MARGOTH 5
PDF5
Castle rock
Pills for tomorrow
Autoproduction
25 février 2024 à 09:50:37
CD
2023
6 titres pour 25'36
Une petite vidéo:
Pills for tomorrow est un groupe formé en 2021 autour d'un duo à la base, évoluant dans l'indie pop rock (pour faire simple). Sur ce coup, deux regards vont se poser. On va commencer par celui de Mylène.
Bon! Ton boulot t'a appelé. Tu ne veux pas y aller car ton simple expresso n'a pas agit! Du coup, tu te rabats sur ton capuccino doux et adoré. Ayé, dès les premières notes de douceur de la mousse de lait, tu fonds et ça va mieux? Bon ça veut dire que ton disque de Pills for tomorrow que tu t'étais mis en fond sonore t'a aidé. Si tu veux quelque chose de doux afin de te réveiller tranquillement, fonce, c'est pour toi! Alors mention spéciale au titre numéro 5 "Shadowplay" qui est une reprise de Joy Division (mais moi, les premières notes, ça m'a fait penser à "losing my religion" de R.E.M.).
Mon regard (Benoit):
J'ai été mis en contact de la musique par le titre 'Will be a light'. C'est ce qui m'a fait tenter l'expérience de ce groupe. Alors oui, on est surement dans la production la plus éloigné de la violence et du metal ici. Le duo qui est la base du groupe offre une approche indie pop rock avec un côté psychédélique qui ressort (et encore, je simplifie). J'ai eut beaucoup de mal a entrer dans le truc, il m'a fallut quelques écoutes.
Effectivement c'est relativement lent, très planant. On est sur un entrain plutôt tranquille, dans une musique très posée, presque aseptisée (mais ce n'est pas si simple là aussi), avec des structures vraiment simples. Le rythme ne varie que peu, basé sur ce tempo posé où les deux voix se posent. On a presque un rythme qui parait léthargique, sans pourtant être rédhibitoire (ce qui ouvre un étrange paradoxe). Il y a un certain équilibre qui se dessine au travers des 6 titres que nous propose PFT.
Il n'y a pas d'urgence dans la musique, c'est une approche très calme, qui recherche un moment où l'on peut se poser, débrancher le cerveau et laisser couler le temps tranquillement. Alors oui, pour moi, il manque quelque chose, notamment dans mes premières écoutes. Impression qui s'estompe par la suite, du fait qu'une fois entré dans l'univers du groupe, il y a des choses qui se révèlent intéressantes, en plus d'être lié plus à un état d'esprit, surtout à l'écoute (et passer d'un goregrind à PFT, c'est un démembrement au lieu d'un grand écart).
Les textes sont simples (mais pas simplistes), m'éloignant fortement de ce que je peux entendre (et je pense à moult groupe déployant des concepts ou explorant la psyché et autres domaines humains, comme le fait PFT de manière plus succincte). On est loin, pour moi, du questionnement et du rapport à l''humain, si on fait peut cas de l'attention à la musique lors de l'écoute.
Au début, j'ai vraiment eut du mal à suivre le groupe, la musique me semblant trop linéaire pour moi. Limite à m'ennuyer. Il y avait vraiment un mur invisible, du genre à me demander pourquoi j'écoute ça et j'ai été tenté de lâcher l'affaire. Mais quand Mylène l'a écouté alors que je faisais complètement autre chose, c'est là qu'il y a des éléments qui en sont ressorti. Mylène évoque judicieusement un fond sonore et c'est peut-être là que PFT va te piéger.
Comme je l'ai dit, un titre m'avait servi de contact avec l'univers du groupe. Et c'est vraiment ce qui est la clé. Le groupe développe certes une musique très apaisante et psychédélique mais je ne peux ne pas évoquer une approche qui va titiller quelque chose de plus onirique porté par la voix de Nathalie. Et ce rythme que je trouve parfois léthargique trouve finalement sa légitimité par rapport à la vision et l'approche que véhicule PFT, avec un côté plutôt lumineux, déployant un côté positif, sortant de la grisaille du quotidien.
