Gurkkhas est un groupe breton qui a exercé son activité entre 1999 et 2003, offrant deux albums sous forme de déflagration brutal death grind, qui à l'époque avait mis la branlée à beaucoup de monde (et au moment de Depraved, les premiers SCD, Gronibard... une période nostalgique pour moi). Après un long break de vingt ans, le groupe s'est reformé et revient avec ce best of pour relancer la machine et te chauffer l'ambiance.

4 titres sont issus du premiers albums 'Engraved in blood flesh and souls' et les 8 autres de 'A life of suffering'. Alors, pas de mystère: ça déboite sévère et la demi-mesure n'est pas au menu, ni même les concessions. Ce best of nous offre le bonheur de la nostalgie d'une époque folle et furieuse en même temps que le groupe se rappelle à notre bon souvenir (ou t'offre une découverte sous forme de branlée).
Le groupe offre donc un brutal death grind (oui, c'est à la lisière du tout, avec cette précision à bien te défoncer les cervicales) avec des titres faits pour te jeter contre un mur, une porte, une voiture ou tout autre support à ta convenance.

Gurkkhas n'est pas là pour déconner. Pour te situer, c'est dans une lignée proche de Depraved sur certains aspects, sauf que Gurkkhas appuie plus sur les éléments brutal death, notamment en jouant avec les rythmiques (sous acides) et introduisant des variations de structures et des breaks venant donner une certaine forme de groove, raccord avec la brutalité que les titres exhibent sans honte.
Le groupe ne laisse pas de répit et bastonne à tout va. Mais avec une forme d'intelligence et, j'ose dire, perversité, avec un jeu de rythmiques redoutables, pouvant offrir des breaks et des structures beaucoup plus lentes où la lourdeur vient s'immiscer. Mais pas une lourdeur conventionnelle. Plutôt celle d'un éléphant qui se laisse tomber d'un arbre sur tes genou, quand tu es sur une chaise (je suis sur que tu à l'image) et qui introduit des mosh parts ou de quoi te foutre sur la gueule avec des potes (en toute amitié).
Ce best of joue sur la nostalgie, oui, clairement. Du moins pour ceux qui ont connu le groupe au début des années 2000.
Pour les autres, ce sera une excellente découverte de brutalité, avec un schéma rythmique ou structurel qui peut être désarçonnant dans le genre, s'appuyant sur des mécaniques vicieuses et redoutables. Les titres sélectionnés jouent sur l'intensité et la mise en avant de cette folie qui habite la musique. Mais aussi de leur vision du brutal death, jouant avec certains éléments qui sont les gimmicks du groupe, amenant parfois une restructuration du style à leur sauce.

Les titres sont autant de rouleaux compresseurs (ce qui peut être bien si tu souffres du dos) et d'éléments de destruction massive. L'efficacité est là, aucun doute et les titres sont toujours aussi efficaces, sans avoir pris une ride. Gurrkhas, c'était un condensé de folie brutal, sans vraiment de temps mort. Enfin presque. Quelques passages cultivant une vicieuse torture, mettant le temps de se mettre en place pour mieux annihiler les auditeurs ('Kukri').
C'est aussi cette rythmique portant une signature, très particulière, qui se repose sur des riffs qui n'ont de but que de t'écraser. C'est vraiment là qu'elle la force du groupe (bien que d'autres éléments rentrent en jeu, ne soyons pas restrictifs). Et putain, ça fait du bien de se reprendre une telle branlée! Surtout que le groupe a une vision des structures qui oscillent avec un aspect martial (faisant lien avec le nom du groupe et un corps militaire népalais qui ne faisait pas dans la finesse). Et cela fait que les approches musicales dans les titres ne laissent pas le temps de respirer, pouvant amener une rythmique martial lourde ou des passages fulgurants syncopés, s'éloignant parfois vers des lisières musicales plus folles encore.

Le chant est très guttural, avec un rythme soutenu et en même temps une approche trainante dans certains aspects. Il est caractéristique du groupe et rappelle sur certains aspects celui de Depraved, lié surement à la période. Il apporte parfois un côté proche du slam, avec une approche plus scandé. Un chant agressif et brutal, très nettement. Et même un peu fou.
Le son est énorme. Une vraie machine de guerre avec des riffs mis en avant, associé à la rythmique tellement carrée qu'elle en est cubique. Le son pousse les basses en avant, avec un côté gras et accrocheurs, jouant sur les tonalités et l'idée de brouiller un peu les pistes sur l'aspect auditif. Il n'empêche que le son reste très net, avec un chant audible, le groupe ayant un sens de l'équilibre sonore important.

Bon, si tu es fan de brutal death et que tu connais Gurkkhas (et que tu ignorais leur retour) ou juste fan de brutalité avec l'envie de la découverte, ce best of tombe à point nommé, en signant le retour d'un groupe culte.