

MARGOTH 5
PDF5
Anti spirit
Faruln
Battlesk'rs
23 février 2023 à 15:30:43
CD digipack
2022
8 titres. Durée: 39'27''
Une petite vidéo:
Faruln est un one man band suèdois de black formé en 2014 ayant à son actif deux démos, un Ep et ce premier album.
Bon, comme je l'ai dit 21 mots plus haut, il s'agit de black tout ce qu'il y a de plus habituel dans le genre, notamment si on louche vers le Suède. Et bien évidemment, on retrouve les éléments habituels du genre, pas besoin de chercher plus loin de ce côté. Mais là où c'est plus intéressant, c'est plus dans la façon que sont construits les titres.
BTSM prend en effet un malin plaisir à triturer les approches et à mêler des phases que l'on ne verrait pas trop ensemble habituellement. Tu ne comprends pas? Je m'explique!
On remarque d'emblée le côté atmosphérique qui habille l'arrière plan des titres, posant quelque chose qui appelle à une certaine sérénité, plaçant des passages prenant le temps de se développer, tout en, jouant sur une certaine lourdeur appuyant la mélodie. Et c'est là qu'il introduit des riffs contrastant en terme de vitesse et de brutalité, créant un système de strates communicantes, qui vont interagir entre elles. Cela engendre un black qui offre simultanément deux facettes et qui joue avec ses dernières.
Le côté mélodique est très puissant, avec une vraie recherche dans des teintes émotionnelles, qui vont certes plus regarder dans quelque chose de sombre, mais sans se départir d'un esthétisme et d'une grande qualité dans les paysages créés par les mélodies. Il sait aussi glisser vers des aspects qui vont plus évoquer une approche pagan parfois. Les riffs peuvent être fort différents, brefs ou alors plus appuyés, jouant aussi sur le jeu du style, avec une répétition des notes ou en plaçant des moments plus éthérés. Il y a vraiment quelque chose qui induit une certaine lourdeur mais qui est très mélodique, créant vraiment quelque chose de particulier mais aussi d'efficace. Et avec une notion de mélancolie qui domine.
Les riffs amenant du contraste sont associés généralement à une rythmique typée qui appuie les deux aspects dominant de ceux-ci: la rapidité (mais sans être nécessairement dans une recherche de vélocité, il y a beaucoup de retenue parfois, j'y reviendrais plus loin) et une forme de brutalité protéiforme, offrant des possibilités dont vont profiter les titres. Et c'est sur ce terreau que BTSM va amener des constructions rythmiques qui vont amener des idées auxquelles on ne s'attend pas. Car il va jouer avec ces éléments dans les titres, qui peuvent déployer des durées lui laissant le temps de développer ses idées.
C'est sur cette base que sont introduites les rythmiques, offrant une grande variété, allant de lourdeur diffuse (ou plus marquée) à des fulgurances black qui explosent soudainement. Mais rien n'est fait au hasard ou de façon abrupte. Si des fulgurances peuvent ouvrir un titre, les rythmiques vont glisser vers des formes nettement plus modulées, travaillant de concert avec l'ambiance globale des titres mais en offrant aussi des pointes de contrastes, qui se font notamment par des accélérations sur les caisses claires ou la grosse caisse, créant un effet bœuf terrible (jouant sur les tonalités et les contrastes à la fois de rythme et de construction, comme sur 'Night of Woe'). On se retrouve ainsi avec des moments complètement fous où un côté rock'n'roll peut apparaitre (par exemple), sans jamais trahir le matériel de base.
BTSM déploie là aussi un véritable savoir faire, créant des structures rythmiques pouvant être alambiquées, sans pour autant se perdre dans des méandres s'éloignant du black. Il apporte un côté très appuyé au niveau des rythmiques, marquant certains éléments, ce qui ajoute encore au contraste. Mais il y a aussi ce travail sur les strates, qui va apporter une hiérarchisation, qui induit un élément important.
Plus haut je parlais de la vélocité des rythmiques qui n'était pas le but recherché. En effet, malgré les fulgurances qui peuvent apparaître, la retenue est un des éléments centraux du black que nous propose Faruln. Je trouve ça très malin, car en plus d'amener des variations et de la densité, il y a une notion plus diffuse et plus profonde de nous emmener au cœur des titres, là où se rencontrent les différents aspects qui vont nous entourer d'un univers particulier. Et avec les rythmiques, il y a la basse qui se fait remarquer mais pas nécessairement comme on l'attendrait. Son utilisation va forcément de paire avec la rythmique mais va aussi avoir un usage qui se rapproche plus d'un complément aux mélodies dans certains passages où le côté éthéré ressort plus (et parfois avec cette lourdeur mélancolique). La basse frôle même parfois une personnification d'une entité, ajoutant à l'immersion et à l'idée des strates.
Et à cela, il y a des ajouts de détails très pertinents, passant par des altérations et autres dissonances, jouant aussi sur la vitesse où celles-ci interviennent. Rien n'est dû au hasard, bien au contraire. BTSM fait montre d'une rigueur que l'on retrouve dans tous les aspects, se traduisant par une musique puissante, chargée d'émotions et très carrée. Ces détails participent à l'immersion dans l'univers de l'album et nous emmène au fond de celui-ci, nous dévoilant de multiples facettes.
Le chant est très caractéristique, mais avec un timbre un peu rauque, à la limite de la voix parfois écorchée, se rapprochant un peu de celle de Judas Iscariot. La voix est directement attractive, offrant certes peu de variations mais jouant sur un côté trainant parfois, un peu malsain. Très intéressant comme chant.
Le son est juste énorme. Tous les instruments sont présents, audibles et à l'équilibre. Le chant ne se perd pas au milieu et va parfois, dans des passages plus éthérés, offrir une strate complémentaire à la musique. La basse est très présente, du fait de son rôle particulier (et ça, c'est cool, vous connaissez mon attrait pour la basse maintenant).
Faruln livre un premier album de black qui semble conventionnel comme ça mais qui s'en éloigne avec les structures, le travail des strates ou encore l'approche qui s'en dégage parfois. Un excellent album à découvrir, propice à de bons moments d'écoutes!