaste, englobant le death, le black et le doom, le tout dans un concept lovecraftien. Dis comme ça, ça peut paraitre soit bien, soit puer du bec.
D'entrée de jeu, après une intro, le groupe embraye sur un black death assez vindicatif mais ayant la bonne idée d'offrir une palette de saveurs, que l'aspect doom charge un peu plus de noirceur malsaine mais plus posée. Cela permet au groupe de tisser une trame progressive intéressante car amenant une grande variété dans les rythmes et les structures, tout en conservant une cohérence qui se retrouve de bout en bout.
Il y a une part de mélodique qui suinte, contrastant avec les moments plus chargés. Mais ne vous attendez pas à un assaut débridé, on en est loin. Et, aussi incroyable que ça peut l'être, ce n'est pas plus mal. Car le groupe distille une ambiance délétère dans sa musique, jouant avec les codes des styles et offrant une maitrise dans sa vision qu'il propose.
Les ambiances se créent via des riffs mélodiques mais aussi par la présence d'un clavier, ayant un rôle important mais sans non plus être omniprésent, laissant ainsi au groupe la possibilité d'exploiter différentes voies, qui se rattachent à l'univers pas très joyeux quand même. Cela se fait sur du mid-tempos essentiellement, avec des variations (plutôt au ralentissement et à la lourdeur poisseuse mais offrant quelques accélérations qui aèrent l'ensemble).
Les structures ont une tendance à se ressembler parfois, me faisant pousser parfois un soupir presque d'ennui. Mais je me dis que c'est sûrement lié au concept en lui-même. Mais ce qui me réveille alors, ce sont les variations de thèmes que le groupe propose, jouant avec les structures voire offrant même des passages en total contraste mais sans lesquels on aurait un manque. Mais parfois, j'avoue que c'est un peu plus brouillon, trop de choses arrivant en même temps (en plus d'un son parfois douteux).
L'aspect black domine relativement sur le reste. Ce n'est pas ce qui me transcende le plus ici, le black étant assez classique. L'apport du death et du doom (qui apporte un peu plus de légèreté) est plus intéressant car cela permet au groupe d'engendrer des passages flirtant parfois avec un certain onirisme sombre, prenant une teinte qui devient alors proche d'un conte noir sous forme musicale ou déviant vers quelque chose de plus sophistiqué, titillant les limbes d'un opéra qui se dissimulerait bien loin, tout au fond. Et cette astuce réside dans le chant.
Celui-ci est très varié, le coté black dominant aussi mais offrant de nombreuses rugosités d'autres spectres musicaux, qui enrichissent clairement l'ensemble (et évite une monotonie). La bonne trouvaille est l'apport d'un chant d'opéra ('terminus egress', durant 9'12''', offrant un excellent titre) ou encore quand le chanteur part dans d'autres registres.
Le son est sympa, bien propre. Pas de problème de ce coté ou du coté de la puissance. Ce qui coince parfois, ce sont des sonorités assez cheap, qui évoque fortement les sons 8 bits des consoles des années 80 (Master System et notamment la Nes, pour ce son...). Et là, je ne comprend clairement pas l'utilité, à part nous faire décrocher. Et à de rares moments (heureusement), il y a trop de choses qui se télescopent (et quand tu ajoutes ce son 8 bit...).
Alors, est-ce que ça pue du bec ou est-ce bien? Clairement, ça ne pue pas du bec. C'est vraiment pas mal, arrivant à m'emmener dans leur concept, notamment via le travail sur les ambiances et le coté onirique. Ce n'est pas parfait mais il y a clairement un bon gros potentiel et ça fait donc un groupe à découvrir.