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Caribay

Roraima

BMC Productions

15 juin 2022 à 15:38:25

Dématérialisé

2022

7 titres. Durée: 40'56''

Une petite vidéo:

Roraima est un duo (Geiver pour les instruments et Teresita au chant) de Caracas au Venezuela, formé en 2014 (auparavant un projet instrumental) et qui était passé par ici en 2021 avec le prédécesseur 'WR'. C'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai ainsi reçu de la part du groupe le nouvel album qui nous intéresse ici.
Roraima évolue dans un black metal atmosphérique aux multiples facettes et ayant pour thématiques le folklore mais surtout la nature, ce qui lui donne une approche plutôt dark dans son essence au travers du black.
Dès le premier titre, le duo nous invite dans un voyage où il y aura beaucoup de détails et de subtilités. Geiver, qui est l'âme derrière Roraima crée littéralement une trame musicale sur laquelle des nappes viennent s'ajouter, créant quelque chose qui touche directement à l'émotionnel, en essayant de rendre un hommage à la nature. Et pour ça, la musique se repose sur des mélodies de guitares, prenant le temps de créer des atmosphères où la subtilité et la finesse ne sont pas loin mais sans jamais oublier les racines musicales de Roraima.
Sur cette trame, très émotionnelle (un élément important dans le groupe), les rythmiques vont venir construire à leur tour quelque chose de plus typé black, d'une façon plutôt agressive et rapide. Il y a un travail marqué sur les rythmiques, qui, même si à l'essentiel elles sont rapides, offrent beaucoup de variations dans le jeu, ainsi que des appuis qui renvoient au coté atmosphérique et à la grandeur de la nature. Et lorsque que l'on sait que cet album s'intéresse au parc national Sierra Nevada au Venezuela, on comprend alors un peu plus le sens de ce que l'on peut entendre, musicalement. Car à l'image de la variété et des contrastes du parc, la musique adopte les même codes, créant un ensemble dense de détails et d'aspects très différents mais qui se complètent totalement. Rien n'est laissé au hasard, tout est calibré et mis à sa place, de façon réfléchie.
Et l'alternance de phases plus virulentes où la mélodie peut aussi exister et de phases nettement plus posées crée cet univers particulier et foisonnant du groupe, qui fait le parallèle avec l'aspect nature. Et cela se ressent dans les parties atmosphériques ou part les fulgurances épiques qui ponctuent l'album. Car oui, il y a une dimension épique dans l'album, qui nous prend dès le début, nous offrant aussi bien des cavalcades sauvages que des immersions dans de vastes domaines où la liberté semble régner. Et à travers ce prisme, le groupe nous emmène bien plus loin qu'un simple voyage dans un univers black. Le groupe se transcende et pose parfois des moments intemporels, qui ne se rattachent plus à notre simple dimension.
Et l'on comprend alors que la musique a pour but de montrer la beauté de la nature et de rendre hommage à quelque chose qui nous dépasse et nous lie tous. On le ressent dans certains éléments plus particuliers de la musique, que ce soit des sonorités, un jeu particulier ou même une structure qui s'éloigne des canaux habituels. Parfois, on flirte avec un aspect cultuel, presque de dimension religieuse ('Caribay' offre quelques passages très inspirés de ce coté).
Le chant est donc tenue par Teresita. Il oscille entre un black furieux et un dark inspiré, poussant les limites du black dans ses retranchements et amenant un contraste complet qui pourtant ne choque pas et est totalement imbriqué dans l'essence même du groupe. Si il n'offre que peu de variation, il rejoint la musique en ce qui concerne la charge émotionnelle et l'aspect épique qu'il peut revêtir.
Le son est excellent et toujours aussi particulier, en poussant les aigus en avant, offrant un son qui va mettre en avant un peu plus certains éléments de la batterie (cymbales, crash...) et offrir un panel intéressant en ce qui concerne les guitares (où les sonorités et les gammes peuvent grandement varier). C'est très bien vu!
Roraima nous livre un nouvel album très abouti, qui continue son hommage à la nature. Ceux qui ne connaitraient pas ce groupe, je vous conseille de vous y plonger. Vous ne le regretterez pas, s'éloignant des gimmicks du genre.

© Margoth PDF

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