Tormentor Bestial a 13 ans. Et le groupe brésilien, pour fêter ça, a décidé de sortir un album reprenant leur meilleurs titres réinterprétés, avec une meilleur production. Et de nous offrir une sorte de voyage dans le temps (leur histoire) plutôt sympathique (voilà, j'ai vendu la mèche...).

Le groupe aime le heavy et le thrash, cela saute aux oreilles si vous le découvrez (sinon, vous êtes déjà au courant). Et du coup, les titres vont travailler cet aspect, le mélange des deux mais en offrant une large gamme de possibles. Et cela nous offre des titres donnant dans différentes facettes du registre heavy thrash, à la brésilienne bien-sûr.
Et l'écoute est diablement agréable, aussi bien de par la variété que la diversité des titres et des formes exploitées par le groupe. On navigue en même temps dans le temps et la musique du groupe, découvrant (ou redécouvrant, c'est selon) des titres dont certains sont bien différents des autres (j'y reviens plus loin).
Le curseur du heavy thrash évolue pas mal sur les titres mais il est indéniable que chaque titre envoie le steak (dans sa catégorie, voir la parenthèse précédente).
Le travail des rythmiques est très net, offrant diverses facettes du groupe, alternant diverses formes. On peut retrouver des rythmiques plutôt heavy / rock'n'roll allant fricoter avec d'autres revêtant un coté plus martial, offrant parfois un petit relent des vieux Sepultura mais avec le style propre au groupe. Mais les fans de Judas Priest trouveront surement des références à leur groupe fétiche, se dissimulant aussi bien dans la voix que dans la musique. Et cela offre la possibilité au groupe de naviguer comme il le souhaite, tout en gardant son identité qui est assez caractéristique. Et aussi d'offrir des évocations d'autres groupes, comme Overkill avec le titre 'Reborn from the ashes', que le groupe cité n'aurait pas renié, surtout dans le riff. Voir même Megadeth, quand le chant et la musique prennent cette caractéristique propre au groupe.
Les titres ne sont pas linéaires, loin de là. Ils recèlent tous différents recoins, rendant hommage aux styles fétiches des brésiliens, jouant avec les codes des styles et donnant parfois quelques petites surprises qui rendent l'album encore plus intéressant. La diversité va ainsi mettre à rude épreuve parfois vos cervicales ou vous vous sentirez d'une envie de taper du pied, pris dans un titre qui vous envahit la tête.
Le groupe offre aussi cet aspect mélodie / brutalité qui lui permet aussi de jouer sur la forme et d'alterner des passages venant ponctuer parfois un emballement qui renvoie parfois à une vision plus primitive du thrash, venant alors y greffer quelque chose de vraiment plus heavy metal, offrant un contraste qui se révèle aussi complémentaire dans la construction de leur titre, pouvant devenir assez brutaux parfois, avec des breaks et des mosh parts, comme dans le titre, justement nommé 'Mosh'. Et avec ce titre on arrive à ces titres bien différents.
'Mosh' est clairement un titre où le thrash revêt cet aspect mosh, qui détonne au milieu du reste. Il montre que le groupe peut évoluer dans le spectre du style, de façon simple et efficace. Et ce titre ouvre la voie à la façon que le groupe amène des titres, les faisant évoluer à la lisière des styles, comme 'Kill or die', à la connotation thrash death plus qu'évidente, à l'efficacité redoutable, se basant sur un rythme soutenu, avec quelques variations et des riffs venant des deux sphères musicales. Mais si vous croyez qu c'est le titre qui va le plus loin dans l'extrême, vous vous trompez. Car 'Highway to death' tient tout à la fois du brûlot death, en même temps qu'un exemple de la maitrise de deux registres différents, le groupe y injectant un heavy qui contraste et renforce les phases death (à la façon des vieux Sepultura), sans concession. Et pourtant, le titre le plus extrême, par rapport aux autres est l'improbable 'When my heroes goes away' qui me fait penser au meilleur de Guns N' Roses, car le groupe nous offre une ballade, ni plus ni moins, qui, au-delà de trancher avec le reste de l'album (et qui le cloture de façon sympathique) prouve que le groupe maitrise complètement à la fois sa maitrise des instruments mais aussi de la musique.
Le chant est aussi très varié, puisqu'entre la ballade et le brûlot heavy death, le spectre est large. Même si le chant est relativement agressif, il n'en a pas moins un niveau assez important et le fait de pouvoir évoluer dans les différents aspects présent sur l'album force le respect. Et le timbre de voix n'est pas étranger au coté attractif du groupe.
Le son est excellent. A la fois puissant et propre, celui-ci puise dans les deux styles mais avec une identité un peu sale et agressive, seyant parfaitement au groupe et à sa vision, tout en faisant le lien avec le passé et les 13 années passées avec maintenant.
Je ne peux que conseiller de foncer écouter cet album, petit cadeau aux fans et qui recèle milles facettes, tout en étant un putain de bon album.