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Call me inhuman The sun - The fight - Part 5

Asylum Pyre

Ellie Publisihing (Ellie promotion)

30 mars 2023 à 14:47:53

CD

2023

12 titres. Durée: 54'52

Une petite vidéo:

Asylum Pyre est un groupe de power metal moderne formé en 2003, avec une chanteuse. Le groupe développe un concept complet, à travers un manifeste vert, qui est développé depuis le premier album en 2009 et qui continue donc sur ce 5è album. Ce groupe m'est totalement inconnu et qui plus, navigue dans un style que je n'écoute pas ou par accident, au milieu d'une playlist qui part dans tous les sens.

Alors, forcément, le power metal a des codes bien spécifiques qui me laissent indifférent, à quelques exceptions de certains titres de groupes (et encore, je ne suis pas sur que ce soit du power metal). Donc, autant dire que j'étais point emballé mais comme je reçois le cd et que je suis en contact avec celle qui gère la promotion, je m'y suis penché.
Alors oui, on va faire vite sur l'aspect power metal: mélodie, puissance et une certaine approche épique marque la musique du groupe (et par une certaine approche, je veux dire qu'il y a des moments vraiment épiques, très puissants). Mais honnêtement, à la base, le seul intérêt qui pourrait être accrocheur habituellement, se situe au niveau de la batterie, le reste me laissant de marbre. Les plans liés au style en lui-même me passent dessus, sans trop éveillé mon intérêt. Il y a des gimmicks propres au style qui ne m'accroche pas spécialement.
Mais ici, on tient un groupe qui me fait mentir. Et de manière intelligente. Car le groupe est une bande de petits coquins et coquine (oui, je rappelle qu'il y a une chanteuse). Pourquoi vous interrogez vous peut-être, inquiets, suspicieux ou avec une goutte de sueur qui coule de votre tempe vers le bas de votre mâchoire. Et bien tout simplement que le groupe intègre des éléments apportant un côté moderne (par des loops et des insertions plus électroniques) mais surtout d'autres styles, tout en offrant une approche qui privilégie la variété sans renier la puissance (que l'on retrouve dans le chant, les riffs, des structures...).

Ainsi, dès le début, il y a cette voix masculine au chant guttural (mais pas toujours), qui apporte un côté doom death qui colle complètement à l'ambiance que le groupe crée à la fois dans ses titres et dans l'album. Cette ambiance est même plus une atmosphère réfléchie, posée, qui amène l'attention sur le sens du détails du groupe. Cela passe donc par les atmosphères dans les titres et une maitrise de l'impact des refrains. Il y a cette maitrise du mélange entre épique, musicalité et une approche qui va impacter à la fois la musique elle-même, les ambiances mais aussi ce côté naviguant dans divers styles, tout en conservant une cohérence en béton. Il est clair que l'on ne peut pas dire que non, des titres nous font penser à un autre groupe ou qu'il y a un côté décousu. C'est clairement le contraire: c'est solidement soudé, très bien contrôlé et pesé. Et cela joue sur l'impact.
Mais le gros tour de force est que le groupe arrive, à travers certains titres où l'aspect symphonique se démarque plus, se rapprochant d'une forme d'opéra, à m'évoquer Avantasia (un groupe que j'apprécie de par son approche, ma femme en étant une mordue) et qui parfois va même faire penser que les membres du groupe ont changé avec de nouveaux. Et cela me parait naturel, ne me sortant pas de l'univers que le groupe tisse au long de son album. Il va pousser le concept au maximum, sachant s'arrêter au bon moment.

Cela permet au groupe de jouer sur des structures qui offrent des nombreuses variations, ainsi que des ambiances puissantes, qui se recoupent à travers des moments épiques, très accrocheurs amenant un équilibre de jeu entre le chant féminin de Ombeline et celle de Johann, qui lui va être plus ponctuel et joué sur des teintes généralement plus sombre. Et le groupe nous réserve ainsi beaucoup de surprises, de changements et de modulations qui apportent de la matière et de la densité, à la fois à la musique mais aussi à leur univers et la trame qui se déroule. Cela le rend palpable, concret.
Et les rythmiques ne sont pas non plus laissées au hasard. Il y a une gamme importante, qui collent à l'ambiance du moment, passant par des éléments tribaux, plus électroniques ou même quelque chose de plus proche d'une approche hiphop parfois. C'est intéressant car le traitement, au-delà d'apporter variations et corps à leur univers, permet d'ouvrir des possibilités que le groupe explore avec brio.