Pills for tomorrow demande d'abord un survol global, comme une écoute en fond sonore, pour y plonger plus profondément. Et c'est là que progressivement, des éléments plus marquants vont s'imposer. Comme certains riffs qui vont se montrer résolument puissants, ouvrant un contraste entre le tempo, l'approche musicale et cette puissance qui déferle. Et c'est là que certaines structures vont être intéressantes à entendre, jouant sur la simplicité des patterns de batterie (j'y trouve beaucoup de continuité (peu de changements) - venant fortement de ce que j'apprécie naturellement, avec de la complexité, de la vélocité et autre), qui n'est pourtant pas simpliste. Il y a quelques variations de jeu, subtils, qui jouent justement avec l'approche musicale, ouvrant une continuité qui joue sur l'immersion.
Le côté aseptisé ne l'est pas tant en réalité. Le groupe offre des facettes qui imbrique leur musique vers quelque chose qui est plus dense qu'il n'y parait. Et qui va amener un décalage sur la musicalité qui est intéressant, jouant sur des contrastes mais aussi sur la forme, en injectant des fragments venant d'autres sphères. Mais à la manière PFT, avec parcimonie et subtilité. La finesse étant le maitre mot de leur musique.
Et c'est ce qui sert de base et d'explication aux textes assez simples. Ces derniers ne sont pas simples car le groupe se veut accessible. Non, ils sont simples car le groupe pose une embase calme qui lui permet de tisser discrètement des textes qui vont toucher à l'intime et aux émotions, permettant d'explorer différemment des aspects humains, tout en offrant une bouffée d'oxygène. Mais aussi de glisser des paraboles et une conception plus philosophique. Point besoin d'en faire trop du coup, au risque de perdre l'auditeur et l'effet recherché.
Le groupe déploie aussi des ambiances et des atmosphères, liées au côté psychédélique, qui tissent cet aspect un peu onirique. Mais ce n'est pas dans la facilité de la continuité. PFT pose des moments où la musique se simplifie dans son atmosphère, devenant plus brute, rejoignant le côté intimiste.
Et le coté planant de leur musique permet justement de pouvoir offrir un biais pour assimiler leur approche et leur vision, avec ce que le groupe souhaite explorer. Mais derrière le côté planant, il semble y avoir quelque chose de plus brut qui se terre, ne demandant que le temps pour venir se mettre un peu plus en lumière.
On retrouve deux chants. Nathalie pose le chant principal, très éthéré, ajoutant à la dimension psychédélique et onirique. Son chant est très posé, semblant être mesuré à chaque mot, apportant l'idée d'une importance au texte mais aussi à la manière de l'apporter. L'autre chant est secondaire. Un chant masculin, venant en renfort, parfois sous forme de chœurs, de manière ponctuelle mais qui apporte alors une densité qui se recoupe généralement sur les riffs plus puissants évoqués.
Le son est excellent. Alors oui, on est loin des standards du metal. Ici, c'est plus mesuré, plus accessible. Ce qui n'empêche pas les riffs puissants qui vont contraster avec ceux plus posés, souvent en arrière plan. La basse est collé au rythme de la batterie. On peut l'entendre, en étant attentif, basse et batterie étant un même noyau rythmique. Les arrangements, avec le séquenceur, sont très pertinents et apporte cette dimension atmosphérique et ce rapport aux émotions. Les chant sont mixés au niveau de la musique, pour appuyé le psychédélique et l'aspect onirique. Et peut-être que cela affilie le groupe à un aspect éloigné du post punk.
Pills for tomorrow est très éloigné de mes goûts habituels. La persévérance et surtout le temps de prendre d'abord globalement leur musique est nécessaire pour y entrer. C'est plus dense qu'il n'y parait, avec un sous niveau qui se dévoile. Les fans du style devraient aimé et les plus curieux pourraient bien découvrir un groupe qui change, avec une identité surprenante mais qui capte l'attention sur la durée, en nous piégeant (agréablement).