MARGOTH 5
PDF5
As humanity dies
Stabwound
France black death grind et Iron Blood Death And Death Corp
30 novembre 2024 à 14:34:14
Dématérialisé
2024
10 titres pour 51'22''
Une petite vidéo:
Stabwound est un groupe normand formé en 2022 à Rouen et, en même temps, un titre de Necrophagist. Ca permet comme ça de te situer un peu le genre, à savoir du raw death. Et c'est leur premier album qui se déploie ici.
Très rapidement, deux éléments vont te sauter aux oreilles comme des rats affamés la gueule tenant un scalpel se jetteraient à ta gorge: le groove évidemment, avec une lourdeur particulière et un côté sombre, impactant la musique (pour mon plus bonheur). C'est une très bonne base et cela va même plus loin dans l'album (c'est encore mieux du coup!).
Musicalement, c'est quelque part un death où la lourdeur domine, en développant une ambiance plutôt morbide, dégoulinant de noirceur, aussi bien du au rythme que par la manière dont le groupe voit le death. Le rythme qui s'impose apporte une teinte sombre, en plus de la sonorité musicale. On a un rythme lourd souvent mid-tempo (avec quelques brèves fulgurances ici et là) mais pouvant descendre parfois à un rythme extrêmement lourd et bien poisseux, ajoutant à l'atmosphère morbide de l'album. Ca suinte de noirceur, de morbidité et ça impose une approche obscure que viennent par moment percé des lueurs plus lumineuses via un solo au rythme tout aussi lourd qui draine alors une atmosphère un peu différente, glissant une variété dans la lourdeur ambiante.
Les structures sont très caractéristiques, reposant sur des éléments communs et sur d'autres un peu plus marqués d'un empreintes plus malsaines, jouant sur l'ambiance globale. On a une structuration de l'album qui suit une trame sur tous les titres, l'intérêt venant de la variation de celle-ci, de la manière de l'amener et de transitions se basant sur des ruptures ou des ralentissements en deux mesures (au grand max, faut pas déconner). Ce n'est pas quelque chose de hasardeux: cela rejoint la vision du death que le groupe a et sa manière de nous l'amener.
On a un déploiement de diverses mécaniques, allant des plans conventionnels à d'autres plus exotiques, pouvant déborder sur des altérations, des disharmonies, des contre-temps... bref beaucoup d'éléments qui amplifient l'aspect morbide sur lequel se bâti en partie la musique. Et la lourdeur n'est pas ce qui épargne les cervicales, certains passages donnant envie de secouer la tête en rythme (lent, ça maitrise et limite les risques de décrochage du crâne).
Les titres se branlent complètement des durées. C'est assez aléatoire, tournant des deux minutes à plus de huit, avec le dénominateur commun de la lourdeur et du morbide. C'est autant de moyen de jouer sur la trame et le fond, tout en s'offrant le tour de force de la cohérence et de la diversité, malgré ce rythme lourd. Car le travail sur les guitares et la basse amène des niveaux de riffs différents, créant des strates que de nombreuses écoutes vont permettre de pouvoir découvrir, révélant une richesse musicale qui ne s'expose pas facilement aux premières écoutes (celles-ci laissant la lourdeur morbide exploser). Et les rares accélérations que le groupe nous balance sans prévenir (font mal) amène de la stratification et une forme de tissage structurel pouvant volontairement repousser les limites. Et jouant sur l'atmosphère, en ajoutant une approche mélodique superbe qui se mêle à l'ambiance morbide et cette lourdeur qui se rapproche d'une signature musicale.
Le chant est un chant death, entre guttural et voie éraillée, apportant une touche inattendue qui joue beaucoup sur l'ambiance, un peu à la Autopsy. Le chant est assez linéaire, à part quelques passages où il s'autorise de brèves excentricités qui collent complètement à l'ensemble. Le flux du chant peut aussi varié de la lenteur à des fulgurances, au besoin des incursions musicales.
Le son est excellent mais pas comme on en a l'habitude. Le côté raw rend le son plus simple, efficace, avec un espace de liberté pour les tonalités de guitares, avec le son des doigts glissant sur les cordes (si tu vois ce que je veux dire). La basse est bien présente, avec un son bien gras, collant avec le son grumeleux de la guitare principale et celui plus aéré de la seconde (pour les solos ou les passages plus aérés). La batterie offre un son assez chaleureux, du fait des sonorités, avec un contraste sur les cymbales. Le chant est à l'équilibre, bien audible et aucun des éléments ne vient prendre le pas sur les autres. Pas de fioritures, juste l'essentiel bien géré.
Stabwound offre un premier album excellent que tout fan de death se doit d'écouter et d'avoir (vu l'époque: stream, mp3 ou si tu es un mordu, physique)! A ne pas rater car c'est 2024 avec un esprit d'époque!