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Black beast

Dépérir

Adipocere Records

21 juillet 2022 à 14:01:24

Dématérialisé

2022

11 titres. Durée: 47'05''

Une petite vidéo:

Dépérir est un groupe formé en France en 2011 qui a migré au Canada, dans la province de Québec en 2013. Vie du groupe, changement de line-up, sortie d'un premier album ('Dépérir'), le tout en mode assez dense que je simplifie à fond. Et donc le groupe propose ainsi son second album qui nous intéresse ici.

Avec un nom comme ça, il n'y a pas beaucoup de possibilités concernant le style. Heureusement, le groupe est là pour nous aider, dès le début de l'album, avec le titre éponyme ('Black beast', pour ceux qui sont au fond): c'est du black, ni plus ni moins et plutôt direct. Mais voilà, comme souvent, ce n'est pas aussi simple. Même vraiment pas.
On enlèvera pas que c'est du black, très clairement. On est sur un black sans concessions mais dont le groupe ajoute d'autres éléments qui viennent bien amplifier le coté sombre et assez violent de base. Pour le situer, ça m'évoque dans divers passages un peu Judas Iscariot, ce qui n'est pas pour me déplaire, bien au contraire (et donc un black typé des années 90). La dominante black brosse un tableau assez sombre, où la violence n'est pas toujours frontale et prend des chemins un peu détournés, ce qui est bien vu. Le groupe n'a pas choisit de faire du bourrin non stop mais amène des passages mélodiques mais dérangeants, toujours avec cette once de malaise, avec une approche qui n'est pas sans m'évoquer justement Judas Iscariot. On y retrouve ce travail sur les tempos, les structures pouvant être alambiquées et plutôt denses (mais il y a une autre raison, j'y reviens plus loin) ainsi qu'un travail qui impose des atmosphères, avec des rythmiques pouvant devenir martiales.
Le groupe propose ainsi des titres usant de multiples facettes, qui impactent toutes l'album et lui donne son orientation très particulière. Le groupe explore ces facettes, ne les laissant pas justes errantes ici et là sur l'album. Ces facettes structurent en partie l'album mais lui apporte surtout une essence et une âme bien marquée (qui là aussi fait penser à Judas Iscariot, dans cette façon de faire). Des passages diablement soutenus (bon soyons honnêtes, bourrins) sont là pour faire comprendre que le groupe n'est pas là pour déconner. Mais il le fait de manière habile, modulant sa violence, la brutalité revêtant diverses formes elle aussi.
Comme je le disais au début, le groupe fait du black mais ce n'est pas si simple. Car il y a des éléments venant du death ou d'autres courants, offrant au groupe la possibilité de pouvoir déployer un savoir faire en matière de techniques et de mêler ainsi des éléments venant de différentes sphères, impactant ainsi les structures des titres. Il n'est pas rare d'avoir des structures vraiment alambiquées, très complexes et qui prennent appui sur une construction allant à contre point de ce que l'on s'attend. Et cela les réussit bien, puisque les bougres nous sortent des moments de bravoure, pouvant déployer un relent black thrash, plus typé death dans des riffs posé sur une rythmique très black, plutôt brutale ou encore de jouer sur la gamme entre mélodies, atmosphères (toujours avec un coté sombre, mélancolique voir délétère) et des rythmes pouvant être très lents (offrant parfois un coté doom plutôt sinistre, ce qui est le cas dans le dernier titre 'Empire') mais rattachant toujours le tout à l'essence black que le groupe véhicule. D'ailleurs, 'Black Beast' me fait faire un lien avec Garwall, certains éléments de Dépérir venant très clairement du heavy (comme l'album du même nom chez Garwall).
Dépérir offre aussi un travail sur les émotions. Si l'essentiel est plutôt dans une veine sombre ou évoquant une certaine colère ou haine, il y a aussi de la finesse ici et là, très subtil, qui vient ponctuer cette approche globalement viscérale. On retrouve cette caractéristique sur l'entièreté de l'album, mais de manière diffuse et parcimonieuse, afin de la laisser éclater complètement sur le dernier titre 'Empire', qui concentre alors cette ambiance doomisante.
Le chant est très agressif, bien typé black mais offre des variations, aussi bien dans le chant que dans les éléments du chant (des rires (malaisant). Celui-ci n'est pas seul et quelques invités viennent apporter leur contribution, dont certain que l'on attendrait pas ici (Fetus, sur ce coup, tu me bluffes!). Ce n'est pas anecdotique car ils apportent une touche de violence en plus, amplifiant ce malaise diffus.
Le son est excellent. Voilà. Agressif, très clair, avec un travail sur chaque instrument, ainsi que la batterie où chaque élément est reconnaissable. La basse est plus discrète mais quelques petits moments sur l'album la mettent en avant. Le mixe est clairement bien maitrisé, ainsi que les arrangements (qui apportent de la densité dans les détails).
Dépérir est une putain d'excellente découverte, doublé d'une grosse raclée dans les règles. C'est un black plutôt brutal qui sait s'éloigner des poncifs du genre, en s'alliant avec d'autres registres, tout en gardant son essence de base et en nous offrant une petite leçon de musique. Putain, foncez découvrir ce groupe!

© Margoth PDF

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