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Boogeyman

Anthropovore

Music Records

16 mai 2022 à 15:13:01

Dématérialisé

2022

9 titres. Durée: 54'37''

Une petite vidéo:

Anthropovore est un duo (Stéphane et Simon) issu d'une partie de Muertissima qui voulait faire une musique agressive et être un retour aux sources. Après un premier album en 2020, le groupe est revenu avec ce second album pour le moins très énervé. A minima.
Le premier titre 'Ave Satani' nous brosse une esquisse de ce qui suivra: un black death à l'ancienne, bien furieux, malsain, sombre et délétère. Et en réalité ce titre, court au regard des autres, ne sert que d'intro à quelque chose d'encore plus virulent et très malsain qui pose des atmosphères très loin de la fête foraine et de soirées feux de camps (ou alors, c'est un feu de camps, genre un camp qui flambe. Sinon, je ne vois pas quoi d'autre). Et dès 'Boogeyman', le duo enfonce d'environ 15 crans la pédale de la violence et du malsain (oui, parce que si quelqu'un trouve cette musique joyeuse, faut consulter). Le groupe développe une ambiance tout au long de l'album qui va explorer les recoins les plus sombres de l'humanité, à travers ce black death sonnant old school. Et propose d'aller aux limites du style, décidé à défoncer les limites. Alors oui, c'est barbare, malsain, sombre mais c'est fait de manière intelligente, le duo suivant son concept qu'il développe au long des titres de l'album.
La barbarie ne se fait pas de façon basse du front, bien au contraire. Le duo pose des sections très différentes, explorant différentes facettes de la brutalité, engendrant des tempos très différents, offrant des structures denses et efficaces, en même temps qu'un cheminement que l'on suit. La brutalité puise dans un black très sombre, rapide mais qui offre différentes ouvertures sur des variations. Certains passages m'évoquant clairement Marduk, dans sa forme la plus brutale (il y a quelque chose aussi qui suinte un peu à la Emperor). Et c'est là un tour de force du duo: la polyvalence de leur black death qui offre différents visages sans non plus tomber dans une facilité quelconque, bien au contraire. Le duo offre un travail important dans des structures retournant aux sources les plus viscérales du style, prenant un coté parfois plus primitif, exutoire complet du duo. Et de nous mener dans des paysages de noirceurs et de désespoir ayant pourtant une certaine esthétique indéniable.
Car le duo, mine de rien, utilise aussi les esthétismes et des codes musicaux du black qui nous entraine dans des évocations de quelque chose de plus classique (littéralement, certaines passages très bref titille des éléments venant de la musique classique) qu'il manie et marie avec des fulgurances. Et d'engendrer dans la beauté de mélodie une virulence inattendue, extrêmement efficace et brutale. Chose que l'on retrouve dans les phases les plus primitives.
Ca défonce de façon non stop, en variant la raclée néanmoins. Le duo offre de rares moments où il laisse un court répit (genre quelques mesures, faut pas déconner non plus, on est pas dans de la musique pour une école primaire). Anthropovore propose une hiérarchisation de la brutalité, créant son propre panthéon de la violence, mêlant colère, noirceur et dégradation de l'esprit humain. Ca peut aller très vite, avec une rythmique épileptique (et parfois plus martiale), ce retrouvant pondéré (c'est tout relatif) par une mélodie qui fait mouche, au milieu d'un maelstrom de violence presque sans limite. On se retrouve souvent pris dans des pièges à cervicales ou avec une furieuse envie de tout taper (le sol, un volant, l'air (oui, faut être vraiment motivé)... On a un véritable mille-feuille de rythmique, posées en strates où chaque couche va encore plus te démonter la gueule. Et c'est d'autant plus fort que les titres peuvent dépasser les 6 minutes sans soucis.
Il y a un travail sur les ambiances, que ce soit en intro de titre ou dans les titres eux-mêmes, créant des atmosphères très fortes, puissantes, collant à l'esprit que le groupe veut restituer. Et ces ambiances ou atmosphères ne viennent pas diminuer l'intensité, bien au contraire: elles semblent être un catalyseur, une des pièces servant à la machine qui détruit tout sur son passage. Le duo pousse son art dans les retranchements et va bien associé musique et thématiques. Et là aussi, c'est diablement malin!
On le sait facilement car le groupe nous offre 3 titres en français, où les textes sont particulièrement corsés, bien écrits (car creusé) et nous font plonger encore plus facilement dans le monde malsain de la bête. Ca nous ouvre les portes de la compréhension du concept et de ce qu'est l'entité Anthropovore, garant d'une forme d'un art noir malsain et ancien. Et de nous aider a aussi comprendre ce qu'il y a derrière, au-delà de la simple musicalité, afin de pouvoir prendre le concept à pleine main. Les mots ne sont pas choisis au hasard et la duo propose des mots ou expressions forts, liant le tout, engendrant une cohérence absolue.
Le chant est très caractéristique du groupe. L'empreinte black est omniprésente, restant dans les tonalités du style, avec quelques petites variations plus marquées ponctuellement.
Le son est très massif, s'avérant agressif, avec une profondeur dans les basses. Les instruments sont clairement audibles, avec un basse qui est volontairement plus marquée, pour appuyer le coté malsain de la musique. Les guitares se posent avec un mur, bien massif aussi et une qui sert à distiller des mélodies (qui amplifient parfois le malaise).
Anthropovore est une excellente découverte, qui ne fait pas dans la finesse et s'avère livrer un album foutrement jouissif!

© Margoth PDF

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