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Andromeda

March of Scylla

Kolonosphère , Season of Mist

14 juin 2025 à 08:56:19

Dématérialisé

2025

10 titres pour 50 minutes

Une petite vidéo:

March of Scylla est un groupe formé en 2020 à Amiens, naviguant dans le dark post metal. Fort de deux premiers Ep 'Archives' (2020) et 'Dark Myth' (2023) . Ils sont de retour avec cet album, qui me sert de vecteur de découverte.

L'album, à travers les titres va tisser une trame entre la mythologie et l'univers, ainsi que ce qui gravite autour (notre rapport à la science, à l'univers...). Au moins, on a posé l'idée générale de l'album. Ce qui est déjà ça.

Musicalement, on prend, après l'intro ciselé de 'Ulysse's lies', un bon uppercut massif, se basant sur une lourdeur omniprésente, amenant une tonalité résolument sombre mais très attractive avec la base musicale qui est proche du post metal (car oui, ce n'est pas aussi simple que cela...).
En étant plus précis, le post metal oscille avec des éléments de metalcore plutôt virulents, qui offrent une structuration bien marquée, ainsi qu'une densité apportant de la profondeur et une accroche plus forte. Le metalcore se concentre sur des structures spécifiques, sous forme de nuances, bien présentes mais avec une sorte de retenue parfois, servant à jouer sur les codes des deux styles évoqués. Ca crée une base à la fois simple, efficace mais qui laisse la place à d'autres choses. Dès le premier titre, le groupe m'a embarqué dans le voyage (pas de mystère, cet album rejoindra ma collection), par la force de l'évocation que la musique offre, au-delà de simplement les textes.

Car la musique se compose de multiples aspects, avec un lien sur l'aspect sombre, même dans les phases plus légères (qui apporte une aération musicale intéressante). Ainsi, rapidement, on va remarquer des éléments musicaux qui se rapprochent du dark metal (à travers des structures, des riffs ou par un jeu de tonalités), amplifiant l'atmosphère sombre de l'album (mais qui est aussi un moyen de faire le lien avec l'obscurité de l'univers). Ca texture aussi la musique, qui est déjà dense en elle-même. Mais une densité digestible, cohérente et bien menée. Et ce côté dark metal (marqué ou plus diffus) n'est que l'arbre qui cache la forêt.
Car celui-ci est accompagné d'éléments qui ne sont ni plus ni moins que du death. Je parle bien de structures, de passages qui s'assument. On n'est pas dans une évocation quelconque mais bien dans l'assimilation, qui ajoute là aussi quelque chose de plus sombre mais aussi de la lourdeur car le death qu'amène March of Scylla n'hésite pas à naviguer dans des fanges plus sombres, comme un doom death poisseux (qui s'entend ici et là, avec la subtilité d'être entre frontal et évoqué). Cela offre ainsi des passages où la rencontre des différents éléments constituent un mur massif, fait pour te calmer. Mais aussi qui peut te faire réfléchir à la manière dont le groupe visualise sa musique et l'associe à l'idée du concept qui accompagne l'album.

Déjà, ces choses en plus sont bien. Mais le groupe nous réserve encore trois surprises (bon, une est évidente dès le début, j'y viens après) et pour l'une des deux autres, c'est quelque chose de nettement plus vicieux, qui apporte beaucoup dans l'aspect sombre, qui est insidieusement distillé à travers la musique et qui s'offre un moment de bravoure sur le titre 'BlaASt' et que l'on prend en pleine gueule sans prévenir: du black metal. Voilà. Le groupe, comme ça, l'air de rien, te balance ce qu'il y a de plus sombre soudainement, offrant un titre modulaire (le black allant fricoter avec le reste, avec la subtilité de se mettre aussi au besoin en arrière plan). Et c'est là que l'intensité de la musique du groupe explose à la compréhension (bien que déjà sensible depuis le début) mais aussi l'approche immense que le groupe nous offre, faisant un lien avec l'immensité du cosmos (ou c'est moi qui m'égare seul).
La seconde est le jeu des sonorités, des textures, des moments suspendus où l'évocation du cosmos est là, bien palpable ou diffuse à travers les structures des morceaux, ajoutant vraiment une dimension de voyage. Le groupe offre d'ailleurs sur 'To Cassiopeia' une transition sur l'album, accentuant l'aspect cosmos (c'est un moment de répit sublime), prélude à l'accélération qui va suivre (et dont 'BlaAst' découle en logique plus loin). Mais cette évocation de l'espace passe aussi, tu l'as bien compris, par des titres (ceux mentionnés ou encore 'Dark matter', 'Cosmogony'). Mais March of Scylla y intègre aussi sa base mythologique, à travers les titres ou des éléments musicaux plutôt subtiles et qui offre un lien avec l'espace (les noms en cosmologie s'appuyant sur les mythologies, pour info).
Et la dernière, qui est évidente et qui pourtant est tellement logique, est l'aspect mélodique que développe le groupe. C'est quelque chose de très puissant, d'efficace et surtout, qui a un rôle prépondérant. Car si l'aspect mélodique peut venir moduler ou adoucir certains passages, il est surtout un biais de contraste avec le côté sombre et brut qui existe. D'autant quand le groupe mêle dans les moments de furies ce côté mélodique prenant alors un autre aspect, qui nous renvoie, quelque part à la variabilité du cosmos.