Les titres vont parfois explorer des thèmes plus marqués musicalement, quittant le power metal pour des contrées plus exotiques. Mais toujours avec en arrière plan quelque chose qui semble un peu plus sombre, que l'on retrouve à travers des éléments évoquant le doom death, jouant une sorte de clair obscur musical. Et cela se transcendent dans la musicalité, sortant clairement des seuls éléments rythmiques.
Le groupe nous emmène ainsi quelque de plus jazzy (le début de 'happy deathday') avant de virevolter entre power metal, ce côté jazzy et ces relents doom death. Et cela amène une notion de puissance qui va aussi s'inscrire dans une certaine lourdeur qui apparait parfois, offrant un contraste sous forme de contrepoint au côté épique qui domine.
Cela permet au groupe d'amener une sorte de hiérarchisation dans son approche mais en éclatant complètement ce que l'on perçoit de celle-ci. Il retourne ce concept, pour mieux l'intégrer à la fois et sa vision de la musique.
Et cela engendre une sorte de trame narrative où les deux chants vont amener une sorte de dialogue mais pas dans le sens usuel que l'on en a. C'est nettement plus subtil, offrant du même coup là aussi un contraste avec le côté épique et la puissance des titres.
Alors oui, avec le power metal, ça amène parfois des passages qui me paraissent un instant plus ennuyeux mais qui sont essentiels à la compréhension du concept et aux transitions que le groupe injecte, pour densifier tout en gardant cohérent et lisible son concept.

A l'écoute en continue, il y a une dimension particulière qui se développe et explose, s'appuyant à la fois sur le concept et les insertions d'autres éléments musicaux, venant aussi bien de l'opéra que du jazz ou du doom death que sur la nature même de la musique. Ca crée une immersion intéressante (qui disparait quand je fais la chronique car je suis obligé d'essayer d'avoir une cohérence et une réflexion), qui va bien plus loin que la musique elle-même. Et cela doit rejoindre pleinement le concept, dont la plus grande partie m'est inconnue du coup.
Et c'est là que lorsque l'on fait attention au côté épique et à la puissance, aux refrains accrocheurs, il apparait une forme de retenue, de finesse, qui s'expose, recoupant le sens de la mélodie mais surtout amène la notion de travail des sonorités et textures. Ca apparait alors comme quelque chose de primordial, qui semble une chose importante car elle est très présente dans le dernier titre 'Call me inhuman', qui offre une sorte de ballade et en même temps recoupent des éléments du premier titre 'Virtual guns'. Le groupe nous fait alors une mise en abime soudaine, à l'étrange efficacité et qui offre un paradoxe savoureux en ouvrant sur un même thème musical deux aspects radicalement différents.
Si cet aspect est en réalité très présent, il est diffus sur le reste de l'album et prend vraiment son importance sur le dernier titre, créant une atmosphère singulière, qui fait un lien avec le premier titre et qui nous amène à un aspect certainement plus philosophique, qui se cache derrière les textes (en même temps qu'une histoire, il doit y avoir une trame philosophique en plus d'une analyse qui doit se recouper sur tout le concept).
C'est là que l'on prend ainsi la profondeur du concept en pleine gueule, sans autre forme de procès et que l'on découvre l'immensité de celui-ci, avec des implications vastes qui sortent clairement du strict carcan musical, se rapprochant très certainement d'une philosophie de vie. Les titres créent une histoire qui va bien au-delà de sa simple existence. Les détails qui parsèment l'album abondant dans ce sens. Tout s'avère lié, au-delà de la simple étiquette musicale. Et c'est peut-être ça qui retient mon attention et me fait plonger dans l'univers du groupe.

On trouve deux chants. Le principale étant tenu par Ombeline, proposant une voix puissance, dans un registre power metal mais allant s'aventurer dans d'autres sphères, comme le jazz, le blues ou même des incursions plus proche de l'opéra. Son timbre offre une certaine polyvalence qu'elle met au service des ambiances, de la puissance amis sait aussi aborder des passages nettement plus en retenus. Le chant est toujours juste, pouvant offrir une forme assez débridée, contrastant avec les moments de retenus, appelant des instants plus solennels. Et qui rejoignent quelque part le côté philosophique.
Le second chant est masculin, porté par Johann, amène de la rugosité avec un chant parfois guttural, typé doom death mais va aussi abordé un chant clair, plus en retenu. Son chant guttural ne va pas dans l'excès ni être en décalage avec la musique. Il est là pour amener de la texture et de l'épaisseur, mais aussi donner du détail en complément du chant d'Ombeline. La notion de chant du coup dans le groupe glisse vers quelque chose d'un peu différent, les chants n'étant pas uniquement ce qu'ils sont mais plus l'incarnation d'entités, qui recoupent le concept, l'histoire et glisse cette idée de philosophie.

Le son est excellent. Très clair, puissant, chaque instrument est bien audible, incluant la basse. Les chants ne se couvrent pas et ne vont pas enfoncer en la musique. Les détails plus spécifiques ne sont pas amener au hasard, un travail soigneux étant apporté au arrangements en même temps qu'à la place qu'ils occupent, leur impact et la nécessité de concrétiser quelque chose d'abstrait. Le clavier et les loops ne sont clairement pas ostentatoires et ont leur importance au sein de la musique . Qui plus est, l'approche avec les différents styles amènent des éléments propres à ces genres sans pour autant devenir des éléments qui surchargent la musique, laissant l'écoute être lisible.

C'est une excellente découverte pour moi qu'Asylum Pyre. Son approche moderne du power metal fait que le groupe offre quelque chose qui sort des sentiers battus, en plus d'offrir un concept riche et un univers cohérent, à travers une maitrise de la puissance et une certaine culture de l'art de mettre des concepts en musique de façon cohérente. C'est franchement bien foutu. Vraiment excellent et immersif.

© Margoth PDF

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