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ПРОРОК ИЛИЯ (Prophet Elijah)

Patriarkh

Napalm Records

16 janvier 2025 à 16:02:27

Dématérialisé

2025

8 titres pour 47'27''

Une petite vidéo:

Patriarkh est le nouveau nom du groupe polonais Batushka, de retour avec une nouvelle identité et un black metal mélodique à travers un concept album . Plus exactement une sorte de black atmosphérique avec un concept sur le théâtre et le pastoralisme. L'écoute est faite en streaming.

Ne connaissant Batuskha que de nom plus ou moins (j'ai entendu quelques titres, sans plus), je ne serai pas foutu de te dire si Patriarkh est pareil ou non. En tous les cas ici, il y a une grosse approche se reposant sur des atmosphères utilisant des codes du théâtre, sans le moindre doute et des références au pastoralisme. On parle de pastoralisme au sens liturgique, la musique de Patriarkh faisant appel à des éléments évoquant ouvertement l'orthodoxie - à travers le visuel, des passages musicaux ou encore des éléments de chants. L'essentiel repose sur les atmosphères profonde et reposante (jouant très probablement sur un contraste avec les textes mais, malheureusement, je ne pipe pas un mot et ne sait pas trop si c'est un chant en russe ou en polonais dont les titres sont écrits en cyrillique). L'album nous plonge dans la vie d'Eliasz Klimowicz, le Prophète Ilja, dans les années 1930 et 1940, dont je n'ai pas les détails.

Patriarkh offre un black posé jouant avec les contrastes entre les parties atmosphériques et théâtres, prenant le temps de peindre un tableau immersif, reposant sur la perception qu'avait Eliasz de lui, de la religion et de son point de vue, avec un déploiement de l'aspect sectaire orthodoxe, servant complètement l'approche et le concept pour un groupe de black metal. Le groupe prend le temps de poser de grandes nappes touchant à la liturgie et à l'orthodoxie, forcément avec la perversion de l'approche sectaire. Cela amène des titres pouvant être longs, étonnamment captivants mais offrant surtout un contraste net, qui joue sur plusieurs points.

Les deux principaux sont justement les fulgurances black qui succèdent à des moments clairement empreint d'une poésie folk (portés par des chœurs masculins ou une voix féminine) apportant une grande subtilité et finesse. Le black peut alors surgir au détour d'une note ou d'une transition, offrant un grand écart musicale gardant néanmoins l'idée du thème musicale récurrent sur l'album ou plus spécifique d'un titre ou d'une partition du titre. C'est là une idée intéressante qu'explore le groupe, ouvrant une structuration, à la fois narrative et stylistique.
Le black en lui-même revêt divers aspects, donnant plusieurs teintes au black, pouvant être plus atmosphérique ou plus violent, ouvrant la voie à une diversité et une construction plus complexe de leur black. Il sert aussi d'ajustement dans la trame, permettant de faire ressortir ce qu'il y a de plus sombre, que ce soit dans la dérive ou dans la mise en place du concept (toujours en appui avec l'aspect liturgique). Au-delà de l'exercice réussi d'une structuration globale, il y a aussi une sorte d'approche d'une mise ne abîme et de la folie latente qui s'exhale des titres.

L'autre contraste principal vient du traitement de l'approche musical, jouant avec l'idée de la lumière et de l'obscurité. Le groupe l'utilise, plaçant le curseur différemment au besoin, permettant là aussi d'appuyer des aspects très sombres (avec le renfort des déferlantes black violentes) ou de l'opposé aux passages plus posés.
Et le groupe n'hésite pas à poser des passages où le black devient très lourd, malsain, se mêlant avec les parties musicales plus folk ici et là voire même des aspects venant clairement de la musique classique sacrée. Cela permet d'amener quelque chose de plus majestueux, jouant sur le grandiose - grandiose dans la croyance mais aussi la folie de l'homme et des croyances. Cela génère des passages plus hybrides où le black se mélange aux autres styles, dérivant vers des sphères musicales empreintes de beauté mais aussi d'une certaine forme polymorphe de violence.
Le travail sur ce point de contraste amène une hiérarchisation qui force le groupe à moduler sa musique, gardant cette idée depuis le début d'une sorte de perversion orthodoxe sectaire, à travers des croyances venant d'un autre temps.

J'évoquais plus haut folie latente qui suinte de l'album - liée au concept. Je parle d'une folie religieuse à minima. Celui-ci se ressent, à travers des spectres musicaux mais aussi l'aspect narratif théâtrale, dans le but de nous emmener encore plus loin dans l'immersion et la plongée dans les abimes de la folie et des croyances. Cela semble même être une sorte d'autre entité et qui se retrouve dans le black, notamment par le chant et des éléments très spécifiques, distillant une sous atmosphère très singulière extrêmement accrocheuse. Celle-ci ne se dévoile que de manière progressive, jouant sur la subtilité et la notion de dérive (que l'on retrouve dans des aspects musicaux).

Le chant se partage entre un chant black à plusieurs visages, jouant sur différentes tonalités et approches, que le concept met en exergue à différents moments et des chants reposant sur des chants religieux liturgiques, sous forme de chœurs ou d'une voix féminine venant percer soudainement la noirceur de la folie. Quelques soit les chants, il y a une approche en retenue (même si parfois, la folie black devient une soudaine fulgurance salvatrice).
Le son est excellent, avec une profondeur et un soin apporté aux différents aspects et spectres musicaux exploités, à travers des codes bien spécifiques, ainsi que des instruments moins conventionnels. Coté black, on retrouve les codes du genre et les instruments, qui parfois se mêlent au reste. Le son est travaillé de manière à donner deux aspects différents, jouant sur les tonalités et les tessitures. On entend bien les instruments (on distingue la basse) et les vocaux sont placés de manières variées, pour mettre en valeur els aspects qui els unissent.

Patriarkh offre un album que je trouve extrêmement intéressant, frustré par l'écoute en ligne. Le concept est très immersif, avec un soin évident de l'écriture, ouvrant la voie à une vision à part et soignée du black. Une véritable pépite!

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