top of page

Apoptose

Science of disorder

Black Market Music

29 septembre 2022 à 15:02:11

Dématérialisé

2022

11 titres. Durée: 49'20''

Une petite vidéo:

Science of Disorder est un groupe suisse formé en 2011 (des cendres de Souless) et qui nous propose ici son 3è album. Et où cela devient un peu difficile, c'est de donner une étiquette au groupe: quelque part entre metal old school et death avec une approche plutôt scandinave, nous emmenant plus vers les racines du genre scandinave.
Une petite définition s'impose de ce qu'est l'apoptose: Processus physiologique de mort cellulaire programmée. Mettez ça de coté dans votre tête.

Bon, je ne connaissais pas le groupe (plus Souless plutôt) et du coup, c'est une découverte. Et il est clair que l'on navigue entre un metal old school scandinave et un death du même coin mais avec quelque chose en plus, au-delà de l'approche mélodique qui ressort plus parfois.
Le groupe pose deux axes principaux, servant de base à l'entité musicale qu'il engendre. Le premier est clairement l'aspect death, lourd et dissonant aussi rejoint par le metal old school (notamment par le chant et une variation du rythme, en même temps que les riffs se modulent). Et c'est cette caractéristique du groupe qui est forte, prenant dès le début de l'album et ne nous lâchant pas. Car sur cette double base, le groupe va créer son entité et lui ajouter des oripeaux qui viennent peut-être des jeunes années de Souless, un coté gothic apparaissant (en partie dans le chant et dans certaines structures et riffs), ouvrant un passage temporel vers quelque chose qui aurait été là début des années 90. Et si là vous trouvez que c'est assez compliqué, vous vous fourrez le doigt dans l'œil jusqu'à l'omoplate (et gagnez mon respect au passage). Parce que sur ça, le groupe complexifie diablement le tout, amenant les codes des styles cités à se confronter, se mêler et offrir aussi bien des oppositions qui s'avère complémentaires que des breaks qui vont sortir de passages dont on ne s'attend pas qu'un break arrive. Et ainsi d'amener une structure des titres qui va être polymorphe en s'appuyant parfois sur des codes différents pour créer une dimension plus complexe que la simple donnée musicale ('Hear us' est justement un bon exemple, avec riff sonnant death, dissonant, qui se pose sur une rythmique syncopé (plus heavy thrash) et un chant ayant une teinte variant metal à quelque chose de plus gothic et sur lequel le groupe va apporter de la modulation, enrichissant le titre et lui donnant une ambiance particulière).
Les rythmiques sont très variées, s'appuyant aussi bien sur le metal old school que le death mais avec la gamme des possibilités qui s'offrent, allant plus loin que les simples breaks et changements. Il y a des choix de lourdeurs, de pesanteurs qui vont contraster avec des fulgurances, des accélérations voir même quelques envolées (très rares) plus légères. On sent qu'il y a quelque chose derrière tout ça, ce n'est pas un hasard ou anecdotique.
Ainsi le groupe va nous emmener aux origines des styles, sans que l'on y soit contraint, le faisant tout naturellement, en se basant à la fois sur un groove omniprésent mais aussi via des rythmiques parfois foutrement alambiqués, s'appuyant sur un riff pachydermique ou plus rouleau compresseur, créant des sortes de paternes qui sont des extensions des rythmiques des titres (oui, dis comme ça, ça peut paraître un peu flou mais c'est très clair à l'écoute). Cette volonté de prendre ce chemin n'est pas accidentel. Il y a clairement une volonté derrière/ Et à ça, d'apporter une dimension mélodique qui est résolument différente de ce que l'on a l'habitude. Celle-ci s'appuyant sur un coté sombre, reflet des relents gothiques présents ici et là mais aussi d'une aura globale plus sombre, quelque part entre malsain et mélancolique, comme une sorte de regrets mortifères. Et derrière, il y a quelque chose de plus viscéral en terme de déclin, que la musique brosse de façon plus subtile (même si il y a de nombreux passages plus proches d'un direct en pleine face, le tout avec ses breaks inattendus).
Et c'est une très étrange ambiance qui se révèle finalement (et il y a des indices), appuyant un sujet global qui sert d'approches aux titres. Que ce soit les riffs, les constructions... et le seul titre en français 'Des rêves noirs' (aux paroles qui sont sur les mêmes champs lexicaux ou rattachées à la même thématique), avec son ambiance presque délétère, qui apporte là encore des indices. Notamment le précipité death bien bourrin 'grind me' (avec Julien Truchant de Benighted), un titre d'anthologie, très clairement car à la fois pur death brutal mais avec ce coté old school. On est pris dès le début, sans que l'on ne veule lâcher l'affaire. C'est même frustrant voir crève-cœur de devoir arrêter l'écoute (parce que tu n'as pas d'autres choix), l'(immersion étant extrêmement forte. Tout ces petits détails nous ramène alors invariablement à un élément clé: c'est là que tu ressors la définition d'apoptose, mise dans ta tête de coté au début. Et là, tu comprends alors tout ce qu'il y a derrière l'album, du choix de la musique, des ambiances, des tonalités sombres fait lien avec cette définition et d'un parallèle plus symbolique, ouvrant une lecture à un second niveau, avec une approche plus philosophique. Et c'est là que tu prends la claque dans la gueule, du moins la sensation, le tout étant lié.
Le chant est intéressant car reposant lui-aussi sur les codes des styles mais aussi avec cette approche particulière un peu gothique, tenant du timbre de voix unique mais aussi de évolution dans les titres et de l'aspect émotionnel véhiculé (qui plus est plus marqué avec les chœurs apparaissant parfois). Le gars est aussi à l'aise ne anglais qu'en français (et apportant un coté déclamatif intéressant du coup avec 'Des rêves noirs').
Le son est excellent. Le groupe assume un son un peu gras et dissonant, collant complètement à ce qu'il offre, nous immergeant dans son univers. Les instruments sont très audibles, ainsi que la basse (qui apporte vraiment un plus). Le groupe laisse aussi les détails et divers arrangements au même niveau, donnant ainsi corps à l'entité qu'il crée. Rien n'est laissé au hasard, tout se rapportant finalement à l'apoptose. Qui plus est, le groupe joue aussi avec les codes sonores des styles, tout en gardant la cohérence identitaire de la musique.
Science of disorder est un groupe à découvrir absolument, avec une approche différente mais qui a clairement une identité forte et très accrocheuse, qui plus est avec un album dense, qui ne laisse pas le moindre ennui poindre. Excellent!

© Margoth PDF

  • Facebook Social Icon
bottom of page