

MARGOTH 5
PDF5
700 and 19 ways of decay
Anachronistic
Autoproduction
17 juillet 2022 à 09:14:55
Dématérialisé
2022
8 titres. Durée: 31'26''
Une petite vidéo:
Anachronistic est un duo américano ukrainien (à moins que ce soit sud coréen / polonais...) qui livre son premier album. Jusque là, ça va, c'est facile. Parce qu'après, ça devient plus compliqué, voir fou. Alors, partons à la découverte de ce projet.
L'album est un énorme easter egg. Le titre fait référence d'abord à 700 - 19 qui est le numéro d'un document officiel coréen pour qu'un entrepreneur américain puisse y travailler. Tout est à la base une vaste blague, notamment concernant le personnage du Major Skinnis (celui qui sort du moniteur de l'artwork) qui est la personnalisation d'un personnage de Matt (chant) quand il travaille et fait des blagues téléphoniques à ses collègues, mis en musique par l'encouragement de sa femme a carrément faire un groupe qui matérialise la blague. Le bureau de la cover est aussi la réplique exacte du bureau de Matt (en plus dégueulasse évidemment). Les paroles des titres ne sont bourrés d'humour et font des liens avec la vie de tous les jours des deux gars derrière le projet, même si ils peuvent toucher des sujets sérieux, mais avec un second degrés assumé, ainsi que de l'auto-dérision.
Musicalement, on est dans un projet qui n'est pas là pour déconner ou faire une blague. Loin de là. Le duo propose un black hardcore furieux. Et le choix s'est porté sur les aspects les plus brutaux et viscéraux des deux genres, offrant ainsi un énorme mur dans la gueule dès l'intro passée (et qui ne laisse pas présager de la déferlante). Dés le début, c'est très intense, mettant le potard de la brutalité sur maximum. Et qui n'en évoluera pas. C'est extrêmement massif, avec des structures qui se ressemblent pas mal, ce qui peut amener peut-être un sentiment d'une certaine linéarité (pour les plus chipoteurs). Mais le duo offre quand même des passages plus aléatoires qui amènent des breaks à se décrocher la tête, donnant une lourdeur malsaine bienvenue qui ajoute une strate à l'épaisseur de la musique.
Les deux styles se confrontent et se mêle mais là encore le duo a eut l'idée de laisser parfois l'un des deux prendre brièvement la dominance sur l'autre, engendrant des ambiances particulières qui parfois apparaissent. Alors ne vous attendez pas à des ambiances tout en finesse. Ici, c'est du brut, à l'épaisseur d'un parpaings, collant parfaitement à l'idée que ce font les gars de l'approche de leur musique. Le black qui s'exhale est plus dans une veine brutale, offrant peu de concession. Les riffs peuvent revêtir des gimmicks du genre, venant se mêler à une rythmique plus hardcore ou bien être complètement black un instant. Il dégage un coté assez sombre et est pourtant presque attachant, du fait qu'il s'accoquine avec le hardcore. Le coté hardcore puise sur un hardcore brutal là aussi mais aussi va puiser parfois dans le beatdown, offrant alors des moments où l'hybridation des deux genres frôle parfois le génie, à minima une bonne grosse mandale dans la gueule. Mais c'est aussi le hardcore qui amène des structures, parfois chaotiques, ménageant le malaise qui peut parfois surnager.
J'évoquais une potentielle linéarité mais celle-ci ne dessert pas le duo. On s'en aperçoit vite quand l'album reprend du début (avec son intro d'orage et son riff très hardcore beatdown): on ne l'a pass vu passer, la densité amenant beaucoup d'éléments qui ne laissent pas le temps à l'esprit de se poser. Il ne faut pas sous estimer le duo qui s'avère bien malin. Car il nous prend souvent au piège, que ce soit à travers la musique ou le flot du chant qui peut-être conséquent.
Le chant, on y vient. Bien que la dominante hardcore y soit (et plus vers un chant agressif), Matt y intègre parfois un coté black qui vient densifier le chant et lui donner une autre teinte. Le chant est aussi accompagné de chœurs, référence sans problème aux hardcore mais prenant aussi une teinet entre les deux registres.
Le son est massif, très puissant car prenant là aussi les gimmicks des deux styles, créant une entité intense, avec un coté malsain à travers un léger grain dans le son, tirant vers un coté raw prenant origine dans le black. C'est bien vu là aussi, rejoignant complètement l'esprit musicale que le duo crée.
Anachronistic est une excellente découverte, offrant un premier album intense, bourré d'humour (la lecture des paroles est fortement conseillée) qui va clairement plaire aux amateurs de bourrins, loin d'être basique.