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Carnivorous Lunar Activities

Obeisance

Autoproduction

12 janvier 2023 à 16:09:20

Dématérialisé

2022

8 titres. Durée: 31'15''

Une petite vidéo:

Obeisance est un groupe américain, sous forme de duo actuellement, formé en 1992 à El Paso au Texas. Fort d'une discographie assez conséquente, le groupe livre ici son huitième album et nous offre un double effet. L'écoute s'est faite via bandcamp (donc limité) et youtube (illimité mais un son au fraise par rapport à bandcamp).

Dès les premières notes, on embarque dans un thrash black qui ne fait pas dans la dentelle, la finesse et la subtilité. C'est très direct, bestial, malsain et pourtant, ça va vous titiller la nostalgie. Car le groupe nous plonge dans un univers entre Venom et les premiers Sepultura. Peut-on le dire? Oui. Bienvenu en enfer!

L'album balance huit titres sans concession, ni moindre temps mort. L'agressivité est omniprésente, avec une intensité qui ne décline pas un seul instant. Le groupe nous propose ni plus ni moins qu'un véritable brûlot de haine et de malsain, qui se révèle un parfait exutoire jouissif. C'est une ode à la brutalité, à la violence, en même temps qu'une plongée dans un autre temps, tout en rappelant insidieusement que l'on est en 2022 (bon, 2023 aujourd'hui).

Ca envoie du bourrin, c'est très clair. Ici, n'espèrerez pas de temps moi, le duo n'en a que faire. Ici compte l'intensité, la violence et la vélocité. Car ça va vite, très vite avec des titres pouvant pourtant déployer une durée assez conséquente mais sans tomber dans un quelconque ennui. Le groupe ne laisse pas de répit et l'enchainement des titres nous propulse dans leur univers sombre, glacial et malsain. Ce qui offre un curieux paradoxe, leur musique offrant, dans son exécution sans fioriture, un petit côté chaleureux. Si ça vous surprend, c'est parce que ce mixe entre Venom et Sepultura (époque 'Morbid visions', 'Bestial devastation'). Ca vous prendra forcément aux tripes, avec cette approche qui s'avère réjouissante.

Les titres sont tous sur le même modèle. C'est peut-être quelque chose qui peut déplaire ou lasser mais ici, il n'en est rien. Car cette approche désuète mais brutale apporte des structures qui, ici et là, nous raccroche à notre époque, sans pour autant casser la dynamique que crée le duo dès le début de ce pamphlet. Et il joue du coup sur cette ligne entre un black primaire, malsain et un thrash old school, proche des racines du mal et s'accommode pour fusionner ce qu'il y a de plus malsain et vindicatif dans les deux styles et les restituer dans leur plus pur véhémence.
Certains passages sont douloureux pour les cervicales, le duo jouant très légèrement sur le tempo, en installant une lourdeur, le tempo ne baissant que de peu (genre un tgv qui ralenti de 300 km/h à 290). L'écart est peu important mais suffisant pour amener une notion diffuse d'une certaine atmosphère poisseuse, que quelques intros renforcent. Il y a ainsi un malaise discret qui suinte de certains titres, ajoutant une couche supplémentaire à ce marasme de noirceur. Mais il y a aussi une étrange polarisation de la musique qui, parfois, donne envie de taper du pied (ou de se jeter contre un mur, c'est selon les goûts de chacun, je ne juge pas mais moi, je ne suis pas maçon).

Il est indéniable que malgré cette approche primitive et très directe, le duo offre un travail sur les sonorités. Car si la base est celle d'un thrash black primaire et violent, le groupe introduit un travail sur le son, notamment via des sonorités particulières, ici et là, offrant, en même temps qu'une identité sonore, le résultat d'une quête vers le moyen de transcender une vision et de la restituer sous la forme d'une entité musicale sombre et décadente. Car oui, il y a un côté décadent dans la musique d'Obeisance. Et putain, que c'est bon. Car le groupe joue avec les codes des styles mais aussi les structures.
Car si celles-ci sont plus ou moins récurrentes, il y a quand même quelques petites variations qui s'avère d'une rare viciosité, qui font sacrément le travail pour mettre un peu plus de malaise et de malsain dans le chaudron du duo. Ca paraît tout bête mais c'est une idée brillante et qui introduit forcément la sacro sainte notion qui m'est chère de cohérence.
Parce que, putain, la cohérence est présente dès le début, sans laisser de place à un quelconque hasard. Et cela permet de pouvoir structurer l'ensemble de l'album, permettant aux autres structures d'offrir des niveaux intermédiaires, offrant une densité assez importante, malgré l'angle d'attaque plutôt primitif. Et tout ça ne manque pas de mordant, l'album développant une thématique tournant autour de la lycanthropie et tout ce qui se lie au domaine, incluant des notions occultes. Et c'est là que ça colle complètement à ce que le duo propose, de manière viscérale.

Le chant évoque très fortement Venom mais sans pour autant être une copie. Martin développe aussi son identité propre, qui apporte quelque chose à l'atmosphère qui s'exhale de l'album. Il offre certes peu de variations dans le timbre mais dans la manière de chanter, il y a quelques subtilités qui font leur effet et donne une épaisseur supplémentaire au chant.
Le son est un peu raw, volontairement. Il marque vraiment cette appartenance à cette thrash black à l'ancienne, sale, malsaine. La batterie offre ainsi un son crû, un peu live dans l'approche, où la guitare est abrasive. Mais le coup de masse vient par la basse, grasse, agressive et omniprésente. Les deux (guitares et basses) laissent même entendre parfois le son caractéristique des cordes manipulées. Le son n'est clairement pas laissé au hasard, loin de là. Il participe à l'identité du groupe.
Obeisance est une excellente découverte, qui livre avec cet album une véritable ode à la brutalité qui plaira aux amateurs de violence! Je recommande chaudement!

© Margoth PDF

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