Tout ça fait que le groupe nous donne des titres riches, très denses, déployant un système de rythmiques et de structures qui y sont liées. On est vraiment dans une réflexion profonde, qui regarde aussi bien vers l'effet voulu, le ressenti mais aussi à travers une vision aboutie qui va mêler spiritualité et une part de philosophie (en partie liée à la mythologie). Les rythmiques sont variées, allant de celles qui te donne envie de taper du pied, pour le rythme à celles qui vont te niquer les cervicales ou refaire ta déco des murs en te jetant contre. Il y a une sorte de polarité qui existe, jouant avec le flou et le vague mais qui sait aussi, le moment venir, savoir être très précise et marquée.
Les titres offrent différents visages, plus ou moins modulés et surtout, pouvant offrir une brutalité sombre et une intensité où les tempos se focalisent soit sur un rythme débridé ou bien vont installer une lourdeur particulière, amplifiant le côté sombre. Ca découle nettement du death et le groupe y ajoute les codes du post metal et du metalcore, offrant quelques moments vraiment complexes mais qui sont cohérents avec le tout et surtout, dégage un côté jouissif à l'écoute.
Le groupe va ainsi explorer différentes voies, prendre des chemins qui vont nous mener aux confins de leur univers et de l'univers, nous plongeant totalement dans ce qui est leur monde, leur vision, créant un lien musical et une sorte d'affectif à la musique.
Je ne parle pas des atmosphères qui suintent de l'album car c'est d'une logique absolue, donnant un fil conducteur servant de lien entre la musique, le concept et sa retranscription. Elles sont là, entités fières et efficaces.
Cela apporte une structuration globale dans l'album, marquant l'idée du voyage, avec une sorte de break dans la structure avec 'To Cassiopeia' qui annonce que cette fois, on y va directement, sans retour (d'où surement le titre 'Dark mater' qui suit. Lire les paroles est une nécessité absolue). Et surtout, on a envie de l'écouter fort. Ce n'est pas un album qui va se laisser écouter en sourdine. Ca, c'est impossible.

Le chant n'est pas en reste avec la musique. Lui aussi est dense, complexe. Car il repose sur des éléments claires et saturés. Les parties claires sont là pour apporter un répit contradictoire, une forme de sublime (associée à des passages en retenues) et permettre de placer une structuration supplémentaire par le chant dans la trame de l'album. Les chants saturés sont liés au côté post metal et metalcore, auxquels s'ajoute un chant death qui est présent plusieurs fois, ouvrant au chanteur une liberté de chant bienvenue, car permettant de nous faire plonger dans l'univers du groupe. Le tour de force étant d'avoir au sein du chant les oscillations entre les genres, créant quelque chose de fort.
Le son est excellent. C'est puissant, très propre et la tonalité marque le côté sombre, très net dans les parties qui défouraillent (le côté death n'y est pas étranger), avec un son plus gras. La basse est présente, très clairement mais avec un jeu intéressant sur les styles, étant plus marquée dans les moments plus death, associée à une batterie où les blast changent. Les guitares sont omniprésentes par logique, jouant sur les tessitures et les jeux qui s'imposent entre les styles mais aussi l'évocation du cosmos. Certains riffs portent vraiment un lien profond avec une vision de rendre le cosmos audible et identifiable. Le chant est à l'équilibre, bien audible, jouant avec la tessiture de la voix du chanteur, permettant d'offrir une modulation qui va rencontrer celle de la musique. Les arrangements apportent des éléments à l'évocation du cosmos mais aussi une sorte de voile quelque part entre rêve et réalité, apportant une dimension parfois plus onirique (qui se recoupe avec certains passages mélodiques).

March of Scylla est une très belle découverte! L'album est un album monstrueux, clairement, ancré dans un style qui va pourtant jouer avec d'autres, en ayant une cohérence absolue sur la musique et l'univers qui s'y rattache. Une tuerie absolue, qui s'écoute fort et surtout, qui s'avère indispensable.

© Margoth PDF

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