

MARGOTH 5
PDF5
Age of revelation
Deadlysins
Adipocère
8 mars 2025 à 14:50:48
CD digipack
2024
10 titres pour 38'35''
Une petite vidéo:
Deadlysins est un groupe lyonnais formé en 2000 avec dans leur besace une démo, un Ep, un split et deux albums (le tout dans le désordre). Œuvrant dans le thrash à l'ancienne, le groupe est revenu en 2024 avec cet album.
Pas de fioritures ici. Le groupe ne s'emmerde pas de décorum et y va directement, dès le premier titre qui révèle donc un thrash old school particulièrement furieux et savoureux. On a quelque chose de très direct, appuyant sur une brutalité évidente et respectant les mécaniques du genre. Rien que cette base est déjà enthousiasmante. Mais les gars sont quand même de vieux briscards et vont plus loin.
Dans leur approche et leur vision, ils injectent des éléments modernes, apportant du coup quelque chose de particulier qui ajoute à l'efficacité de l'album. Et cela amène des passages qui peuvent évoquer des groupes comme Municipal Waste mais avec un angle renvoyant en partie aux racines du genre.
On retrouve quelque chose de primitif dans le côté instinctif et immédiat des titres. Même si c'est un genre codifié, le groupe a clairement pris une voie différente, qui repousse un peu plus loin les codes et nos repères, pour amener une vision du style un peu différente mais foutrement attractive. Le groupe ne fait pas de concessions et va œuvrer en ce sens.
Les structures sont celles que l'on attend du genre. Du moins au début. Car dans l'album, il y a moult passages qui prennent un accent différent, toujours dans cette lignée thrash mais dont l'approche varie quelque peu, laissant la musique s'écartée un peu des poncifs pour offrir des moments de bravoures. Si les structures peuvent être singulières parfois, on ne peut pas passer sous silence les rythmiques et le tempo. Si ce dernier est clairement soutenu (juste quelques moments où il y a un break ou un ralentissement pour ponctuer un titre) et que l'on comprend, en à peu près 45 secondes que c'est un groupe de scène qui envoie l'industrie entière du bois, il n'en demeure pas moins que le groupe joue quelque chose qui est un peu différent. Il nous offre ainsi une variation de style, qui s'appuient sur les rythmiques que les riffs viennent habiller.
Les rythmiques sont variées du fait de la vision du groupe. Les parties batteries offrent pas mal de patterns singuliers (très souvent à un rythme soutenu renvoyant parfois à la limite du death). Et cela permet d'amener une grande variabilité dans les rythmiques apportant de l'air dans les titres plutôt énervés (et avec souvent quelque chose de très fun). Cela engendre des titres qui vont se graver dans ta cervelle, de par les rythmiques ou les riffs efficaces et redoutables, comme, au hasard 'Circle pit comedy club' ou 'Ashes to ashes' (et son refrain ravageur).
Le travail sur cet aspect est indéniable, travaillant sur l'efficacité et s'appuyant, comme je l'ai dit, sur le côté direct (attention à la dentition et aux dentiers en concert). Il y a un côté rouleau compresseur très présent, pour notre plus grand plaisir. Alors, parfois on pourrait médire que certains passages se ressemblent dans les titres. Oui, effectivement. Et alors? Le groupe entretien de manière subtile une cohérence dans l'album, offrant un certain fil rouge mais sait quand même brouiller les pistes car ses passages pouvant se ressembler fondent souvent dans une autre forme pour mieux servir à l'identité du titre.
L'album se veut intense. Et il l'est, sans le moindre doute. D'autant que les gars sont loin d'être des brêles, permettant d'offrir des passages ravageurs brutaux mais avec pourtant une mélodie qui peut s'en extraire, de celle qui fait son effet et intensifie la base du titre. On frise même des moments purement démentiels (dans le bon sens du terme). Le groupe ne laisse que peu de répit à travers les 10 titres de l'album, préférant nous submerger de ce flot de violence, non dénué d'un sentiment de fun et d'humour (de l'artwork aux textes, en passant par des riffs à la puissante évocation, renvoyant à un imaginaire collectif venant du grand écran sur certains passages. Mais aussi du partage d'un collectif musical et culturel, qui s'exhale de beaucoup de passages au sein de l'album. Et ce côté intense vient aussi d'une sorte d'urgence punk qui suinte parfois de l'album, certains passages ayant une âme plus punk.
Le chant est très caractéristique. Clairement typé thrash, agressif mais avec un timbre particulier, il apporte une identité forte. Un autre chant n'aurait pas cet impact. Il offre certes peu de variation mais ce n'est clairement pas ce que l'on attend. Il porte sur lui une part de l'identité du groupe et est parfois accompagné de chœurs.
Le son est massif et très puissant. On entend bien les instruments, ainsi que la basse, qui fait une paire percutante avec la batterie. Les guitares ont une tonalité un peu différente, apportant une atmosphère particulière au sein du son. Le chant est clairement compréhensible, sans besoin d'effort (plus encore si tu es assez doué en anglais, pas comme la brêle que je suis). Pas de fioritures, l'essentiel en direct.
Deadlysins offre un album que tous fans de thrash se doit d'écouter (et même les fans de brutalité car dans le genre, ça y va!). Un retour en grande pompe, en grande forme et qui donne envie de voir un groupe de plus sur scène. Pas d'excuse de ne aps écouter cet album!