

MARGOTH 5
PDF5
3
Kos
Autoproduction
10 janvier 2023 à 15:33:27
Dématérialisé
2022
3 titres. Durée: 10'06''
Une petite vidéo:
Kos est un trio formé à Figeac dans le Lot, œuvrant dans un rock progressif (tu vas comprendre pourquoi plus loin), formé autour d'un batteur jazz, d'un bassiste metal et d'un guitariste plein d'idées. Et cela donne des influences très diverses qui se rencontrent.
Le résultat est ce premier Ep, où la folie (douce) n'est pas loin. Rock progressif, c'est l'étiquette qui est donnée pour nommé ce que fait le trio. Perso, je trouve qu'ils sont plus dans une démarche à la Prungk, mêlant franchement leurs influences et générant quelque chose qui va parler à beaucoup car appelant différents groupes mais avec ce grind de folie. Les trois titres s'écoutent facilement et sont agréables. Mais aussi avec quelques trouvailles.
'Le bus' ouvre l'Ep. Très étrange début, qui ne laisse rien entrevoir de ce qui va suivre. Car le trio amène des éléments progressivement, jouant sur la rythmique et le jeu de la batterie. Sur cette base, le guitariste va amener ses riffs, offrant un contraste très abrasif où le metal est présent, s'opposant à la base du titre. Puis le chant arrive (accompagné de choeurs) et le doute n'est plus permis: ils sont fous, le titre partant dans tous les sens, titillant différents genres. Mais rien de chaotique et décousu, aussi étonnant que ce soit. Il y a un contraste entre la finesse de certaines rythmiques et l'énergie brute qui explose soudainement, avec un côté RATM qui surgit soudainement. L'absurde des paroles vient en contrepoint de la musique, très contrôlée malgré cette impression de folie.
'La quarantaine' commence avec un plan très jazz, sur lequel les riffs arrivent avec une résonance plus grasse. C'est un peu étrange, un côté plus planant et des instruments de la batterie peu conventionnels. On ne sait pas trop où va le titre, glissant sur un tapis qui roule seul, presque en roue libre. Et c'est dans le moment le plus pété qu'il y a une transition passant par un bref assaut punk pour glisser vers du hip hop funky teinté de jazz, très déstabilisant pour moi (jusque dans le chant). Le morceau reste sur cette lignée jazz hip hop avant de prendre un final qui va sur quelque chose de plus puissant, estompant les repères posés dans le titre. Presque un instrumental, qui repose sur la base citée et un jeu de rythmique.
'Eté 96' cloture cet ovni musical. Après une intro, une rythmique s'installe avec un thème répétitif. Mais aussi une rapide montée en puissance. Un rock assumé en jaillit, lorgnant vers ce qu'il se faisait dans les années 90, avec un riff entêtant. Puis ça part en couille, partant dans quelque chose de plus hispanique, évoquant la macarena. C'est soudainement péter, explosant les limites et mixant des choses improbables. Là où c'est intéressant, c'est l'aspect rythmique qui offre différentes facettes. C'est un peu flou de savoir où veut aller le groupe (à moins qu'il n'aille en fait nulle part, ce qui serait tout aussi logique...). Le chant est assez pété (dans le bon sens) jouant sur les tonalités et les contrastes.
Ce premier Ep est très étrange, avec 3 titres n'allant pas vraiment dans le même sens mais partageant au moins deux points commun: l'absolution des styles pour créer leur univers et un grain de folie douce, qui est le moteur de cette explosion improbable. Improbable car les titres fonctionnent et on trouve des liens entre eux. La première écoute n'est qu'un début, car c'est assez dense, sachant que ce n'est que le début du trio. Il y a quelque chose derrière, sans le moindre doute, un univers atypique qui pique ma curiosité, dans un style qui envoie chier les autres styles.
Le chant est très étrange, s'appuyant sur une ou 3 voix, des styles différents, jouant avec les tonalités de voix et les codes des styles. C'est très proche de l'esprit des Prungk pour ça mais en gardant une identité propre (elle apparait dans les 3 titres).
Le son est très propre, opposant une guitare plus agressive et grasse à la batterie (au nombreux instruments) et la basse, très percutante, à la RATM. Il y a un travail sur le son qui joue avec les styles, essayant de créer une unité sonore qui n'est pas encore parfaite mais qui est résolument sur le bon chemin.
Amis curieux, allez découvrir ce trio, véritable ovni, très rafraichissant au passage!