My name is nobody est un projet crée en 2006, fort de 6 albums et une palanquée de concerts. Le projet navigue dans un registre qui m'est à la fois singulier et étrange: la folk chanson française. Projet derrière lequel on trouve Vincent Dupas. Et ce nouvel album.

Alors, c'est clairement le projet le plus éloigné de mes goûts que je chronique. Ce qui m'a accroché, c'est le premier titre 'I will never ever return', qui est assez marqué par un côté folk dont les influences cité par le press kit (ainsi que les groupes ou artistes avec lesquels il a partagé la scène). L'aspect folk fonctionne bien sur ce titre, amenant un enthousiasme plaisant partagé. Le titre en anglais fait illusion puisque s'appuyant vraiment sur les codes de la folk (qui est ici au sens large du style). Le titre partage aussi quelque chose qui vient du rock alternatif, en une version plus posée. Mais ce n'est pas ce qui va être vraiment la dominante de l'album.
Car dès le second titre, chanté en français, il y a une dimension plus pop qui arrive, pop version chanson française (et plutôt côté variété française). Et là, pour moi ça coince. Je n'enlèverai clairement aucun des qualités qu'il y a dans l'album. L'album montre vraiment un aspect grand public, qui me parait parfois très aseptisé. Clairement, l'accroche disparait et laisse la place à des titres pouvant défiler sans me toucher. Cela dit à la fois de la musique (des artistes ou groupes folks donnent plus d'efficacité ou me touchent plus). Ici, c'est plutôt très variable.

L'idée en elle-même de mêler des styles à priori différents fonctionne, dans la limite que l'on apprécie ce genre de mélange et ce côté qui me parait très léger, parfois naïf (mais c'est surement voulu, collant à l'univers musical qui se développe sur l'album). Quelques structures maintiennent néanmoins un intérêt, notamment dans un angle plus pêchu, offrant parfois quelque chose qui serait par instant folk rock, puisant dans l'imaginaire du style américain ('Mustang'). Il nous offre aussi des moments qui proposent une amorce plus profonde, jouant un peu avec le codes mais sans jamais aussi franchir le pas et oser d'y aller franchement.
Il y a des codes utilisés qui sont pertinents (l'idée de l'orgue ici et là, utilisant des sonorités en rapport avec la folk) mais ce n'est pas suffisant pour moi pour maintenir mon attention. Ca manque cruellement de moments qui posent réflexion dans la structure ou la forme, d'instants où la profondeur devient plus importante. J'ai l'impression que ça reste en surface, sans vraiment creuser plus loin (et je trouve ça un peu dommage, y trouvant un potentiel gâché). J'ai bien conscience que c'est lié à mes goûts et que là, c'est la limite atteinte.
Un autre point me bloque aussi. Le chant est en anglais ou en français. En anglais, si je n'y prête pas attention (ce qui est plutôt un besoin chez moi, vu me niveau bof), ça fait illusion. Mais les textes en français viennent malheureusement briser cette illusion. La marque de la chanson française s'imprime ici.
En soi, les textes sont bien écrits mais je suis habitué à des textes, si en français, abordant des thèmes plus puissants, plus profonds, nettement moins lambda. Ici, c'est plus quelque chose d'universel, même si il y a un côté intime qui ressort ici et là. Les textes ne m'offrent aucun point de réflexion ou de suivre un concept ou un fil rouge. Par rapport à beaucoup de choses que j'écoute, c'est très léger et superficiel. Ici les thèmes sont plutôt banals.
Donc oui, clairement, j'ai du mal. Aussi bien à l'écoute qu'à écrire la chronique. Mais il y a pourtant des éléments (qui en plus de ceux qui me gênent peuvent plaire à d'autres) qui sont intéressant et pas vraiment là où l'on si attend.

Il est indéniable que c'est posé . Un rythme nonchalant de bout en bout, sans crainte d'un quelque trouble plus énergique. C'est posé, calme mais en aucun cas léthargique. C'est assez logique au contexte musical et des textes. Il y a une part d'intimité que Vincent dévoile aussi, avec une forme de naïveté, forcément liée à l'univers de sa musique. Et derrière, il y a quelque chose de plus poétique, parfois plus onirique, se dévoilant dans les textes et certains éléments musicaux, qui apportent un peu plus de richesse. Mais il y a aussi de la sincérité qui découle de la musique de My name is nobody.

Le chant est en français et en anglais. Un chant tout ce qu'il a de plus classique mais le timbre de voix de Vincent est assez chaud, assez un côté apaisant, collant avec sa musique et faisant un lien avec la folk (du moins, dans l'idée que l'on peut en avoir).
Le son est très bon. Malgré l'approche du style, il y a beaucoup de finesses et de détails qui donnent vie à l'univers de My name is nobody. On a beaucoup de clarté, de légèreté et c'est ce qui apporte une partie poétique à certains moments.

Même si j'ai du mal avec My name is nobody (avec ce que j'ai dit écrit plus haut), il est certains que ceux qui sont plus proches des approches posées et ayant une affinité avec la chanson française trouveront surement leur compte, s'offrant au passage une découverte qui pourrait les enthousiasmer. Tentez votre chance si vous êtes de ce camp!