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Blood era

Sphere

Deformeathing productions

20 juillet 2023 à 14:45:26

CD

2022

9 titres pour 43'30''

Une petite vidéo:

Sphere (le logo laisse aussi lire Spitfire, c'est marrant cette illusion) est un quintet polonais de death formé en 2002 et qui possède à son actif une démo et 3 albums, sortis entre 2004 et 2015. 'Blood era' signe donc leur 4è méfait.

Après une intro qui veut nous plonger dans une grandiloquence cinématographique, le titre démarre après un son d'infra basse qui te faire dire que ça risque de piquer. Le morceau se met lentement en place et... c'est la raclée. Le groupe lâchant directement un death à plusieurs facettes avec une voix juste hallucinante. Et de dépeindre rapidement une ambiance malsaine, plutôt brutale, avec des fulgurances qui te font passer dans un autre espace temps. Avec des éléments très martiaux qui viennent accentuer la brutalité, en même temps que ressortir un autre aspect, juste par contraste.

Le groupe offre surtout trois facettes de death: un death plutôt classique, une facette brutal death (avec un florilège d'instruments de souffrance) et une facette qui aborde un certain sens de la mélodie. Le death classique va se situer principalement à travers la musique, avec des structures dont on à l'habitude. Sur ça, rien de très innovant. C'est plutôt factuel mais asséner avec précision. Le groupe propose ainsi des passages pouvant être des instant de répit, gardant quand même un point de noirceur et jouant avec des riffs très mélodiques parfois, avec une technique marquée. L'aspect rythmique glisse néanmoins quelques subtilités enrichissant ce death, amenant aussi quelques petites trouvailles (mais qui vont paraître anecdotiques avec le reste). Le tempo amène quelques ralentissements et joue sur une trame plus ou moins rapide. C'est ce qui sert de base au monstre auquel le groupe insuffle la vie.
Parce que, outre la voix, leur death va rencontrer cette facette plus extrême, avec une soudaine explosion de brutal death repoussant les limites. Ce brutal death se place de manière alternée, semblant aléatoire et qui apparait pour bien te marteler la face ou t'annihiler les cervicales. Le tempo peut alors s'embraser et devenir extrêmement rapides, lâchant des brides de brutalités sans aucun restriction, fleurant un instant un relent qui évoque un goregrind ultra brutal. Mais le gros de cette facette reste quand même cette construction martiale, volontairement brutale, prenant le partie de quelque chose de sombre et mauvais, dans le sens humain du terme. Car il est indéniable que cet aspect instaure une noirceur sans équivoque, plongeant l'auditeur dans un monde de noirceur et de haine. Cette facette vient vraiment s'imbriquer dans la trame death de base, offrant une complexité marquée. Le brutal death offre aussi deux oppositions en matière de tempo, créant un effet plutôt efficace. En effet, même si le tempo est plutôt régler sur pied au plancher voire pied dans le plancher, quelques phases bien lourdes arrivent ici et là, avec des variations de transitions, jouant aussi bien sur la forme que le fond. Après, la répartition des tempos rejoint l'association des deux facettes de death dans son exécution: c'est aléatoire te cela rend le tout beaucoup plus intéressant et brutal.
Le dernier aspect joue sur deux tableaux, dont l'un est quand même étonnant, au vu du contexte. Le groupe introduit une notion très cinématographique, recherchant un effet grandiloquant, qui fonctionne. Il apparait en introduction des titres ou lors de passages amenant un moment de répit dans le flot de violence continu. En effet, le groupe propose aussi une facette death mélo, contrastant avec le reste mais avec le but évident (et réussi) d'amplifier la violence et la virulence du tout. Cela apporte aussi des moments distillant brièvement une plénitude étrange (avant de bien te retourner comme un gant et de se torcher le cul avec ta dépouille). Cette approche est intéressante car le groupe l'exploite sans excès et avec la volonté de creuser le sujet, d'offrir des strates supplémentaires à sa musique.

Avec tout ça, tout groupe sérieux se dirait que ça va, c'est dense. Il y a de quoi faire. Mais voilà, Sphere n'est pas un groupe sérieux quelconque. Et il va plus loin, en intégrant des éléments dissociatifs, des ruptures, des altérations ou même des fragments d'autres styles (de manière parcimonieuse, renforçant l'efficacité). Et c'est surtout qu'il y a des petits détails qui jaillissent soudainement, qui te font dire 'ho putain', avec un sourire, surement niais, à la face. Le groupe va par exemple glisser une approche résolument plus moderne, avec un clavier qui prend des sonorités de synthétiseurs ou des éléments sonores restant dans une tonalité se rapprochant de l'ambiance du titre ou de cet univers global plus sombre. Qui plus est quand le groupe sort des structures d'un autre univers ou que des patterns de batterie te font soudainement bloquer car c'est juste improbable et pourtant tellement dans la logique et la cohérence de l'ensemble.
Car au-delà de tout ça, Sphere est un groupe qui n'est pas là pour rire, faire de la figuration ou de la broderie (bon, après, je ne connais pas leurs loisirs). Leur but est de nous mener dans un univers sombre, malsain, nous glissant parfois dans un autre espace temps (oui, à l'écoute, il y a une notion de temporalité qui apparait au fur et à mesure des écoutes, servant de terreau, en partie, pour les titres et la construction temporelle de l'album).

Le chant est bien guttural, très saturé, offrant des incursions qui peuvent descendre très bas dans les graves. Comme un ogre qui maugréerait. Quand le chant arrive pour la première fois, c'est d'ailleurs le premier rouleau compresseur qui t'arrive en pleine gueule (les autres suivent derrière). Le chanteur ne se cantonne pas à ce type de chant et va proposer de la variété et aller voir des chants entre deathcore et black, jouant sur les effets de chants de manière efficace.
Le son. Hahahaha! Le son... C'est une grosse claque dans la gueule. Point de compromis, tout est volontairement massif, soulignant la brutalité et mettant dans le même temps en valeur les détails sonores. Les instruments sont là pour bien écraser ton esprit (même si, au vu du côté gras du son, la basse soit trop discrète). La batterie est très présente, aussi bien de par les fulgurations que pour ces patterns improbables soudains. Tout est fait pour marqué la brutalité et offrir un contraste entre la mélodie et la violence. Le chant n'est pas perdu dans la musique et cette dernière ne se retrouve pas caché derrière le chant, le groupe ayant pris un soin évident au mixage.

Sphere offre une bonne grosse branlée pour tout fan de death ou de brutalité intelligente. Ne réfléchissez pas et foncez directement!

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