

MARGOTH 5
PDF5
Black Queen
Uncomfortable Knowledge
Autoproduction
11 novembre 2021 à 10:56:12
Dématérialisé
2021
8 titres. Durée: 32'38''
Une petite vidéo:
Avec un retard me caractérisant pas mal, voici mon apport à l'édifice du groupe Uncomfortable Knowledge (au scrabble, tu éclates tous le monde avec leur nom) qui a sorti son album le 25 septembre dernier. Bon pour ma défense, étant peu adepte de l'écoute en ligne (pas évident pour une écoute libre), il m'a fallut quelque créneaux pour des écoutes complètes.
Alors, UK est un groupe gardois, plein de fougue, de fureur et de subtilités (oui, ce n'est pas incompatible) nous venant du Gard, que vous avez pu découvrir par ici avec deux clips en mars, nous propose donc un mélange foutrement bien vu de sludge hardcore (ou l'inverse, c'est comme tu veux!). Ce qui est sur d'office, c'est qu'il y a de la puissance derrière.
'Mirror' ouvre les hostilités de l'album, avec cette approche propre au groupe et qui, sur ce titre, oscille vraiment entre les deux styles et permet de brosser un peu ce que l'album va être, entre une certaine finesse et des moments de puissance, voire de défouraillage (dans le contexte musical). Ce titre déploie une certaine mélancolie qui fait mouche et qui sera un élément qui se distille dans l'album. Mais ce ne sera pas aussi simple dans la suite, vous vous en doutez forcément. Car ce que nous propose le groupe est intéressant et bien plus dense que ce qu'il parait.
En effet, le groupe joue avec les codes inhérents aux deux styles, arrivant à leur trouver des similitudes et de cultiver leur opposition au sein des titres de l'album. Et cela engendre pas mal d'idées, des variations et une certaine richesse musicale.
En ce qui concerne les idées, qui engendrent une partie de la richesse, celles-ci sont fort nombreuses, que ce soit via les structures, le coté technique ou dans un coté plus émotionnel. Car oui, il est indéniable, que le coté émotionnel est clairement omniprésent, en partie par ce coté mélancolique qui sied complètement à l'approche du groupe. Et cela leur permet pas mal de possibilités, en matière de ressenti ou de jeux avec les codes. Mais aussi d'offrir un large spectre de détails musicaux.
Le sludge se retrouve au travers de passages pouvant avoir un certain coté éthéré, malgré la lourdeur qui peut s'imposer, offrant une souplesse musicale assez inattendue du fait de l'antagonisme des deux éléments. Et certains titres appuient vraiment cet aspect, créant des moments très poisseux qui pourtant garde un coté aéré, évitant de tomber dans un marasme oppressant, qui ne collerait pas avec le reste. Le groupe contrôle son apport sludge, ne versant pas dans l'excès, bien au contraire. Il module le dosage, ouvrant dans le but d'offrir une cohérence et un contraste mesuré.
Au-delà de ça, le sludge du groupe développe un coté chaleureux, très attractif, qui nous captive directement, auquel la mélancolie vient parfois se joindre, ainsi que des éléments plus typés hardcore, offrant des moments à la fois puissant (à différents points) et assez grandiloquents, à l'image du titre 'Black Queen'. Titre pratique pour glisser vers l'aspect hardcore du groupe.
Car le hardcore est clairement l'autre élément clé du groupe. A n'en point douter. Celui-ci va s'exprimer de façon plus ou moins brute. Le groupe offre ainsi des moments assez intense de ce coté là (le mariant avec le sludge dans des oppositions complémentaires régulièrement), permettant un certain défouloir et de pouvoir développer un jeu de rythmique aussi bien différent que plus intense, au travers d'éléments comme des breaks (pouvant être purement hardcore ou glissant brutalement vers le coté sludge de la bête). Le groupe réserve quelques moments intenses, où les cervicales peuvent faire du sport (et dans ce cas, la fusion sludge hardcore est généralement complète).
Le hardcore permet aussi au groupe de pouvoir casser le coté mélancolique par un ajout de puissance, d'énergie et d'un coté plus lumineux, offrant ainsi une différence de ressenti émotionnel en même temps qu'une approche radicalement différente du reste. Mais bon, évidemment, c'est aussi un poil plus complexe. Car si l'album oscille de bout en bout sur le fil entre les deux registres, le groupe, petit coquin qu'il est, clôture celui-ci par le titre 'Guzzlers' qui va bien au-delà de tout ce que j'ai écrit, puisque le titre n'est ni plus ni moins que la fusion complète des deux styles, au travers d'une structure où les codes des deux courants sont à la fois fusionnés et un peu explosés, appuyant alors de manière étonnantes les caractéristiques de chacun. Il s'agit du titre le plus hardcore et le plus sludge en même temps de l'album.
Mais la musique seule ne ferait pas le show sans le chant. La voix de Guillaume, avec son timbre un peu chaud n'y est étranger à l'accroche de l'album. Car son chant repose sur la modulation et l'exploration des deux registres, lui permettant de pouvoir aller bien au-delà des codes des deux styles. Il pose aussi une partie de la mélancolie de l'album, tout en offrant un certain spectre vocal large tout à fait digne. Il navigue d'une certaine finesse à un coté plutôt brut, au besoin des titres ou plutôt des aspects se dévoilant au travers des titres. Le chant essaie d'être toujours juste dans sa présence, n'étant jamais présent sans vraiment de sens.
Le son du groupe est aussi un élément qui fait partie de l'ADN du groupe. Qui dit sludge dit forcément son chaleureux et une basse présente. Et avec le hardcore, la basse est aussi importante. Donc on a une présence de la basse apportant un coté chaleureux en même temps que le coté impact de celle-ci. Les autres instruments ne sont pas en reste et sont tous très présents, laissant aussi à la batterie le plaisir des subtilités. La musique et le chant sont équilibrés. Le son développe aussi un petit grain, qui au-delà de l'aspect chaleureux, amène un petit plus indescriptible mais clairement bien pensé.
Uncomfortable Knowledge offre un album qui est nécessairement à découvrir et qui, au-delà de celui-ci, donne envie de découvrir le groupe sur scène, les titres ayant un sacré potentiel live. Personnellement, j'irai les voir le 11 décembre au Kjbi (chercher sur facebook...) et surement me prendre une claque live. quoi qu'il en soit, découvrez ce groupe!