Bukowski est un groupe qui existe depuis plus de 20 ans, dont j'ai entendu quelques titres ici et là, qui ne m'ont jamais touché. Je n'ai jamais eut l'envie de me plonger dans un album du groupe, celui-ci n'éveillant pas mon intérêt. Et donc, At(h)ome m'offre l'opportunité de pouvoir poser une oreille sur un album complet.
Mettre une étiquette sur ce que le groupe fait n'est pas vraiment évident, le groupe mêlant du stoner, du hard-rock et du metal. On dira que l'on part sur une base d'un rock puissant, avec du caractère, sans le moindre doute.
J'ai tardé un peu sur cette chronique, voulant quand même aller plus loin que les 2 ou 3 écoutes complètes que j'ai fait, histoire d'essayer d'aller plus profondément que là où mes impressions se sont arrêtées. Mais j'ai beau essayé, le groupe ne m'accroche pas plus que ça. Pas que ce soit mauvais, loin de là (il y a certains aspects qui sont très plaisants, j'y reviens plus loin) mais musicalement, ça ne me touche pas plus que ça à l'écoute (ce qui ne m'enlève pas l'idée que le groupe peut-être plus intéressant en live). Ce que le groupe propose est bien maitrisé, homogène mais pas non plus linéaire, le groupe offrant diverses facettes. Mais je n'accroche pas plus que ça, leur musique m'étant trop lointaine et me donnant l'impression d'écouter quelque chose de radiophonique (bon, on est d'accord que le groupe mettrait quand même haut la barre). Leur musique me paraît trop calibrée pour un public en particulier (mais pas stéréotypée, loin de là, celle-ci ayant clairement ses propres gimmicks et personnalité (on ne peut pas nier que leur musique leur est propre)) et du coup, elle me passe dessus comme la pluie va le faire.
Le groupe s'entoure aussi de deux invités dont aucun des deux ne me parlent (en regardant, l'un vient de Enhancer et le second m'est parfaitement inconnu du coup), ce qui offre dans deux titres un apport de vision / d'approche différentes, offrant des teintes différentes à leur musique (mais me touchant encore moins, notamment dans les incursions hip-hop / rap (rayer la mention inutile)). A ces moments là, on a plus encore cette impression radiophonique (en lorgnant outre atlantique ou outre manche, l'intention étant quand même plus qualitative que les grandes ondes françaises). Et il y a cette impression que c'est fait pour cocher cases de codes à respecter. Pourquoi pas, le tout étant cohérent.
D'un point de vue plus générale, les titres sont assez énergiques, avec un travail sur les rythmiques (même si parfois j'y trouve une certaine rémanence). Le groupe offre ainsi des titres évoluant dans leur rythmique et tempo, offrant des variations qui peuvent contraster, s'appuyant en partie sur les codes des styles sur lesquels se construit leur musique. Et le groupe joue du coup sur ça, entre le chant, les riffs ou les rythmiques, amenant du brossage d'atmosphères pouvant être puissantes ou à contrario, plus feutrée. Et c'est à partir de là que l'on arrive à certains aspects qui me plaisent bien.
Justement, il y a ce travail sur les ambiances, se basant en partie sur les codes musicaux mais aussi sur cet aspect homogène que j'évoquais où le groupe avance un paradoxe plus hétérogène, offrant du coup cette cohérence, de manière un peu inattendue. Et dans ces ambiances, le chant peut être très modulé, offrant plus de subtilités que ce que j'aurai pu croire. Car au-delà des ambiances, il y a une grosse charge émotionnelle.
Et ça, je ne l'ai pas vu venir, ce qui est plutôt une très bonne surprise. Si certains passages sont plus mélancoliques, certains titres développent vraiment une approche naviguant sur cette trame mélancolique, y travaillant diverses formes. Et celui qui est l'un des plus puissants dans le genre est pour 'Breathin' underwater', qui offre aussi, avec le chant, quelque chose qui va évoquer un peu le meilleur de Stonesour associé au rock de base de Bukowski. Et ce titre est surement ce qui est le plus personnel du groupe, avec ce riff qui est juste une évocation de plusieurs éléments en même temps, un rappel du temps, une nostalgie en même temps que des souvenirs de films qui t'ont marqués. On est sur quelque chose à la fois d'universel et en même temps, de très personnel, sur le ressenti de tous un chacun.
D'une façon plus globale là encore, il y a aussi la structuration des titres et la découpe plus générale de l'album, qui lui donne un défilement qui n'est pas linéaire, car apportant des variations, des moments plus improbables, qui viennent casser la moindre tentative de redondance. Et il y a aussi quelque chose de plus imperceptible qui apporte un point intéressant: l'album offre une sincérité. Car même si j'évoquais un aspect radiophonique ou un cahier des charges pour respecter de codes, il est clair que le groupe ne triche pas, la preuve en étant la cohérence sur toute la durée de l'album, même lorsque les invités apparaissent.
Et c'est ces éléments ensemble qui me font dire que le groupe doit valoir le détour en live, prenant une tout autre dimension.
Le chant est très riche. Offrant différentes approches et teintes, il sert à véhiculer aussi bien les idées du groupe que les émotions, offrant parfois des instants qui s'échappent un peu du temps (et parfois, associé à la musique, s'échappe des carcans usuels). Le chant peut être plus posé comme prendre un aspect plus puissant, sans jamais virer dans une quelconque facilité.
Le son est très bon. Si la musique dégage de la puissance, celle-ci ne repose pas que sur ça. Là aussi on a de la subtilité, aussi bien dans les arrangements que dans les détails, travaillant sur les accroches émotionnelles ou plus structurelles. Appréciant la basse, même si celle-ci n'est pas trop mise en avant, on peut néanmoins l'entendre, si on prêtre un minimum attention à la musique. Et le son offre un paradoxe, à la fois par un coté brut et une finesse qui se rencontre parfois, offrant une dimension musicale là aussi intéresante.
Les fans du groupe devraient clairement aimer cet album, ainsi que les amateurs de rock avec du caractère, qui plus est le groupe montrant une sincérité non feinte. Même si personnellement l'album me laisse indécis, il est clair que si l'occasion se présente, j'irai voir ce que donne Bukowski en live, certain que c'est là qu'il prend toute sa dimension.