MARGOTH 5
PDF5
Bloodthirst ritual
Coming Wolves
Music Records
1 août 2024 à 15:14:29
Dématérialisé
2024
5 titres pour 22'56''
Une petite vidéo:
Bloodthirst est la troisième production du trio furibond et sympathique Coming Wolves formé en 2019 et géniteurs d'un précédent Ep suivi d'un album. Ils sont revenu avec cet opus, se rappeler à nos bons souvenirs.
Le groupe y va frontalement, dès le premier titre. On retrouve ce mélange metalcore plutôt énervé et fusion, avec toujours ces relents death mais qui, ici, vont se mêler à des choses plus proches d'un metal moderne, s'offrant une voie d'exploration musicale. Le groupe a toujours ce sens aigu de la construction, associant des riffs puissants avec une rythmique très massive, injectant des passages syncopés plutôt douloureux pour les cervicales, voire même, ici et là, ce qui ressemble à des moshparts, distillant une pincée de thrash, plutôt à l'ancienne, avec cette approche agressive.
On retrouve donc la patte du groupe, entre structures et chants mais avec une évolution qui se fait de nouveau, le trio affinant de plus en plus son entente et par voie de conséquence, sa musique. L'alternance de passages mélodiques et d'autres plus violents sont bien présents, rejoignant le chant spécifique de Jim, qui lui aussi s'aventure parfois dans d'autres sphères (j'y reviens plus loin). Mais la grosse évolution est le côté assumé d'une part de ténèbres du groupe, qui se retrouve dans la musique, entre les ruptures, les breaks et l'agencement de ces relents death ici et là, où un thrash old school veut parfois s'immiscer. Cela engendre une atmosphère très particulière, d'autant que le groupe apporte aussi une évolution sur le son, plus cru, plus sale, renvoyant une part de moi-même à des groupes des années 90, plutôt vers le début et ce côté underground marqué d'alors. Il y a une empreinte d'un ton décomplexé qui apparait. Mais ne t'y trompe pas: ici le côté sombre et cette approche plus décomplexée sert de vecteurs à des thèmes puissants, poussant l'auditeur à la réflexion, à travers des thèmes sociétaux forts, voire pouvant être dérangeants (violences faites aux femmes, ravages de la drogue)...
C'est là que le groupe joue sur un élément intéressant, par le côté narratif des titres, ceux-ci étant la paroles d'un individu omniprésent, glissant la fracture du quatrième mur quelque part, les paroles semblant nous être adressés. Et qui explique la variété des titres, notamment dans la construction amenant ce mélange entre brutalité et mélodie, ramenant des éléments que l'on connait du groupe à d'autres qui sont plus innovants, notamment dans des patterns de batterie surprenants et ultra efficace ou encore la paire guitare / basse qui offre quelques passages non conventionnels mais ô combien efficaces!
Le groupe a toujours cette gestion mélodie / brutalité, servis par des riffs ou des structures excellentes et réservant quelques surprises. Mais il y a aussi la fusion que le groupe maitrise qui apporte son lots de nouveautés, notamment dans les styles et dosages de chacun en son sein. Et on a ainsi des passages très singuliers et inattendus qui nous arrivent en pleine face et offrant ce rappel de contrastes cher au groupe.
Mais au-delà de tout ça, il y a une forme de mélancolie qui explose (et qui se module de différentes manières), notamment sur 'Of love and blood'.
La batterie offre aussi une approche évolutive, que ce soit par le son ou les patterns que Striker développe, avec plus d'impact et une une structuration un peu différente. Il amène clairement sa patte dans des structures différentes, qui se mêlent avec réussite aux structures découlant des riffs ou du jeu de la basse. L'ensemble a un angle d'attaque un peu différent mais qui découle logiquement de la continuité des deux précédentes productions.
Le chant de Jimmy est intéressant car il garde des éléments spécifiques, comme l'alternance de chants clairs rythmés et d'un chant saturé, parfois plus guttural, expliquant ces relents death (qui trouvent aussi échos dans certaines parties musicales). Mais il marque aussi une évolution, en glissant aussi bien la mélancolie dans son chant, appuyant l'ambiance sombre, que le choix d'aller offrir des variations et caresser d'autres champs vocaux, qui marque à la fois une différence nette et qui, pourtant, est en totale cohérence avec le reste. Son chant offre aussi une polarisation plus marquée, manifestation des deux pôles qui se dessinent. L'idée gardé d'offrir un écho saturée de sa voix avec le chant clair est toujours aussi efficace, qui plus est quand il change un peu la règle et va offrir un angle d'attaque différent complémentaires. Putain, ce chant est très bon!
Le son est excellent. Celui-ci offre une évolution: il est plus cru, plus sale, marquant un aspect plus abrasif, servant à incarner cette part sombre. La guitare notamment a un son plus saturé vers des aigus, jouant le contraste avec la basse, toujours présente, qui offre son pendant plus vers des basses, parfois volontairement dans des fréquences plus basses, ajoutant sa part au côté sombre. L'association des trois instruments est à l'équilibre, avec un travail sur les sonorités, qui joue sur les aspects primaires de la musique du trio. Le chant se place à l'équilibre du tout, puissant, audible. La batterie a un son plus altéré, plus cru, avec des caisses claires très singulières. Mais collant totalement avec l'atmosphère que le groupe crée et qui est totalement cohérent.
Ce nouvel Ep de Coming Wolves est de nouveau une pépite. L'évolution est là, bien présente mais ne trahissant pas la nature profonde du groupe ni son ADN. J'ai pu les voir une fois en live et il est certain que les titres sont taillés pour le live (et vont faire mal). Incontournable!